Fouzi Lekjaa était attendu de pied ferme par les patrons. Dans une salle comble, réunissant les principaux présidents des fédérations sectorielles et des chefs d'entreprise, le ministre délégué chargé du Budget n'a pas esquivé les questions ni déçu les attentes des uns et des autres. Avec l'assurance qui le caractérise, il a dressé un bilan franc de l'amnistie fiscale qui s'est achevée le 31 décembre dernier, tout en esquissant les grands chantiers à venir. Plus qu'un simple exercice de communication, cet échange a apporté une réponse directe aux enjeux stratégiques qui interpellent aujourd'hui le patronat. Parmi eux, l'intégration de l'informel dans l'économie réelle. La dernière amnistie fiscale sur le cash a été, à cet égard, une véritable réussite avec des déclarations record dépassant les 127 milliards de DH. Plus encore, elle a constitué un test grandeur nature de la confiance entre l'Etat et les contribuables. Et le résultat est sans appel : l'engouement observé dans les derniers jours de l'opération témoigne d'un potentiel encore inexploité. Si cette contribution libératoire de 5% a permis de réintégrer des fonds dans le circuit formel, elle a surtout mis en lumière l'urgence d'une approche structurelle à même d'endiguer l'économie informelle. Et même si les flux déclarés montrent qu'il reste des marges significatives à légaliser, l'amnistie ne sera pas prolongée. Lekjaa privilégie des solutions plus durables pour réduire l'usage du cash et ancrer les acteurs concernés dans la sphère formelle. En attendant, il promet «l'anonymat total des déclarants et l'absence de contrôle fiscal en 2025». De quoi permettre de consolider l'élan de confiance qui s'est manifesté lors de cette amnistie. Moulay Ahmed Belghiti / Les Inspirations ECO