Les professionnels du tourisme dans la région du Nord du Maroc espèrent que le mois d'août permettra de relancer fortement la haute saison touristique. Car, en juillet, une baisse de fréquentation «anormale» a été observée. Pour Ali Kadiri, président de l'Association régionale de l'industrie hôtelière (Tanger-Tétouan-Al Hoceima), cela s'explique non pas par la cherté des offres, mais par la baisse du pouvoir d'achat des touristes nationaux. Interview. Comment se passe la haute saison à Tanger ? Comme toutes les hautes saisons, l'activité est plus animée. Comparée aux autres saisons de l'année, c'est celle qui connait la plus forte fréquentation. C'est la même tendance qui est observée, mais il faut quand même constater que cette année, ce n'est pas encore le grand rush. Mais nous restons optimistes. Le niveau de fréquentation a apparemment énormément baissé dans Tanger et sa région. Etes-vous du même avis ? Il est vrai qu'il y a eu une baisse au mois de juillet. Ce n'est très normal, ou plutôt ce n'est pas ce à quoi nous étions habitués. Tout le monde a fait état de cette baisse, mais, là, le mois d'août vient de démarrer et c'est le mois qui marque véritablement la haute saison estivale. Je pense qu'il faudrait encore observer la situation durant ce mois d'août et, personnellement, je pense que cela va plutôt bien se passer. Selon-vous, qu'est-ce qui aurait expliqué cette baisse «anormale» pour le mois de juillet ? Avant de répondre à cette question, je pense qu'il est important de rappeler que nous devons d'abord attendre les chiffres officiels, notamment de l'Observatoire national du tourisme. Cela dit, il y a plusieurs raisons qui pourraient expliquer cette baisse. Je citerais d'abord le pouvoir d'achat. Les gens n'ont pas vraiment beaucoup d'argent, au regard de la conjoncture actuelle. Malgré les efforts faits par les professionnels du secteur hôtelier sur les prix, on ne sent pas de résultats. Le consommateur interne ou le touriste interne ne se manifeste pas vraiment. En plus, il y a eu l'impact de la Coupe d'Europe. Certainement les gens ont pris des vacances plus tôt et certains ont préféré aller découvrir autre chose ailleurs. Mais globalement, en ce qui concerne les clients marocains, je pense que c'est le pouvoir d'achat qui a subi une grosse baisse et cela se ressent sur les budgets voyage. Vous parlez de baisse du pouvoir d'achat, mais pensez-vous que c'est l'unique facteur qui peut expliquer ce repli de la fréquentation ? Je pense que c'est le facteur principal, surtout qu'il y avait aussi les dépenses de l'Aïd Al Adha. Cela a considérablement impacté les prévisions sur les dépenses pendant les vacances. Je pense que c'est l'une des raisons qui expliquent cette tendance baissière que nous avons observée durant le mois de juillet. Nous espérons que la saison sera prolongée car le retard des examens et le prolongement de l'année scolaire ont également eu un certain impact sur le planning des sorties de vacances et de congés. Nous espérons que la saison va se prolonger durant le mois de septembre. Et pour le mois d'août ? Pensez-vous que la situation pourrait s'inverser ? Le mois d'août marque effectivement le pic de la haute saison. Nous espérons que les choses vont s'améliorer. Cela dit, je tiens à signaler que malgré la baisse de la fréquentation dont on parle, l'activité est plus animée que par rapport aux autres mois de l'année. Même si ce n'est pas le rush des années précédentes, ça reste quand de la haute saison. Est-ce que les hôteliers ont lancé des offres promotionnelles ou des packages afin d'encourager les touristes nationaux ? Je pense que cela est une évidence et vous pouvez le constater vous-mêmes. Il suffit juste d'aller voir le niveau de prix que nous offrons à travers les différentes plateformes. Il y a des offres selon les différents budgets et les différentes gammes. D'ailleurs, j'en profite pour dire que ce n'est pas un problème de prix qui fait qu'il n'y a pas de fréquentation comme les années précédentes. C'est un problème de pouvoir d'achat. Malgré la hausse des intrants, les établissements hôteliers ont tout fait pour ne pas augmenter les prix. Et cela a pour conséquence de réduire leurs marges. Mais, jusque-là, nous ne sentons pas cette affluence habituelle. Tanger-Assilah : 1,6 million de nuitées Les établissements d'hébergement touristique classés (EHTC) au niveau de la préfecture de Tanger-Assilah ont enregistré, au cours de l'année 2023, plus de 1,6 million de nuitées, selon les chiffres de l'Observatoire national du tourisme (ONT), soit une hausse de 21% par rapport à l'année précédente. Globalement, dans la région de Tanger-Tétouan-Al Hoceima, 21 projets majeurs sont prévus dans le cadre de la feuille de route régionale du tourisme, pour renforcer l'offre touristique autour des filières City Break ainsi que Nature et Découverte et Bord de mer pour le tourisme interne. Ces projets couvrent, entre autres, la mise en tourisme de plusieurs sites touristiques et plages, ainsi que le développement des produits d'hébergement, la valorisation touristique des anciennes médinas, et la création d'une ville d'attraction touristique et de loisir à Tétouan. Abdellah Benahmed / Les Inspirations ECO