Rabat et Nouakchott sont résolument engagés à ouvrir une nouvelle page dans leurs relations. La 7e session de la Haute commission mixte qui s'est tenue hier dans la capitale mauritanienne en est la confirmation. Plusieurs accords devaient être signés entre les deux parties, pour renforcer leur niveau de coopération politique et économique. Deux jours avant la tenue de cette importante rencontre, une réunion des experts s'était tenue pour baliser le terrain. On parle ainsi de plusieurs projets de conventions et de programmes exécutifs couvrant des secteurs vitaux qui vont entrer en action pour cimenter l'axe Rabat-Nouakchott. Le chef de gouvernement marocain, Abdelilah Benkirane, à la tête de la délégation marocaine composée de 5 ministres, a, dès son arrivée à Nouakchott, tenté de rassurer quant à l'avenir des rapports entre le Maroc et son voisin du Sud : «Les liens séculaires entre les deux pays, leur amitié et leurs intérêts communs se placent au delà des personnes, des formations politiques et ne sont nullement sujets au changement avec la succession des gouvernements», a martelé Benkirane. Mais au delà de ces considérations politiques, l'enjeu est aussi économique. Car le royaume, qui entend renforcer sa présence dans les marchés subsahariens doit au préalable sécuriser ses relations avec la Mauritanie, qui constitue «un passage obligé» pour accéder aux pays subsahariens. En tout cas, du moins par voie terrestre. Le Maroc a récemment signé des accords avec le Sénégal pour le transport de marchandises. Et à ce propos, la transsaharienne qui traverse la Mauritanie constitue le seul couloir d'acheminement des produits à destination des pays d'Afrique de l'Ouest. La signature d'un accord similaire entre les deux pays à l'occasion de cette Commission mixte faciliterait l'exportation des produits marocains. Du côté de Nouakchott, on en est bien conscient. «Le volume des échanges entre les deux pays va crescendo et les débouchés sont là, notamment la transsaharienne», constate Jedna Deida, directeur de publication du Quotidien de Nouakchott. En plus de cette voie terrestre, les deux pays sont aussi appelés à faire front commun sur une autre question qui concerne cette fois le domaine maritime : les négociations avec l'Union Européenne pour la signature d'accords de pêche. «Il y a une possibilité pour les deux pays de former des ententes et de coordonner leur démarche dans les discussions avec l'UE», estime le confrère mauritanien. En effet, les ressources halieutiques marocaines et mauritaniennes suscitent un appétit de la part des Européens, actuellement en discussion avec le royaume pour la signature d'un nouvel accord de pêche avec le Maroc. Si cette «entente» se réalise, elle constituerait une véritable avancée dans le dialogue politique entre les deux voisins.