Enseignant-chercheur à l'Université Hassan II de Casablanca – Expert judiciaire – Energies renouvelables Comme toujours, à l'instar de toutes les citoyennes et tous les citoyens, j'ai suivi le lundi 29 juillet 2024, le discours prononcé par Sa Majesté Le Roi Mohammed VI, Que Dieu l'Assiste, à l'occasion du 25e Anniversaire de la Fête du Trône, avec honneur, un grand intérêt et une forte intention. Après avoir rappelé les grandes réformes politiques et institutionnelles, et les grands projets de développement économique et de cohésion sociale, entrepris pendant les 25 dernières années, le discours royal, a mis en exergue les défis majeurs que le pays doit, en urgence, relever pour assurer sa sécurité alimentaire. Il s'agit, notamment, des défis associés à l'eau et à l'énergie. Selon cette Vision stratégique et ambitieuse du Souverain, la question du stress hydrique que connait notre pays doit être traitée en menant trois actions en parallèle, afin de pouvoir fournir annuellement les millions de mètres cubes d'eau nécessaires aux besoins des citoyens, à l'agriculture et à l'industrie. Ces actions portent sur : – L'achèvement du programme de construction des barrages, en donnant la priorité aux projets prévus dans les régions connaissant d'importantes précipitations ; – L'accélération de la réalisation des grands projets de transfert d'eau entre les bassins hydrauliques, en assurant la connexion entre les bassins d'Oued Laou-Larache, Loukous, Oued Oum Er-Rbia, Oued Sebou et Oued Bouregreg ; – L'accélération de la réalisation des stations de dessalement de l'eau de mer, selon le programme arrêté à cet effet. Cap sur 2030 L'ambition royale est telle qu'à l'horizon 2030, le Maroc pourra couvrir plus de 50% de ses besoins en eau potable, à partir de ses stations de dessalement fonctionnant avec des énergies propres. Ceci nous permettra d'irriguer d'importantes superficies agricoles, et, par conséquent, de renforcer la sécurité alimentaire du pays. C'est une ambition qui à la fois renforce la position du Maroc dans le rang des grandes nations, en lui permettant de répondre aux attentes des citoyens, et permet de satisfaire les engagements du pays vis-à-vis de l'international. Sur le plan international, l'horizon 2030 fixé par cette ambition royale permettra à notre pays d'occuper une position confortable en matière de réalisation des Objectifs de développement durable (ODD-2030). Effectivement, sous la conduite éclairée de Sa Majesté, l'horizon 2030 représente de grands défis que notre pays transformera en opportunités en réalisant, notamment l'ODD 6 relative à l'eau potable et l'assainissement, en assurant une eau propre et accessible pour tous, ainsi que l'ODD 7 qui porte sur l'énergie propre et d'un coût abordable, et ce, en produisant de l'énergie verte et durable pour contribuer à la transformation des vies et des économies. De plus, 2030 est l'année de l'organisation de la Coupe du monde par la FIFA, laquelle se jouera pour la première fois de son histoire dans six pays (Maroc, Espagne, Portugal, Argentine, Uruguay, et Paraguay), situés dans trois continents (Afrique, Europe et Amérique du Sud). L'organisation de cet événement – le plus important de son genre à l'échelle mondiale – constituera pour nous une grande opportunité en vue de renforcer la visibilité de notre pays. Ainsi, l'horizon 2030 fixé par Sa Majesté le Roi nous permettra de présenter au monde entier notre contribution événementielle dans des conditions plus vertes et durables. De l'importance du nexus «eau-énergie renouvelable» Il est à rappeler que la question des énergies renouvelables a déjà occupé une position centrale dans le discours que le Souverain a adressé, le mardi 30 juillet 2013, à la nation à l'occasion de la Fête du Trône : «C'est dans le même esprit que s'inscrit la volonté de doter le Maroc de la capacité de produire des énergies renouvelables, contribuant ainsi à donner son expression concrète à Notre vision du développement durable… Outre leur importance environnementale, ces chantiers nous rendront moins dépendants des importations énergétiques…». Dans la continuité, le discours royal du 29 juillet 2024 rappelle