Selon l'Association marocaine des transports routiers intercontinentaux, des refoulements de chauffeurs marocains ont été récemment enregistrés suite à l'activation du décomptage des entrées et sorties des chauffeurs. Une situation qui expose les conducteurs à des sanctions lors de la demande de renouvellement du sésame pour l'Europe. Entraves liées à la délivrance des visas, contrôle des réservoirs avec application de la franchise carburant et, récemment, hausse du coût de gasoil… les professionnels marocains de transport international routier (TIR) sont une nouvelle fois confrontés à un problème de taille qui touche de plein fouet leurs activités. Il s'agit du durcissement des mesures de contrôle pour les chauffeurs professionnels marocains disposant de visas Schengen. Abstraction faite de la validité des visas accordés, le contrôle s'effectue essentiellement sur la durée de séjour des chauffeurs, notamment le cumul des jours, dans l'espace Schengen, en veillant à ce que le décomptage des entrées et sorties soit respecté. Selon l'Association marocaine des transports routiers intercontinentaux (AMTRI Maroc), des cas de refoulement de chauffeurs marocains ont été récemment enregistrés à l'entrée et à la sortie de l'espace Schengen, notamment aux frontières espagnoles. Dans un écrit envoyé au ministre du transport et de la logistique, l'AMTRI Maroc a déjà précisé que cette mesure n'a jamais été appliquée par les autorités portuaires espagnoles, ni par leurs homologues de l'espace Schengen depuis le développement du transport routier entre les deux rives. C'est la raison pour laquelle les professionnels ont demandé l'intervention du ministère du transport et de la logistique afin de lever cette nouvelle contrainte qui a été activée et qui pèsera, selon eux, sur leurs activités. L'association a proposé aussi de réfléchir à une approche qui tienne compte de la particularité de ce mode de transport routier en introduisant une catégorie «Chauffeur TIR» au lieu de type «C ». Le chauffeur considéré comme un clandestin Actuellement, le déclenchement de cette mesure porte atteinte aux entreprises du TIR puisqu'en cas de dépassement de la durée de séjour, le chauffeur est considéré comme un clandestin, et il est par conséquent refoulé de l'espace Schengen en ne tenant pas compte de son statut de travailleur régulier auprès d'une entreprise de transport TIR. Une situation qui expose les chauffeurs professionnels marocains à des sanctions lors de la demande de renouvellement de leurs visas. Selon l'AMTRI, la durée, qui peut varier de 30 à 2 fois 90 jours selon le type de visa, contraint déjà les entreprises à renouveler le visa des chauffeurs avant leur expiration, avec les conséquences qui en découlent sur l'activité et la trésorerie de leurs sociétés, alors que le visa n'est pas arrivé à son terme. Ce qui confirme, selon l'association, la volonté des autorités espagnoles d'entraver les relations commerciales par route entre le Maroc et l'espace Schengen. Parallèlement, l'Association marocaine de producteurs et producteurs exportateurs des fruits et légumes (APEFEL) a également adressé une lettre au ministre de l'Agriculture, de la pêche maritime, du développement rural et des eaux et forêts. En rappelant que la quasi-totalité des exportations de fruits et légumes destinés au marché de l'Union européenne, de la Suisse et du Royaume-Uni se font par camion frigorifique, l'Apefel a affirmé dans sa lettre qu'«en plus des difficultés rencontrées pour l'obtention de visas aux conducteurs des ensembles frigorifiques, les autorités aux frontières européennes refusent dorénavant l'accès à tout conducteur de camion ayant séjourné un maximum de 90 jours en entrée unique ou fractionnée». Grave entrave au commerce Selon l'Apefel, une fois les 90 jours atteints, le chauffeur est refoulé vers le Maroc même si son visa est encore valable. Selon cette entité, «au cas où cette disposition est maintenue, un chauffeur muni d'un visa d'un an ne peut accéder au territoire européen que pour un nombre très limité de voyages, et ce, même s'il est juste en transit pour la Suisse ou le Royaume-Uni». En ajoutant que «si cette disposition peut avoir une quelconque justification pour les visas touristiques, elle constitue une grave entrave au commerce et à la libre circulation des marchandises entre les deux rives dans le cas des chauffeurs routiers marocains. Dans ce sens, l'Apefel a demandé également l'intervention du ministère de l'Agriculture auprès des instances compétentes en exemptant les professionnels marocains du TIR du respect de cette disposition pour les raisons professionnelles invoquées, puisque cette mesure pèsera, une fois de plus, sur la compétitivité des exportations marocaines. Par ailleurs, d'autres instances ont été déjà informées de cette situation, notamment la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM). Yassine Saber / Les Inspirations ECO