Les précipitations enregistrées, au cours des mois de mars et d'avril, ont redonné de l'optimisme au secteur agricole. Dans certaines cultures, l'espoir de sauver la campagne est revigoré. Zoom… Un regain d'optimisme pour l'activité agricole est-il permis ? En tout cas, les récentes précipitations semblent dissiper quelques nuages d'inquiétude dans le ciel du secteur, si l'on en croit les chiffres annoncés au fil de l'eau par plusieurs régions agricoles du pays. À Fès-Meknès, par exemple, les opérateurs ont vu leur moral quelque peu remonter après les précipitations enregistrées en mars et avril. Le secteur agricole est en effet une activité primordiale dans ce territoire, avec une contribution de 21,1 % au PIB régional. Si bien que Fès-Meknès est aujourd'hui positionnée en tant que 3e bassin de production au niveau national, avec une superficie agricole utile de l'ordre de 1,3 million ha, dont 15 % irriguée et une dynamique agro-industrielle importante autour de filières agricoles, comme le lait, l'olivier et les céréales. Les dernières pluies ont ainsi eu un effet positif sur l'évolution de la campagne agricole dans la région. D'après les données annoncées par la Direction régionale de l'agriculture (DRA), arrêtées au 8 avril dernier, ceci a permis l'accélération du rythme d'installation des cultures de printemps (pois chiche, haricot sec, maïs, fourrager et tournesol), le redressement de la situation des blés d'automne et le redémarrage de l'orge et de l'avoine en bour favorable. À également été possible l'amélioration du couvert végétal en général et des parcours en particulier, la redynamisation des travaux d'entretien, l'amélioration des retenues des barrages à usage agricole et des niveaux des nappes phréatiques ainsi que de la situation de l'arboriculture fruitière (oliviers, figuiers, rosacées...). Notons qu'au 8 avril, le cumul pluviométrique moyen dans la région a atteint 288 mm, en baisse de 31 % par rapport à la campagne précédente, qui a enregistré 420 mm. Dans cette région, toujours, les pluies ont sauvé la campagne. «Nous avons constaté un changement radical de l'état végétal de la plupart des cultures d'automne notamment le blé dur, le blé tendre et l'orge ainsi que la colza», déclarait récemment le directeur provincial de l'agriculture, Mohammed Ijjou, faisant état d'un impact positif sur la croissance du couvert végétal des parcours. Les dernières précipitations à El Hajeb ont porté le cumul pluviométrique moyen à 354 mm, en baisse de 31 % par rapport à la campagne précédente, qui a enregistré 516 mm, et de 15,9 % en comparaison avec une année normale. Soulignons que la superficie cultivée à ce jour au niveau de la province d'El Hajeb a atteint 182.321 hectares dont plus de 61.000 ha ont été emblavés en céréales, selon la Direction provinciale de l'agriculture (DPA). Les céréales sont suivies de l'arboriculture avec 39.934 ha dont 8.012 bour, les maraîchages (12.640 ha), les fourrages (8.450 ha), les légumineuses alimentaires (4.690 ha) et les oléagineuses (707 ha), précise-t-on de même source, ajoutant que la superficie cultivable au niveau de la province s'élève à 222.000 ha. Sefrou parie sur les cultures de printemps Dans la province de Sefrou, les précipitations de mars et avril ont permis de sauver 50% de la superficie des cultures d'automne au niveau de la province, qui étaient avant le mois de mars dans un état de jaunissement ou de perte. Ces dernières pluies ont eu un impact très positif sur la croissance du couvert végétal dans les pâturages, ce qui fournira d'importantes unités fourragères pour le bétail et réduira la charge d'achat des aliments du bétail chez les éleveurs, explique-t-on auprès de la DPA de cette province. Le secteur agricole au niveau de Sefrou parie, surtout après les récentes pluies, sur le programme des cultures de printemps qui concernent les pois