Dernière chance pour les architectes ! Le fameux article 4 du projet de loi 65.12 portant réforme de la loi sur la profession d'architecte est sur le point d'être adopté. Les instances ordinales ont été sonnées par la nouvelle : contre toute attente, c'est aujourd'hui même que ce projet de réforme, décrié par le conseil de l'Ordre des architectes, sera proposé au vote devant la Chambre des représentants. L'information qui avait filtré en fin de semaine dernière concernant l'ordre du jour de la séance parlementaire a donc amené l'Ordre à réagir en catastrophe, pour un dernier ultimatum. Un sit-in a été organisé hier lundi par plusieurs architectes, détracteurs de ladite disposition, devant le siège du ministère de l'Habitat qui soutient fermement cette réforme. Menées notamment par Jamal Lokhnati, ex-président du conseil de l'Ordre, déchu depuis l'annulation des élections de 2011 par décision de justice et qui a repris depuis ses fonctions de secrétaire général, les instances de l'Ordre ont enchaîné par une conférence de presse, dans laquelle ils présentaient leur mémorandum. Les architectes expliquent les raisons de ce divorce et rappellent la liste des «vraies» réformes attendues par la profession. L'Ordre estime ainsi que ledit article ne devrait même pas figurer comme priorité. Pour cause, la disposition introduit une reconnaissance des diplômes décernés par certains établissements privés, permettant ainsi à leurs titulaires d'intégrer la profession. Pour Jamal Lokhnati, «cet article a été préparé pour régulariser la situation des 144 lauréats d'une école d'architecture privée à Casablanca, créée en 2004». Une école dont la régularisation a été longtemps contestée par Omar Ferkhani, prédécesseur de Lokhnati et qui a repris aujourd'hui par intérim les fonctions de président de l'Ordre suite à l'annulation des élections de 2011. C'est dire que le dossier pâtit d'un lourd héritage. Néanmoins aujourd'hui, la donne a considérablement changé et pour le gouvernement, il ne fait plus de doute que les instituts privés auront tendance de plus en plus à prendre le relais sur la formation des architectes. Ainsi en témoigne d'ailleurs la convention signée par l'Université internationale de Rabat, institution privée, avec l'Université Paris-Est pour la création d'une école d'architecture et d'urbanisme au sein de l'UIR. La convention a d'ailleurs été signée durant la dernière visite du président français François Hollande au Maroc. Sans les dispositions du fameux article 4, les diplômes discernés par ledit établissement n'auront aucune équivalence, ce qui paraît très improbable. L'Ordre des architectes a également soulevé plusieurs questions concernant les réformes actuellement en cours, y compris la révision du système des contrats d'architectes, le décret de passation des marchés publics ou encore la possibilité pour les architectes de s'organiser en société. «C'est ici que se situent aujourd'hui les vrais enjeux et non pas dans la régularisation de la situation de certains diplômés d'école privées», souligne le secrétaire général du Conseil de l'Ordre des architectes.