«Notre production n'est pas compétitive» Les ECO : Depuis le lancement du Plan Maroc vert, le ministère de l'Agriculture a mis en place des stratégies de développement de l'amont et de l'aval de la filière, portant sur les différents systèmes de production agricole (super intensif, intensif, pluvial, la chaîne récolte-transformation des olives et le traitement des sous-produits et la commercialisation des produits de l'olivier. Quel est l'état d'avancement de ces stratégies ? Noureddine Ouazzani : Depuis le lancement du Plan Maroc vert, le ministère de l'Agriculture a développé avec la profession oléicole, un contrat-programme qui a touché les différentes composantes de la filière oléicole, y compris pour la composante recherche. En 2011, il y avait un grand chantier de réflexion qui a été mené par les différents opérateurs de la filière oléicole marocaine sous l'égide du ministère de l'Agriculture. Ce travail avait pour finalité la définition de nouvelles orientations stratégiques pour le développement durable de la filière oléicole. Cette réflexion a touché tous les maillons de la filière de la recherche-développement jusqu'à la production et l'organisation professionnelle. La majorité des mesures d'accompagnement aussi bien celles en aval qu'en amont de la filière ont abouti à un consensus des opérateurs de la filière. D'autres mesures méritent encore des réflexions. Divers programmes de cette stratégie ont été mis en place comme la création des coopératives GIE dans le cade du programme MCA/Catalyst Fund, de l'appui à la modernisation du secteur de la transformation. Quel est l'impact sur la compétitivité de la filière ? La compétitivité de l'huile d'olive marocaine au niveau du marché international est l'une des principales contraintes de la filière oléicole marocaine. Les principaux pays oléicoles concurrents du Maroc bénéficient de subventions nettement plus importantes que les producteurs nationaux. Si on prend le cas de l'Espagne, la subvention est de l'ordre de 1,20 euros/kg d'huile d'olive et le coût de production au Maroc est de l'ordre de 15-18 DH/kg d'huile (base de calcul 2,5-3 DH le kg d'olives). Sur le marché international, mis à part la qualité de l'huile d'olive, notre production n'est pas compétitive. L'agropôle Olivier a-t-il réellement un rôle déterminant dans l'accompagnement de la mise en œuvre de la stratégie de la filière ? L'agropôle Olivier a été créé pour contribuer au développement et à la promotion de la filière oléicole marocaine. L'agropôle Olivier grâce à l'appui de ses partenaires et sponsors, a à son actif plusieurs activités et événements dont la finalité est le transfert de technologie, le développement et la promotion de la filière oléicole marocaine. Je cite, à titre d'exemple, les journées méditerranéennes de l'olivier à Meknès, la fête de l'olivier à Meknès, le forum de l'huile d'olive, le réseau méditerranéen des villes de l'huile d'olive, divers projets de recherche-développement, le développement de diverses marques d'huile, notamment celles de Meknès et divers partenariats internationaux. Quels sont les principaux handicaps à la mise en œuvre de la stratégie de la filière ? Je pense qu'en dehors des contraintes climatiques et du problème d'organisation professionnelle, la filière oléicole marocaine a un potentiel qualitatif à valoriser et a acquis un savoir-faire technique et technologique pour lequel il faut mobiliser les moyens humains et financiers pour le généraliser aux petits agriculteurs. Cependant, on a des contraintes plus structurelles qu'il faut lever, si on veut que la filière huile d'olive joue le rôle de fer de lance du développement macro-économique de certaines régions agricoles marocaines. On ne peut plus accepter la production d'huile d'olive marocaine dans des conditions traditionnelles et une commercialisation en vrac. C'est «antidémocratique» que l'on propose à la majorité des consommateurs marocains une huile d'olive impropre à la consommation. Ceci est fondamental pour l'huile d'olive pour laquelle les normes de qualité en vigueur au niveau national et international exigent de la part des producteurs un professionnalisme sans faille, aussi bien au niveau de la récolte, de la trituration, du stockage et du conditionnement. Notons également que parmi les entraves du secteur, figure la faiblesse de la commercialisation et de la stratégie marketing pour le produit huile d'olive Maroc, aussi bien sur le marché local qu'international. Ces stratégies doivent mobiliser des moyens financiers énormes pour la promotion et le marketing du produit à travers une forte organisation professionnelle (coopératives, inter-profession et grands groupes/sociétés de commercialisation d'huile). Je donne, à titre d'exemple, la Grèce, qui a mobilisé 5 millions d'euros en 1993 pour la promotion de l'huile grecque sur les marchés américain et canadien, l'inter-profession espagnole mobilise chaque année plus de 6 millions d'euros pour ses programmes de promotion de l'huile d'olive.