Avec une infrastructure de la connaissance insuffisante, le Maroc dégringole dans le classement mondial. En dépit d'avancées notables dans certains secteurs comme l'éducation et l'innovation industrielle, le pays peine à répondre aux défis structurels majeurs avec, notamment, un chômage élevé parmi les diplômés et une exploitation limitée de la recherche scientifique. Ce classement, qui met en lumière à la fois les progrès et les lacunes, incite à repenser les priorités pour mieux affronter les enjeux de demain. Après une légère progression en 2023, le Maroc perd des places dans l'édition 2024 du Global knowledge index (GKI) ou Indice mondial de la connaissance, passant de la 92e à la 98e place parmi 141 pays évalués. Cette dégringolade soulève des interrogations quant à l'efficacité des réformes menées dans le pays ces dernières années dans le domaine de la formation. Avec un score de 42,8 points, le Royaume reste en dessous de la moyenne mondiale qui est de 47,8 points. Cet état de fait traduit des lacunes dans plusieurs secteurs essentiels, notamment l'infrastructure de la connaissance. Bien que le pays ait montré des progrès dans certains domaines, tels que l'éducation et l'innovation industrielle, ces avancées semblent insuffisantes face à des défis structurels qui freinent sa compétitivité à l'international. Points positifs L'indice met cependant en avant certains points positifs. Le Maroc occupe ainsi une place de leader dans le domaine de l'intégration des chercheurs dans l'enseignement supérieur, se classant 4e mondialement. Cette performance témoigne d'un environnement académique favorable et d'une collaboration croissante entre les institutions de recherche et les universités. Le pays a également réalisé des progrès dans le secteur du design industriel, où il se classe 6e, ce qui reflète un certain dynamisme en matière d'innovation. Il se distingue aussi en matière de dépenses publiques dans l'éducation, se classant 18e pour ce qui est de l'enseignement primaire et 6e dans l'enseignement secondaire. Cela démontre l'engagement du pays à améliorer ses infrastructures éducatives, avec une progression notable dans les taux de scolarisation dans le primaire (26e) et le secondaire (55e). Ces résultats témoignent de l'importance accordée par le gouvernement marocain à l'éducation, même si ces efforts restent insuffisants pour rattraper le retard accumulé dans d'autres domaines. Défis persistants Cependant, ces réussites sont ternies par des défis persistants. L'un des points les plus préoccupants du rapport est le taux élevé de chômage parmi les diplômés universitaires avancés, où le Maroc occupe le 138e rang mondial. Ce phénomène met en lumière l'inadéquation flagrante entre la formation académique et les besoins du marché du travail, un écart qui empêche une grande partie de la population hautement qualifiée de décrocher des opportunités professionnelles. Par ailleurs, le pays peine à exploiter de manière optimale la recherche scientifique, se classant 45e dans ce domaine, ce qui indique un faible rendement des investissements dans l'enseignement supérieur. En matière de gouvernance, le pays a réalisé une légère amélioration en gagnant quelques places, atteignant le 84e rang, devant des pays comme l'Egypte, classée au 119e rang. Cette progression peut être attribuée aux efforts entrepris pour renforcer les institutions publiques et améliorer la transparence, mais ces résultats demeurent modérés par rapport aux attentes. Le GKI 2024 ne se contente pas de dresser un bilan pour le Maroc, il met également en lumière les défis urgents auxquels il est confronté, au même titre que plusieurs autres pays arabes comme la Palestine et la Mauritanie. Il souligne la nécessité impérieuse de réformes dans des secteurs cruciaux tels que l'éducation, la technologie et l'économie, afin de rattraper un retard inquiétant qui pourrait compromettre l'avenir de ces nations dans l'économie mondiale. Sur le plan régional, les Emirats Arabes Unis dominent l'indice en occupant la 26e place mondiale avec un score de 60,9 points, suivis du Qatar (39e avec 55,5 points) et de l'Arabie Saoudite (41e avec 54,8 points). Le Liban, bien que nouveau venu dans ce classement, parvient à se hisser à la 81e place mondiale, ce qui témoigne des efforts croissants du pays pour renforcer ses capacités de recherche et d'innovation. Lancé en 2017, le GKI ou Indice mondial de la connaissance, est désormais un outil clé pour évaluer le développement des infrastructures de la connaissance, offrant une analyse approfondie des progrès réalisés et des défis à relever pour chaque nation. Concernant le Maroc, cette nouvelle chute dans le classement représente à la fois un avertissement et une opportunité de réajuster ses priorités en matière de politique publique, afin de favoriser un environnement propice à l'innovation et à la compétitivité. Maryem Ouazzani / Les Inspirations ECO