En réponse aux doléances exprimées par les producteurs locaux de céramique, les services de douane taxeront les carreaux en provenance des pays considérés comme plus gros fourniseurs du secteur de la céramique au Maroc. En effet, les importations des carreaux en céramique (SH 6908) seront soumises, jusqu'au 31 décembre 2010, à un droit d'importation additionnel spécifique de 1,5 DH/Kg. «C'est une mesure importante pour l'industrie de la céramique, et en particulier pour le secteur des carreaux», affirme David Toledano, membre de l'Association professionnelle des industries de céramique (APIC). Avec un effet rétroactif à partir du 19 juin 2009, la circulaire de l'administration des douanes datée du 29 décembre 2009, établissant certaines mesures de sauvegarde au profit de l'industrie de la céramique, vient d'être publiée. Elle vient en application de la décision du ministère du Commerce extérieur prise en juin dernier. En outre, la nouvelle circulaire affranchit de cette surtaxe les quantités importées dans la limite des quotas fixés par origine géographique. Pour les pays de l'UE, ce quota est fixé à 11 millions de mètres carrés. Pour les Emirats arabes unis il est de 1,8 million de mètres carrés. Les importations de la Chine affranchies de cette surtaxe additionnelle sont plafonnées à 1,1 million de mètres carrés. Avec des importations frisant les 30% du marché national de la céramique, il y a effectivement péril en la demeure. L'OMC, qui autorise des mesures de sauvegarde dans des cas similaires, a accédé aux desiderata du gouvernement marocain une première fois en 2005. Cette surtaxe a été instaurée pendant 3 ans jusqu'en 2008. Son renouvellement est permissible une seule fois par l'OMC. Les professionnels espèrent ainsi que cette mesure soit prolongée jusqu ‘au 31 décembre 2012 afin de permettre au secteur des carreaux de se mettre à niveau. Pour rappel, entre novembre et décembre 2009, un vent de panique a secoué le secteur quand la quasi-majorité des unités de production de carreaux de céramique ont momentanément mis la clé sous le paillasson. La profession pointe du doigt les pratiques de concurrence déloyale, comme la sous-facturation ou les passe-droits institutionnels devenus caducs, mais qui continuent à profiter aux requins de l'importation de la céramique. Dans un secteur dominé par les stratégies de volumes, les professionnels ont augmenté leur capacité de production. «Les unités de production des carreaux ont doublé, voire triplé, leurs capacités au cours des 3 dernières années», poursuit David Toledano. En outre, les industriels de la céramique ont une stratégie arrêtée qui ambitionne de poursuivre la mise à niveau du secteur et d'asseoir sa position dans le pourtour méditerranéen à l'horizon 2012. Ils tablent sur une production de 100 millions de mètres carrés, dont 15% destinés à l'export. Cette mesure relève donc d'un intérêt primordial de protéger le secteur de la céramique afin de lui permettre de réaliser ses objectifs stratégiques. À défaut, les importations de carreaux risquent d'inonder le marché local. Le Maroc, 22e producteur mondial Selon une étude commanditée par l'Association professionnelle des industries de la céramique, le Maroc est 22e producteur de céramique au niveau mondial et 4e dans le pourtour méditerranéen. Avec 54 millions de m2 en 2008, le secteur local de la céramique connaît un rythme de croissance de 11% sur les 5 dernières années, soit un niveau supérieur à la moyenne mondiale. Le marché local est alimenté à la fois par les producteurs locaux et par l'importation. Les importations ont repris du poil de la bête en 2008, atteignant 13 millions de m2 en 2009 contre 7,4 millions de m2 en 2007. Les professionnels de la céramique se sont fixé des objectifs pour la période 2008-2012. Cette stratégie vise à développer le potentiel d'exportation à travers la conclusion de partenariats et de joint-ventures, le but étant d'assurer le transfert de compétences, de savoir-faire et la réduction des coûts d'internationalisation, même si le Maroc demeure fortement pénalisé par le coût énergétique.