ONU/Sahara: Le Sénégal réitère son soutien à la souveraineté "totale" du Maroc et au plan d'autonomie    Lutte contre la criminalité transfrontalière: Signature d'un mémorandum d'entente entre les ministères publics marocain et belge    Inondations dans le sud-est : lancement de marchés pour 71 tronçons routiers    Inondations dans le Sud-Est: lancement de marchés pour 71 tronçons routiers et 69 ouvrages d'art (M. Baraka)    Ouverture de la session d'automne du 45e moussem culturel international d'Assilah    Production cinématographique et audiovisuelle : Mehdi Bensaïd adhère à une valorisation des investissements étrangers    Info en images. Brahim Benjelloun Touimi nommé président du CA de la Bourse de Casablanca    Intelligence artificielle. Nabil Haffad : "L'adoption au Maroc est encore balbutiante"    Stress tests climatiques : un outil stratégique pour renforcer la résilience du secteur financier marocain    ElleMoutmir : L'initiative de l'OCP pour renforcer la résilience de la femme rurale    Israël maintient que ses représailles contre l'Iran seront guidées par ses « intérêts nationaux »    Foot: L'AS FAR se sépare de son entraineur Czeslaw Michniewicz    Sommet pour l'avenir et pacte des futurs, le Maroc pour une réforme du multilatéralisme    Météo : De fortes pluies localement orageuses attendues mardi et mercredi    Agressions sexuelles : Un fléau qui gangrène les établissements scolaires    USA supports Morocco's earthquake recovery efforts    GetYourGuide faces scrutiny in Morocco : Allegations of dumping and unqualified providers    Un ambassadeur d'Algérie oblige un vlogueur jordanien à supprimer une vidéo pro-Maroc    Sahara : De Mistura remet un rapport à Antonio Guterres    Imitation du caftan marocain : le Royaume riposte avec une marque collective    Arabie Saoudite: Fatima El Kettani, jeune prodige de la lecture récompensée au concours « IRead »    Volte-face d'un club tunisien après son retrait du CAHB à Laâyoune    Revue de presse de ce lundi 15 octobre 2024    Education et formation : le CSEFRS et le CEE renforcent leur coopération    Le temps qu'il fera ce mardi 15 octobre 2024    Les températures attendues ce mardi 15 octobre 2024    Sahara : Le président du Sénat brésilien invite son pays à soutenir le plan marocain d'autonomie    Maroc : Séisme de 4,4 sur l'échelle de Richter près d'Azrou    Séisme à Ain Leuh d'une magnitude de 4,4 sur l'échelle de Richter    Potasse à khémisset : chute des actions d'Emmerson après un avis défavorable    Justice : Mbappé visé par une enquête pour viol !    Pneus, plastique et textile... l'essentiel des déchets importés    Sénégal. Une vision pour 2050    Séisme de magnitude 4,4 près d'Azrou : un tremblement de terre à faible profondeur secoue la région    Brésil : Plus d'un demi-million de foyers toujours sans électricité à Sao Paulo    Zambie. La technologie satellitaire pour améliorer l'agriculture    Fahmi Saïd Ibrahim El Macelie salue la clairvoyance et le volontarisme de la vision Royale    inwi, marque la plus primée lors de l'African Digital Summit 2024 avec 6 récompenses    Laayoune. Le Widad Es-Semara aux quarts du Championnat d'Afrique des clubs champions de handball.    Calendrier insoutenable: Les syndicats et les ligues de football déposent une plainte auprès de la Commission européenne    Entretien avec Amine Zariat sur le sport au service de l'émancipation    Foot. Centrafrique vs Maroc / Ce soir: Horaire? Chaînes?    Coupe d'Excellence. J4: L'IRT et le SCCM, zéro point au compteur général !    Bénin. On veut promouvoir les arts    S.A.R. la Princesse Lalla Hasnaa préside le Conseil d'Administration de la Fondation pour la Sauvegarde du Patrimoine Culturel de Rabat    Musique andalouse marocaine. Les nouvelles synergies    Marché de l'emploi : Environ 30.000 jeunes ont bénéficié d'un programme de formation    Sous-marins, hélicoptères, avions... ce que le Maroc prévoit d'acheter (ou pas) à la France    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



Intelligence artificielle. Nabil Haffad : "L'adoption au Maroc est encore balbutiante"
Publié dans Les ECO le 15 - 10 - 2024