l'obligation d'accorder une position centrale à l'énergie dans l'équation « Energie-Développement », étant donné que tout développement – y compris celui du secteur de l'agriculture et de l'eau – découle du développement de l'énergie, de manière générale, et de l'énergie renouvelable, plus particulièrement. C'est sous cette lumière que l'allocution royale a réservé une place centrale au nexus «eau-énergie renouvelable» : «Le plus grand défi reste la réalisation des stations programmées et des projets d'énergies renouvelables y afférents, dans les délais fixés et sans aucun retard». De plus, l'infrastructure et la logistique nécessaires au déploiement des stations de productions des énergies renouvelables – comparées à celles des énergies conventionnelles – sont plutôt adaptées à la diversité géographique du pays. Par ailleurs, elles pourraient être financièrement accessibles, si le cadre d'utilisation vise à faciliter l'accès, à l'énergie et à l'eau, des communautés dans le monde rural, les oasis et les montagnes. Ceci satisfera le dilemme «Réalité géographique du pays et distribution dispersée des douars dans les territoires ruraux et montagneux». Effectivement, avec environ 3.500 km de côtes maritimes, deux importantes chaînes montagneuses, et presque 300 jours de fort ensoleillement par an, le Royaume dispose d'un véritable gisement énergétique de sources diversifiées, propres et durables. Ceci dit, le défi associé à la distribution dispersée des douars dans les territoires ruraux et montagneux est grand, dans la mesure où l'accès de ces populations à l'eau et à l'énergie est difficile ou coûteux. En plus, selon la vision éclairée de Sa Majesté, ce défi pourra se transformer en opportunité en se servant du déploiement des énergies renouvelables, et en exploitant la diversité et la proximité de leurs sources des douars. La mise en place de stations photovoltaïques, déployées le long des côtes maritimes, servira de support pour le dessalement de l'eau de mer et son pompage vers les douars relativement reculés par rapport à ces côtes pour les alimenter en eau potable et pour l'irrigation. Investir dans le potentiel Le discours royal a également mis l'accent sur l'exploitation du grand potentiel énergétique dont regorgent les provinces du Sud, qui s'avère nécessaire pour répondre aux multiples attentes des secteurs fondamentaux tels que ceux de l'eau, de l'agriculture et de l'industrie : «Pour produire de l'eau, les stations de dessalement doivent être alimentées avec de l'énergie propre. C'est pourquoi il faut accélérer la réalisation du projet d'interconnexion électrique qui vise à acheminer l'énergie renouvelable, à partir des provinces du Sud, vers le Centre et le Nord». Toutes ces actions complémentaires, viennent renforcer la répartition spatiale des ressources hydriques, pour qu'elle soit équilibrée. À ce sujet, le discours du 24 juillet rappelle : «Ces projets permettront l'exploitation d'un milliard de mètres cubes d'eau, qui se perdaient dans la mer, et garantiront une répartition spatiale équilibrée des ressources hydriques nationales». Enfin, pour relever les défis dans les meilleurs délais, SM le Roi a réservé une partie de ses hautes directives à l'accompagnement de la mise en œuvre de sa Vision stratégique et ambitieuse, visant le renforcement de la convergence entre tous les intervenants dans le domaine de l'eau et de l'énergie, par des mesures nécessaires telles que l'innovation dans la formation et l'adéquation de ses parcours avec les attentes des secteurs de l'eau et des énergies renouvelables, l'innovation en gestion de l'eau, l'utilisation des nouvelles technologies… À ce sujet, le dernier discours royal rappelle : «Nous appelons au développement d'une industrie nationale de dessalement de l'eau, à la création de filières de formation d'ingénieurs et de techniciens spécialisés, à l'encouragement de la constitution d'entreprises nationales spécialisées dans la réalisation et l'entretien des stations de dessalement… Enfin, Nous tenons à souligner la nécessité d'encourager l'innovation dans le domaine de gestion de l'eau et de mettre à profit les nouvelles technologies y afférentes».