On en sait un plus sur la répartition de l'enveloppe du fonds de 10 MMDH destinée à lutter contre les effets de la sécheresse et du stress hydrique qui frappe le monde agricole. Il sera notamment question de 3 MM DH pour le premier axe du programme afin d'atténuer l'impact de la hausse des prix des aliments du bétail. Le Roi a ordonné, mercredi, le lancement d'un programme d'aide de près de 10 milliards de dirhams pour permettre au secteur agricole de faire face à la sécheresse exceptionnelle qui sévit dans le Royaume. Ce plan d'urgence vise à atténuer les effets du retard des précipitations, à en alléger l'impact sur l'activité agricole et à fournir le soutien nécessaire aux agriculteurs et aux éleveurs concernés, a annoncé le Palais royal à l'issue d'une rencontre entre Mohammed VI et le Chef du gouvernement, Aziz Akhannouch, accompagné du ministre de l'Agriculture, Mohamed Sadiki. À noter que cette rencontre a eu lieu dans la résidence royale de Bouznika, près de Rabat. Une bonne nouvelle, à n'en pas douter, pour la population du monde rural et toutes les composantes du secteur agricole, notamment à un moment où la saison agricole connaît un déficit pluviométrique aigu. «Nous sommes très heureux et saluons le geste ainsi que la rapidité avec laquelle le Roi a répondu favorablement à la demande des producteurs agricoles alors qu'on commençait à peine à demander de l'aide», s'est félicité Rachid Benali, vice-président de la Confédération marocaine de l'agriculture et du développement rural (Comader) pour qui les éleveurs seront sans doute les plus grands gagnants de cette initiative. Remboursement de l'assurance multi- risque sécheresse, possible suppression ou rééchelonne- ment de certains crédits agricoles, respectivement pour les petits et grands producteurs, sauvetage du cheptel, recours à des irrigations d'appoint, aide à l'importation de cer- tains produits, constituent, aujourd'hui, les principales urgences auxquelles il faut faire face, indique notre interlocuteur. Des préoccupations qui semblent prises en compte dans ce vaste programme voulu par le souverain au vu de la répartition de l'enveloppe. Concrètement le programme permettra une distribution de 7 millions de quintaux d'orge subventionné au profit des éleveurs et de 400.000 tonnes d'aliments composés au pro- fit des éleveurs de vaches laitières, afin d'atténuer l'impact de la hausse des prix des aliments du bétail et de la régression des disponibilités en fourrage, pour un coût global de 2,1 MMDH rien pour que le premier axe où il sera égale- ment procédé à la vaccination et le traitement de 27 millions de têtes d'ovins et de caprins, de 200.000 têtes de camelins et traitement des abeilles contre le Varroa, pour un budget de L'abreuvement du cheptel à travers l'aménagement et l'équipement de points d'eau, l'acquisition de citernes et camions citernes et l'aménagement de parcours sur une superficie de 10.000 hectares auront une enveloppe de 224 MDH. S'agissant de l'irrigation de complément pour la pérennisation des vergers nouvellement plantés (de 2 à 5 ans ) 121 MDH sont prévus. Concernant le deuxième axe du programme, relatif à l'assurance multirisque de l'actuelle campagne agricole, il sera procédé à l'accélération de la mise en œuvre de l'assurance sècheresse pour les agriculteurs, pour un capital assuré par les agriculteurs atteignant 1,12 MMDH sur une superficie de 1 million d'hectares. Le troisième axe, relatif à l'allège- ment des charges financières des agriculteurs et des professionnels, est doté d'un budget de 6 MMDH, et vise le rééchelonnement de la dette des agriculteurs, le financement des opérations d'approvisionnement du marché national en blé et aliments du bétail, en plus du financement des investissements innovants en matière d'irrigation. En gros, comme le rappelle Rachid Benali, les agriculteurs ne pouvaient pas rêver mieux. Il faut noter que, dans le meilleur des cas, la récolte ne devrait pas dépasser les 31 mil- lions de quintaux (MQX), selon les prévisions de la corporation, au titre de la campagne 2021/2022. C'est une sous-performance estimée à 40 MQX, voire 50 MQX, qui est attendue par rapport à la précédente campagne agricole, miraculeusement épargnée par les aléas climatiques et où la production céréalière avait atteint 102 MQX, avec un rendement record de 22,9 Q/ha. Et pour cause, la moyenne nationale des précipitations n'a atteint à ce jour que 75 mm, enregistrant ainsi un déficit de 64% en comparaison avec une saison normale. Cette situation climatique et hydrique impacte négativement le déroulement de la campagne agricole, particulièrement les cultures d'automne et la disponibilité des pâturages. S'il est encore trop tôt pour se prononcer sur l'effet qu'aura le probable déficit de rendement sur le PIB, tout indique que les impacts en seront importants. «À chaque fois que la campagne agricole est bonne, avec un rendement d'au moins 70 MQX, on a facilement un taux de croissance de 3%, voire 4,5% si les récoltes parviennent à franchir les 100 MQX», avait souligné dans une précédente édition l'expert marocain international Khalid Ben Ali, d'où la pertinence de cette action royale qui permettra la mise en place des mesures adéquates pour soutenir la valeur ajoutée agricole et redresser la barre dans la perspective de pouvoir réaliser un taux de croissance économique autour de 3%. Rachid Benali Vice-président de la Confédération marocaine de l'agriculture et du développement rural (Comader) «Il y a 30 ans, on avait une sécheresse tous les 5 ans. Maintenant, ça devient pratiquement une année sur deux. Il faudra voir les choses autrement. Heureusement que des projets structurants sont dans le pipe». Khadim Mbaye / Les Inspirations ÉCO