L'absence de visibilité des universités publiques en termes de brevets d'invention a longtemps été critiquée, mais depuis quelques années, les établissements ont commencé à bousculer les vieilles habitudes. L'Université Hassan II de Casablanca a récemment obtenu un brevet d'invention pour le développement d'un système robotique révolutionnaire destiné à l'extraction automatique du venin scorpionique. L'établissement a reçu un avis positif de délivrance de la part de l'Office marocain de la propriété industrielle et commerciale (OMPIC), après sa publication le 30 novembre dernier. Cette invention a été réalisée par une équipe de recherche composée de Mouad Mkamel, doctorant, Pr. Anass Kettani, directeur de thèse, Pr. Omar Tanane, co-directeur de thèse, et Pr. Rachid Saile, directeur du Laboratoire de biologie et santé de la Faculté des sciences Ben-M'Sik. Grâce à cette invention, la collecte du venin se fait via un réseau de convoyeurs automatisés et une centrale pour extraire le venin en fournissant des décharges électriques adaptées à chaque espèce de scorpion, de façon plus rapide et sans risque. «Cette version est venue innover le principe d'extraction. Le dispositif traite 32 scorpions par minute et les stimule de façon adaptée à ce que le venin soit extrait tout en préservant l'espèce», explique Anass Kettani, en précisant que le deal reposait sur la protection de cette espèce d'arachnide. En effet, il consiste en un système pneumatique et vibratoire facilitant la récupération des gouttelettes de venin qui tombent dans un poste de remplissage. Ce système robotique assure un processus totalement automatique sans intervention manuelle de l'opérateur. L'Université Hassan II de Casablanca dispose, par ce brevet, d'un excellent projet qui pourra s'inscrire dans le Centre d'innovation et de transfert de technologie. «Le robot a aussi la spécificité de récupérer le lot de venin dans des conditions biologiques propres afin de pouvoir servir la demande industrielle», indique Pr. Kettani. D'ailleurs, la commercialisation de ce robot intéresse plusieurs acteurs à l'échelle nationale et internationale, notamment les fermiers de venin et les établissements industriels grâce à ses propriétés pharmacologiques prometteuses. En effet, le venin scorpionique fait partie des venins les plus chers au monde utilisés comme principe actif dans la fabrication de médicaments et de produits cosmétiques, ainsi que la production du sérum antivenin. Ce brevet est passé à un stade B1 qui lui concède reconnaissance internationale et notoriété. «Une fois le brevet obtenu, nous avons été contactés par plusieurs entreprises, notamment du Mexique et de Belgique, qui sont intéressés par le robot, mais aussi par le venin», affirme Anass Kettani. Plusieurs opérateurs ont pré-commandé le robot. Ce dernier sera mis officiellement sur le marché avant mars 2022. Par ailleurs, les membres de l'équipe de recherche ont également édité un ouvrage intitulé «Le guide des scorpions au Maroc» qui comprend une première cartographie, selon le degré de venimosité des scorpions. Le doctorant Mouad Mkamel a mené une étude de terrain prospective dans toutes les régions du Maroc, même les plus reculées. Un travail qui a permis d'identifier les espèces de scorpion de chaque région et de déterminer le niveau de toxicité de chacun. Ce guide pratique a été présenté, le 6 janvier dernier, à la Bibliothèque universitaire Mohamed Sekkat de l'Université Hassan II de Casablanca. Tilila El Ghouari / Les Inspirations ECO