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«L'OCDE a une stratégie pour améliorer le climat des affaires au Maroc» : Anthony O'Sullivan
Publié dans Les ECO le 24 - 02 - 2011

Lesechos.ma : Vous êtes bien placés pour avoir une vision globale sur le secteur privé dans la région MENA, comment positionnez-vous le Maroc face à ses voisins ? Sommes-nous un bon élève ?
Anthony O'Sullivan, Chef de la division du développement du secteur privé à l'OCDE : Dans la région, le Maroc est plutôt en avance par rapport à d'autres pays, en ce qui concerne le développement du secteur privé, avec comme objectif l'amélioration des conditions sociales et de l'emploi. C'est aussi l'un des pays qui ont été les plus ouverts dans la concertation avec les partenaires économiques et qui a avancé progressivement des réformes sur les dix dernières années. Ouverture de secteurs à la concurrence, aux investissements étrangers, mise en place de projets importants, notamment les zones franches. Ces dernières sont très importantes puisqu'elles permettent à des entreprises étrangères, comme Renault, de développer toute une filière d'entreprises locales et qui créent donc de la connaissance technique et de l'emploi. La progression a été moins rapide que dans d'autres pays, mais plus cohérente et soutenue dans le temps.
Qu'en est-il des points faibles ?
À la tête des points d'amélioration qui persistent, figure le développement d'un capital humain adapté aux besoins des entreprises. Même s'il y a eu un rattrapage important, le pays accuse toujours un retard important. Le second facteur fondamental est la complexité des procédures administratives, ce qui crée un environnement propice à la corruption, plus que dans d'autres pays. Dans ce cadre, nous allons prochainement lancer, en mai prochain, une stratégie de développement du climat des affaires propre au Maroc, en partenariat avec le département de Nizar Baraka.
Vous êtes actuellement à Casablanca pour vous pencher sur le développement des micro et petites entreprises. Quelle est l'importance de cette thématique pour l'OCDE ?
L'Organisation de coopération et de développement économiques travaille dans la région MENA depuis plus de cinq ans, avec un objectif d'aider les pays du Moyen-Orient et d'Afrique du Nord à améliorer les conditions pour le développement des entreprises et du secteur privé. La raison est qu'il y a une ferme conviction que l'emploi, donc la réduction du chômage, passe par le secteur privé et non le public. Il est question aujourd'hui de définir les actions qui vont permettre aux entreprises d'embaucher plus pour gagner plus. La finalité est sans conteste le développement de l'emploi. 95% des entreprises embauchent moins de cinq personnes. Ce qui montre qu'il y a un blocage au niveau de TPE pour qu'elles puissent se développer et générer plus d'emplois.
Quelles sont les barrières derrière ce blocage ?
L'une des barrières importantes pour le développement des micro, petites et moyennes entreprises est l'accès au financement. Au sein de cette limitation, la région accuse le plus de retard relativement à d'autres en ce qui concerne le cadre réglementaire. D'abord, un cadre réglementaire qui protège les banques en cas de faillite de l'entreprise emprunteuse. Les lois sur la faillite ne sont pas assez claires. Dans un cas de faillite concrète, les banques ne peuvent pas récupérer ce qui a été mis en garantie. Ce qui pousse les banques à être réticentes à débloquer des crédits. Il faut donc mettre en place des lois très claires en cas de faillite, qui donnent à la banque le droit de récupérer les actifs.
Est-ce le seul élément problématique dans le cadre réglementaire ?
Non, il y en a d'autres. L'un d'eux concerne l'objet de la garantie. En ce sens où, dans la région, seuls les actifs immobiliers peuvent être donnés en garantie. Alors que les actifs mobiliers sont exclus, contrairement à ce qui est en vigueur dans les pays de l'OCDE. Or, dans un contexte où les garanties sont plus élevées que les prêts (entre 150% et 200% du prêt), les actifs immobiliers ne suffisent pas à atteindre ces niveaux de garantie. Un troisième domaine où la région MENA est en retard porte sur le rating du risque. Ici, le niveau d'informations fournies aux banques et leur fiabilité sont très limités. Ce qui oblige chaque banque à faire sa propre évaluation avec ce que cela coûte en temps et en argent. Mais il faut dire que le Maroc et l'Egypte ont été les premiers de la région à mettre en place des bureaux de crédit rating, ce qui aide à améliorer la transparence de l'information et réduire le risque pour les banques, pour les encourager à prêter.
