Près de 30 ans après son apparition, le sida continue de se propager à un rythme effrayant. En effet, 56,6% des cas recensés au Maroc ont été enregistrés entre 2005 et octobre 2012. Selon les dernières statistiques du ministère de la Santé, à fin 2012, plus de 30.000 personnes vivent avec le virus, dont 10.000 ont besoin d'une trithérapie (traitement permanent, contraignant et pénible). Selon les mêmes chiffres, près de 49% des personnes atteintes du VIH sont des femmes. Ce sont en effet ces inquiétants chiffres qui traduisent la volonté de la Commission régionale des droits de l'homme à Tanger (CRDH-T) en coordination avec l'association de lutte contre le sida, de dédier la journée mondiale de la femme aux «femmes les plus exposées au sida». «Pour stopper cette épidémie, il faut tout d'abord mettre fin à la violence vis-à-vis des femmes les plus exposées au virus. Car on ne peut parler ni de traitement ni de lutte contre le virus sans égalité et sans respect des droits», explique Abdelhamid Zeroual, président de l'association de lutte contre le sida section Tanger. Une étude réalisée par l'Association de lutte contre le sida montre que les femmes sont les plus exposées à cette épidémie, avec un pourcentage 3 fois plus élevé que chez les hommes. «On assiste de plus en plus à une féminisation de l'épidémie», déplore Salma Taoud, présidente de la Commission régionale des droits de l'homme de Tanger. Il va sans dire que la plus grande vulnérabilité des femmes vis-à-vis du virus est due à des facteurs biologiques et physiologiques, mais également à des pressions sociales et économiques, notamment dans le commerce du sexe, où ces dernières sont 13 fois plus menacées par l'infection que les autres femmes, surtout lorsque l'on sait que 70% des femmes atteintes du virus sont contaminées par leurs conjoints (et risquent de contaminer à leur tour). «C'est cette catégorie qui est souvent victime de violences et de profondes inégalités ne leur permettant pas d'assurer leur prévention», s'indigne Salma Taoud. Il y a lieu de signaler ici que la transmission se fait majoritairement à 84% lors de rapports hétérosexuels, tandis que 2% se fait par la drogue. Selon les chiffres avancés par l'association de lutte contre le sida, la répartition géographique des personnes infectées par le VIH, montre que trois grandes régions concentrent à elles seules 57% des cas notifiés. Il s'agit de la région Souss-Massa-Draâ avec 25%, Marrakech-Tensift-Al-Haouz avec 19% et la région du grand Casablanca avec 11%. «Face à l'ampleur de cette catastrophe et à la ferme volonté de la communauté internationale d'éradiquer l'épidémie à travers son «objectif zéro», le défi aujourd'hui au niveau national consiste à s'assurer que le Maroc progresse en matière de lutte contre la violence et de respect des droits de l'homme, notamment pour les femmes les plus exposées au virus, ainsi qu'à l'accès au traitement et médicaments dont les cas notifiés ont besoin», résume la présidente de la Commission régionale des droits de l'homme de Tanger. Il est à noter qu'à l'image de «l'objectif zéro» lancé par l'Organisation mondiale de la santé (OMS) en 2011, qui prévoit à l'horizon 2015, «zéro» nouvelle infection au VIH, zéro discrimination et zéro décès dû au sida, le Maroc s'est ainsi engagé dans la même perspective. Celle-ci s'est traduite par la mise en place du plan national de lutte contre le Sida. Il s'agit de viser trois objectifs majeurs à l'horizon 2016, à savoir la réduction de 50% des nouvelles infections par le VIH, la réduction de 60% de la mortalité des personnes vivant avec le VIH. Rappelons que cette initiative a nécessité un budget estimé à 810 MDH sur 5 ans, dont 46% provient du Budget de l'Etat et 41% du programme du fonds mondial, tandis que les 13% restant proviennent d'autres sources