chiches, les oignons, les pommes de terre et les carottes, sur une superficie d'environ 3.000 hectares. Aujourd'hui 25% de cet objectif sont réalisés. Un peu plus loin, dans la province de Khémisset, «les 120 mm de pluies qui se sont abattues sur la région depuis le mois de mars et le début d'avril, ont eu un impact positif sur la campagne agricole et ont réduit le déficit pluviométrique frôlant actuellement 30% contre 60% enregistré avant les précipitations», expliquait à la MAP, le directeur provincial de l'agriculture Younes Sebbar. «Grâce à ces précipitations salvatrices, les cultures printanières d'hiver et d'automne ont enregistré une amélioration substantielle, y compris la végétation», ajoutait-il. D'ailleurs, à Khémisset, un programme dédié à la culture printanière sur 6.500 hectares, plus particulièrement le pois-chiche, le tournesol et le maïs, a été mis au jour avec un impact très significatif auprès des agriculteurs de la filière. A présent, la mise en œuvre de ce programme se situe à quelque 50%, et la DPA de Khémisset table sur une exécution à 100% dans les semaines à venir. Dans la Région Casablanca-Settat, et plus exactement à El Jadida et Sidi Bennour qui sont des terreaux agricoles par excellence, les dernières précipitations ont redonné de l'espoir aux agriculteurs notamment pour les cultures printanières et les pâturages, de même que pour la culture du maïs et le fourrage. Elles ont également réduit le déficit pluviométrique et diminué les frais d'irrigation des cultures maraichères et de la betterave sucrière. Souss-Massa : Les barrages profitent des pluies Quant à Souss-Massa, l'impact de ces pluies s'est notamment ressenti sur la végétation et l'irrigation. La moyenne régionale des précipitations enregistrées entre mars dernier et début avril courant, était d'environ 90 mm, selon l'Office régional de mise en valeur agricole du Souss-Massa. Les récentes pluies ont ainsi atteint un cumul de 120 mm. Ces précipitations ont permis d'améliorer le taux de remplissage des principaux barrages de la région dont ceux de Mokhtar Soussi, Youssef Ibn Tachfine et Moulay Abdellah qui ont enregistré 29 millions de mètres cube, sans oublier leur effet sur les pâturages et les différentes cultures. Rappelons à ce titre que Souss-Massa est considérée comme la 1re région primeuriste et agrumicole du pays avec un PIB régional de 17,3% /national de 9%, et un total 451.165 ha de terres cultivées dont 106.664 ha équipés en système d'irrigation goutte à goutte. C'est dire que, de manière générale, le rattrapage demeure encore possible pour certaines cultures printanières. Cela veut également dire que les éleveurs peuvent enfin souffler avec la reconstitution des pâturages, ce qui leur donne d'assez bonnes perspectives pour l'Aïd Al-Adha, période sur laquelle ils misent fortement. Cultures printanières: Objectif, 300.000 hectares ! Les projections relatives aux cultures printanières sont positives. Selon les données communiquées au Parlement par le ministre de l'Agriculture, de la pêche maritime, du développement rural et des eaux et forêts, Mohamed Sadiki, la superficie prévue des cultures printanières dans les zones boréales est estimée à 272.000 hectares (ha) et peut atteindre jusqu'à 300.000 ha. La superficie cultivée, à ce jour dans les zones bour, a atteint 190.000 ha et concerne notamment le maïs (75.000 ha), les pois chiches (50.000 ha) et le tournesol (26 ha). Pour ce qui est des zones irriguées, le ministre a fait savoir que la superficie prévue pour les légumes printaniers est estimée à 80.000 ha, notant que la superficie cultivée actuelle est de 22.000 ha. S'agissant de la production animale, Sadiki a affirmé que le bétail a retrouvé son prix sur les marchés et ce, à la faveur de la production de pâturages et au programme d'urgence de soutien au fourrage. Sami Nemli avec Agence / Les Inspirations ECO