Stress hydrique, reconstruction post-séisme, transition énergétique, des défis multiples qui poussent le Maroc à repenser son action publique. Un colloque international à Fès sur «La régulation et la gouvernance de l'action publique à l'épreuve de la complexité sociale» a réuni experts et société civile pour explorer les voies d'une gouvernance plus inclusive. Comment repenser l'action publique dans un monde où les défis sociaux se multiplient et se complexifient ? C'est autour de cette question que s'est articulée la première édition du colloque international qui s'est déroulée les 20 et 21 novembre à Fès. Alors que le Maroc poursuit sa marche vers l'Etat social et fait face à des enjeux majeurs, du stress hydrique à la reconstruction post-séisme, universitaires, décideurs et acteurs de la société civile se sont réunis lors d'une grand-messe de la gouvernance publique. À l'initiative de l'Association marocaine des politiques publiques, de l'Université Euro-Méditerranéenne de Fès et de l'Institut EuroMed des Sciences juridiques et politiques, et avec le soutien de la Fondation Friedrich Naumann, ce rendez-vous inédit a bousculé les paradigmes traditionnels. Au cœur des débats, une conviction partagée que l'Etat ne peut plus agir seul face aux défis du XXIe siècle, et qu'une nouvelle forme de gouvernance, plus inclusive et participative, doit émerger. Une thématique d'actualité aux enjeux multiples Dans son intervention inaugurale, Abderrahmane Haddad, directeur de l'Institut Euromed des Sciences juridiques et politiques, a souligné la pertinence du choix thématique, relevant sa double dimension scientifique et pratique. «Depuis l'Antiquité, la réflexion sur le rôle de l'acteur public n'a cessé d'évoluer, particulièrement face aux défis contemporains auxquels les Etats sont confrontés», a-t-il précisé. Dans le contexte marocain actuel, où le concept d'Etat social occupe une place centrale, cette réflexion prend une dimension particulière. Le colloque a mis en lumière la nécessité d'une approche inclusive de la gouvernance publique. Haddad a insisté sur le fait que l'Etat n'est plus l'unique acteur de la sphère publique. Les collectivités territoriales, les établissements publics, la société civile, dont le rôle est consacré par la Constitution de 2011, ainsi que le secteur privé, sont désormais des parties prenantes essentielles dans l'élaboration et la mise en œuvre des politiques publiques. Vers une convergence des actions pour plus d'efficience Lors de son intervention, Jamal Hattabi, président de l'Association marocaine des politiques publiques, a mis l'accent sur l'importance de la convergence dans l'action publique. «L'efficience de l'action publique ne dépend pas uniquement de l'efficacité des acteurs, mais aussi de la résolution des problèmes générés par les divergences entre les différents intervenants», a-t-il souligné. Cette convergence apparaît comme un levier essentiel pour atteindre les objectifs de développement durable et équitable. Pour sa part, Sebastian Vagt, directeur de la Fondation Friedrich Naumann pour la Liberté-Maroc, a rappelé les nombreux défis auxquels le Maroc fait face actuellement, dont principalement, la migration, la transition énergétique, la reconstruction post-séisme d'Al Haouz et le stress hydrique. Une nouvelle approche de la gouvernance publique Les discussions ont mis en évidence la nécessité de repenser la gouvernance publique dans une perspective plus inclusive et participative. Cette approche nouvelle implique une responsabilisation de tous les acteurs, du citoyen individuel aux institutions étatiques, en passant par la société civile et le secteur privé. La gouvernance moderne ne peut plus se limiter aux seules instances élues, mais doit intégrer l'ensemble des parties prenantes dans une dynamique collective. Le colloque a abouti à l'élaboration d'un rapport destiné aux décideurs politiques, synthétisant les analyses et propositions qui ont émergé lors des débats. Cette première édition a ainsi posé les jalons d'une réflexion approfondie sur la modernisation de l'action publique au Maroc, dans un contexte de complexification croissante des enjeux sociétaux. L'événement a également souligné l'importance de la recherche académique et du dialogue entre les différents acteurs pour améliorer l'efficacité des politiques publiques. Il a démontré la nécessité d'une approche holistique prenant en compte les multiples dimensions de la gouvernance publique, des aspects techniques aux considérations sociales et environnementales. Mehdi Idrissi / Les Inspirations ECO