Bien que la question de l'épuisement du stock des autorisations espagnoles, à usage unique, ait été résolue, les professionnels demandent des autorisations qui couvrent tout l'espace Schengen de l'Union européenne. Compte tenu de la proximité géographique de l'Europe, les exportations agricoles marocaines dépendent fortement de l'UE qui reste le principal partenaire commercial du royaume. Aujourd'hui, «l'origine Maroc» utilise essentiellement deux modes de transport; à savoir le maritime par conteneur ou bateaux conventionnels, en plus du transport international routier (TIR) de marchandises. Toutefois, la compétitivité du Maroc à l'export a été pénalisée principalement par l'épuisement de quotas d'autorisations bilatérales entre le Maroc et l'Espagne. Et c'est grâce au déplacement en Espagne, l'année dernière, de Najib Boulif, secrétaire d'Etat chargé du Transport, que ce problème a été résolu par l'octroi d'un nombre supplémentaire d'autorisations E à la partie marocaine. Modification de l'article 13 «Bien que la question de l'épuisement du stock des autorisations bilatérales, à usage unique, ait été résolue, toutefois, les professionnels demandent des autorisations qui couvrent tout l'espace Schengen de l'UE», estime Fatima Gourma, présidente de l'Association marocaine des transporteurs routiers intercontinentaux (AMTRI), zone sud. Un avis partagé par la fédération du transport et de logistique (FTL) de la CGEM, qui a déjà participé en 2013 à la réalisation de l'étude consacrée au développement du TIR au Maroc. «Ce déséquilibre est né à partir du moment où l'autorité chargée des transports au Maroc a accepté une modification de l'article 13 du protocole d'accord en vertu de laquelle la semi-remorque espagnole est considérée comme marchandise et donc pouvait ne pas être couverte par une autorisation M», explique-t-on auprès de la FTL-CGEM. De ce fait, les transporteurs espagnols ont développé le transport à travers le Détroit de Gibraltar uniquement à travers leurs semi-remorques jusqu'à Tanger qu'ils faisaient tirer par un tracteur marocain à l'intérieur du territoire du Maroc. Par conséquent, les espagnols n'épuisent pas leur quota d'autorisation avec le Maroc. Pour les transporteurs marocains, «à chaque fois qu'un conducteur traverse le sol européen, il doit procurer plus d'autorisations pour livrer sa marchandise», ajoute Fatima Gourma. Il va sans dire que les perspectives de développement du TIR sont grevées par la fluctuation du prix du carburant. À ces facteurs liés aux coûts, s'ajoutent d'autres contraintes relatives à la chaîne de froid, notamment la carence des chambres froides pour les produits périssables en cas de pannes techniques. Absence de référentiel national «Outre la question de l'informel qui grève la compétitivité des entreprises au marché national actuellement, il n'existe aucun référentiel national à l'instar d'autres pays comme la France fixant les tarifs logistiques au Maroc», précise Fatima Gourma. De plus, le transport routier international est particulièrement vulnérable aux activités illégales, mais aussi à la question de la structuration du secteur. «Une commission mixte entre l'Etat et le privé à travers les associations professionnelles, doit procéder à l'encadrement de cette activité en ce qui concerne l'octroi des autorisations de création des entreprises de TI», sollicite Fatima Gourma. Avant d'ajouter que «les opérations internationales bien qu'elles soient effectuées hors taxe, l'acquisition du matériel roulant est soumise à 20 % de la TVA pour l'achat de camions poids lourds», indique-t-il. La situation du secteur exige aussi la mise en place de centres techniques de contrôle de camions de transport international au Maroc et l'activation de ponts-bascules pour le contrôle des charges des véhicules pour diminuer le nombre d'accidents. Malgré ces entraves, le système du TIR au Maroc dispose de plusieurs points forts. Les frais du personnel sont inférieurs à ceux de la concurrence européenne en plus d'une maîtrise du territoire par rapport aux entreprises françaises et espagnoles concurrentes. À cela s'ajoute une meilleure connaissance des chargeurs marocains notamment dans les filières agrumes et produits semi-finis; notamment le textile. De ce fait, le TIR marocain dispose aussi de plusieurs opportunités dont l'intégration économique dans le marché européen grâce à l'accord de libre échange complet et approfondi (ALECA) et l'intégration au marché de l'Ouest africain grâce à l'entrée du Maroc à la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'ouest qui s'élargira à toute l'Afrique; grâce à l'accord de libre échange africain auquel le Maroc a adhéré.