À quel point les banques de la région sont-elles réticentes à distribuer des crédits aux PME et TPE ?
D'après les estimations statistiques, sur l'ensemble des crédits de la région MENA, les banques ne prêtent que 10% de leurs crédits à cette catégorie d'entreprises. Ce qui est très bas. Les pays de l'OCDE sont à plus du double. De plus, dans ces pays-là, il y a d'autres sources de financements ouverts aux PME : marché action, business angels, capital-risque... C'est pourquoi nous nous penchons également sur la manière de mettre en place un partenariat, un pacte social avec l'ensemble des banques dans un pays comme le Maroc. Un pacte dans lequel les banques se fixent des objectifs volontaires d'emprunt aux PME. Des objectifs qui ont le mérite d'animer la volonté des banques et de mesurer les résultats derrière. Ce qui forcerait aussi d'avoir une concertation constante avec le gouvernement, pour qu'il accepte de mettre en place des éléments qui réduisent le risque pour les banques. C'est donc un pacte tripartite entre gouvernement, banques et entreprises.
Cette intervention de l'Etat ne va-t-elle pas à l'encontre de l'économie libérale ?
Il faut toujours aller de l'avant. La réalité aujourd'hui c'est que suite à la crise économique, il y a eu une forte pression sur les banques, ce qui pousse à mesurer l'importance de leur rôle dans la société et leur contribution à l'économie. Il n'y a donc pas d'autre choix que d'admettre que le marché a des failles importantes, à cause notamment du déficit d'information. Il faut donc trouver des moyens pour pallier ces défaillances. La meilleure approche passe par une vraie concertation entre tous les acteurs, banques, entreprises et secteur public, pour mettre en place des objectifs et mesurer les résultats. C'est d'ailleurs quelque part l'esprit de Mohammed VI qui a lancé le Conseil économique et social. Mais j'insiste, sans objectifs chiffrés il n'y a pas de résultat. L'on peut parler d'énormément d'initiatives qui sont faites, mais il est indispensable de mesurer les résultats qui s'ensuivent, à travers des indicateurs. Par exemple, l'on peut mesurer la proportion des crédits accordés aux PME par rapport à l'ensemble des crédits.
Pour le cas précis des TPE, elles se retrouvent sans issue possible entre banques et microfinance. Quelle piste de solution pour cette problématique ?
Effectivement, l'exclusion des TPE du système est une réalité. Trop risquées pour les banques et trop grandes pour la microfinance. Mais le problème réside surtout dans le fait que dans la région il n'y a pas de canaux alternatifs pour lever les financements. C'est donc fondamental de travailler sur le développement de ces alternatives de financement. Dans ce cadre, je pense que la piste la plus intéressante est de combiner la notion de downscaling des banques avec des fonds d'investissement sociaux. Ces derniers sont principalement publics et viennent en complément des financements en provenance des banques qui seront non seulement aidées par un cadre réglementaire favorable, mais aussi par des mécanismes de garantie crédibles qui sont cofinancés par le gouvernement. Ce qui veut dire que ce dernier partage le risque avec les banques. Donc finalement, s'il y a un acteur critique ici, ce sont les banques, qui d'ailleurs ont énormément de liquidités dans la région.
Pourquoi ces liquidités ne profitent-elles pas au financement des PME et des TPE ?
C'est lié au fait qu'une grande partie de ces liquidités est allouée aux bons du Trésor des gouvernements. Les banques financent donc la dette des Etats et ne sont pas ainsi orientées vers les entreprises.
Finalement, l'on revient toujours vers l'Etat comme clé de la solution...
Il est clair que l'Etat a un rôle très important à jouer. Pas forcément comme force active d'intervention, mais pour créer le cadre de sécurité et de support qui permette à l'économie de marcher. Ce qui doit être fait en concertation avec le privé. Les banques de leur côté, au-delà de leur propre intérêt, doivent garder à l'esprit le rôle qu'elles assurent dans la société. Il y a là une notion de responsabilité sociale des banques, qui est à prendre en compte dans leur plan de développement. Ça fait partie de leur marque, leur réputation et ce n'est pas contradictoire avec la rentabilité.
O.Z


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