Les marins de la pêcherie traditionnelle se tournent les pouces durant cette période de pluies. Habitués à la saison du mauvais temps, appelée la «manzla» dans le jargon du métier, les plus assidus d'entre eux profitent de ces vacances forcées pour se rattraper sur les travaux d'entretien de leur matériel de capture, notamment les filets. D'autres, ayant pu se constituer un petit capital durant la période estivale, témoignent vouloir s'offrir un voyage vers les stations thermales de Moulay Yacoub. Et les moins chanceux se convertissent dans d'autres petits métiers pour vivoter. «C'est que le poisson se fait rare dans la région et les pêcheurs n'arrivent plus à réussir les grandes prises comme auparavant», regrette un marin jdidi. L'homme, un raïs (chef de pêche), évoque la période de la grande pêche d'antan : du calmar, du requin et de l'espadon. «La grande saison du thon rouge qui s'étalait de juillet à septembre, n'existe plus. Tout le monde y gagnait bien sa vie. Aujourd'hui, la mer ne nourrit plus son homme», se lamente-t-il. 2 ports pour 3.668 pêcheurs La pêche artisanale est dominante dans la région. Selon des sources de la délégation des pêches maritimes (DPM), le secteur offre près de 6.000 postes de travail : 3.668 marins dont 1.204 pour la pêche côtière et 2.664 pour l'artisanale, avec 1.100 barques le long des 150 km du littoral de la province d'El Jadida. Cette dernière compte 2 ports, El Jadida et Jorf Lasfar, et 13 centres de pêches (ou petits points de débarquement). D'autre part, la DPM a immatriculé une flottille de 84 navires de pêche côtière (essentiellement de petits sardiniers et palangriers). D'autres petites activités au port occupent des femmes et parfois même des enfants. Durant les 9 derniers mois de cette année, les captures ont tourné autour de 5.079 tonnes d'une valeur équivalant à 65 millions de DH. A elle seule, la lagune de Oualidia compte 8 parcs ostréicoles et la production des huîtres a atteint, durant cette année, 114.430 kg, pour une valeur de près de 4,6 millions de DH. Pendant la saison estivale, les côtes de la province connaissent une intense activité pour le ramassage de l'algue rouge. Les autorités locales n'arrivent pas encore à réglementer ce secteur. Et une quantité impressionnante de cette algue, servant à fabriquer l'agar-agar, est écoulée au marché noir, pour l'exportation.