Clap clap clap! You you you! J'applaudis des 4 pattes et je youyou en multilingue. Bravo! Bravissimo! Vraiment, je n'ai jamais pensé qu'un tel boulot pouvait être réalisé en si peu de temps. Tout le monde reconnaît aujourd'hui que Ben Guerir est méconnaissable! Bien sûr, en mieux. Et c'est tant mieux! Bon c'est vrai, il n'y a pas encore de gratte-ciel, ni de patinoire à glace, ni de grand palace, ni même un petit casino. Bref, ce n'est pas encore Chicago, mais à ce rythme, ça ne saurait tarder. Même les Américains, qui, d'ailleurs, n'ont jamais été très loin, n'ont pas réussi de telles performances. C'est inouï! Je dois vous avouer que, personnellement, je n'y ai pas mis les pieds depuis un bail. En fait, c'est depuis exactement l'ouverture de l'autoroute. Je me souviens bien parce que j'avais dégusté un de ces plats de kefta, je ne vous dis pas! Je ne vous apprends rien, mais, entre nous, à part pour la kefta, on n'avait aucune raison objective de nous y arrêter. La nuit tombée, il n'y avait plus un chat. Il faut dire que les chats, ils ne sont là que la journée. Le soir, ils sont tellement repus par tout ce qu'ils ont reçu comme restes des généreux touristes affamés comme moi ou comme vous, qu'ils n'ont pas le temps de mettre la tête sur l'oreiller, qu'ils roupillent déjà en rêvant à tout ce qu'ils ont ingurgité la veille et ce qu'ils vont ingurgiter le lendemain. Aujourd'hui, après toutes ces transformations, je ne sais pas ce qu'ils vont devenir, les pauvres. (J'espère que vous me suivez, mais je parle toujours des chats). Je suis sûr que l'auteur de cette révolution, le guide de cette marche sans limites, l'homme prodige par qui tout peut arriver, a déjà une idée de ce qu'il va en faire. Comme je le connais, il n'aimerait pas attirer les foudres de Brigitte Bardot, ce qui provoquerait illico presto la furie de Sarko, et ainsi de suite, et après, il ne pourra plus s'en sortir. Je suis certain qu'il leur a déjà réservé un hôtel de luxe, avec golf, piscine, SPA et souris à volonté. Quant aux pauvres, les vrais, et il y en avait des masses à l'époque, je crois qu'ils n'auront que l'embarras du choix. Ils peuvent devenir, par exemple, patron d'une unité de transformation de ce qu'on appelait jusqu'à une date récente, si vulgairement, les figues de barbarie, et qu'on appelle désormais les Rubis de Barbara, en hommage à la célèbre romancière Barbara Cartland et à sa couleur préférée: le rose. Comme chacun sait, le rose est aussi une des couleurs d'une des innombrables variétés des figues de barbarie, pardon, des Rubis de Barbara de Rhamna. On raconte même - pour donner peut-être un peu de piquant à la chose - que Barbara Cartland, dans les années 50, aurait séjourné chez un célèbre caïd de la région, pour se reposer. Il faut noter que dans Ben Guerir, il y a le mot «guérir». Toujours est-il que les pauvres de l'ex-patelin paumé peuvent également aujourd'hui, s'ils en ont envie, devenir éleveurs de dindes blanches dites «Escalopa Maradona Blanca», ou bien, producteurs de poussins d'un jour, mais pour ça, il faut bosser tous les jours. Comment je sais tout ça? Mais, je l'ai vu à la télé, pardi! J'étais ébahi. Sur le coup, j'avais envie de monter sur un tracteur et de filer tout droit à la Cité des Miracles. Un de mes confrères arabophones, sans doute tombé comme moi sous le charme de notre charmant charmeur de scorpions, s'est demandé pourquoi on ne ferait pas la même chose dans toutes les régions du Maroc? Mais, mon vieux, c'est im-po-ssible! À moins que ... à moins qu'on clone... le charmeur de scorpions. Ah, ça, si on pouvait, ça ne manquerait pas de piquant !