L'intelligence artificielle s'immisce peu à peu dans le tissu économique, mais elle se heurte encore à des freins structurels. Nabil Haffad, expert en transformation numérique, décortique ces blocages et propose des pistes pour accélérer l'intégration de l'IA au cœur des entreprises.
Vous accompagnez les PME dans leur transformation digitale. Quel est, selon vous, l'état actuel de l'intelligence artificielle au Maroc?
Il serait prétentieux de dresser un état des lieux exhaustif, car nous n'avons qu'une vision partielle du marché. Toutefois, sur la base des échanges que nous avons pu avoir avec des dirigeants d'entreprises, administrations et PME, nous constatons que l'adoption de l'IA en est encore à ses balbutiements. Beaucoup sont encore dans une phase d'assimilation, cherchant à apprivoiser cette technologie tout en évaluant son impact potentiel sur leurs activités.
Comment se déroule concrètement l'intégration de l'IA dans une entreprise ?
Le processus est relativement simple. Nous commençons par sensibiliser le top management aux concepts fondamentaux, à savoir les bénéfices et les risques associés à l'adoption de l'IA, les implications pour les processus internes.
Ensuite, une fois que la direction s'approprie ces notions, nous pouvons élaborer une roadmap. Il s'agit d'un portefeuille de projets concrets où l'IA est appliquée dans différentes fonctions de l'entreprise : la logistique, la production, etc. Après cette phase, nous formons les équipes techniques, nous testons des «proof of concept», et nous affinons les projets au fil des expérimentations.
L'automatisation, dans ce contexte, apporte-t-elle des gains notables?
Absolument. L'automatisation liée à l'IA permet une accélération significative de la productivité, notamment dans le traitement des données. Toutefois, malgré ces avantages, beaucoup d'entreprises restent coincées dans la phase d'acculturation. Peu ont dépassé cette étape pour véritablement intégrer l'IA dans leurs processus, faute de vision claire sur ce que cette technologie peut leur apporter.
Certains chefs d'entreprise anticipent-ils une réduction de la main-d'œuvre en raison de l'intégration de l'IA?
Pas encore. Ce que nous observons, c'est plutôt une divergence dans les mentalités. Certains dirigeants, bien informés et à l'aise avec les transformations technologiques, cherchent à en tirer parti. D'autres, en revanche, demeurent dans le déni, je dirais, pour l'heure, incapables de percevoir l'ampleur de la rupture systémique que représente l'IA. Cela dit, je pense que l'IA aura un impact destructeur sur l'emploi, dans la mesure où des tâches qui nécessitaient auparavant plusieurs personnes peuvent désormais être accomplies par une petite équipe d'experts.
Qu'en est-il de la valeur ajoutée que l'IA pourrait apporter à l'administration ?
L'IA peut effectivement améliorer la gestion des flux et renforcer la sécurité, mais au-delà de ces aspects, son adoption dans l'administration publique permettrait une plus grande transparence. Prenons l'exemple des appels d'offres publics. Une plateforme basée sur la blockchain pourrait non seulement accroître la transparence et l'efficacité, mais faciliter l'accès des entreprises aux marchés publics.
Quels sont, d'après vous, les principaux freins au développement de l'innovation digitale au Maroc ?
Le rythme d'exécution demeure le principal frein. Cela fait plus de deux décennies que la modernisation numérique est à l'agenda, mais les progrès concrets sont insuffisants pour répondre aux défis actuels. Les administrations, par exemple, peinent à intégrer pleinement les technologies, ce qui ralentit l'optimisation des relations entre l'entreprise et l'Etat, ou entre l'entreprise et ses clients. Aujourd'hui des pays comme l'Arabie Saoudite ou les Emirats Arabes Unis, qui ont commencé après nous, nous ont désormais largement dépassés.
L'intelligence artificielle, de par sa complexité, requiert une immense puissance de calcul. Comment concilier cela avec les enjeux environnementaux ?
C'est l'un des paradoxes de l'IA. Elle est extrêmement gourmande en énergie. Certes, nous pouvons imaginer des centres de données «verts», mais l'IA consomme énormément de ressources. Le problème se pose également en matière d'utilité. Une large partie des contenus traités par l'IA, notamment sur les réseaux sociaux, n'apporte pas de valeur ajoutée. D'où la nécessité de remettre en question l'utilité de l'IA dans certains secteurs, où son déploiement pourrait s'avérer plus coûteux que bénéfique, notamment pour des usages triviaux.
La nouvelle feuille de route digitale 2030 est-elle suffisamment ambitieuse pour soutenir cette transformation ?
Elle présente quelques pistes intéressantes, notamment en matière d'inversion de la courbe du chômage, en particulier dans les milieux défavorisés et parmi les jeunes. Cependant, l'enjeu crucial reste la création de valeur. Si nous nous contentons d'externaliser des tâches simples, nous ne ferons que renforcer une économie de services à faible valeur ajoutée. Pour véritablement innover, nous devons encourager le développement de projets complexes, créateurs d'emplois qualifiés.
Quelle sera la prochaine évolution majeure des modèles de langage (LLM) ?
L'évolution des modèles de langage repose désormais sur leur capacité à dépasser le stade de simples générateurs de texte pour devenir de véritables systèmes de raisonnement. Actuellement, les LLM se distinguent par leur rapidité d'exécution et leur aptitude à traiter d'immenses volumes de données, mais ils demeurent incapables de raisonner au sens propre.
La prochaine avancée résidera dans le développement de modèles capables de produire des raisonnements similaires à ceux des humains, en intégrant des dimensions contextuelles et émotionnelles plus complexes. Pour l'heure, l'IA, bien qu'extrêmement performante dans le traitement de l'information, n'est pas encore en mesure de prendre des décisions fondées sur une réflexion autonome.
Comment le Maroc peut-il maximiser la valeur ajoutée du digital export ?
Pour maximiser la valeur du digital export, le Maroc doit impérativement aller au-delà de l'externalisation de services à faible valeur ajoutée. À ce jour, nombre d'activités se limitent à des tâches répétitives et peu qualifiées.
Le véritable enjeu réside dans la production de solutions numériques innovantes et compétitives à l'échelle mondiale. Cela exige des investissements en recherche et développement, la formation d'ingénieurs hautement qualifiés, ainsi que la promotion de l'innovation dans des secteurs à forte valeur. Plutôt que de rester enfermé dans une logique de services low-cost destinés à l'export, le Maroc a intérêt à innover en vue d'être compétitif à l'échelle internationale.
Ayoub Ibnoulfassih / Les Inspirations ECO


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.