C'est ce que vient de révéler la dernière situation des charges et ressources du Trésor qui relève qu'il s'agit du même niveau que celui enregistré un an auparavant. En clair, malgré la bonne année agricole et son incidence sur le taux de croissance attendu, les finances publiques sont toujours mal en point, affectées qu'elles sont par les effets de la pandémie qui ne se sont pas encore tout à fait estompés. À deux mois de la fin de l'exécution du budget 2021, la dernière situation des charges et ressources du Trésor fait ressortir un déficit de 51,2 milliards de dirhams (MMDH). Il s'agit en fait du même niveau que celui enregistré un an auparavant, ce qui traduit si besoin est que malgré la bonne année agricole et son incidence sur le taux de croissance attendu, les finances publiques sont toujours mal en point, affectées qu'elles sont par les effets de la pandémie toujours pas tout à fait estompés. En effet, même si les recettes se sont favorablement comporté, grâce au redressement de l'activité économique observé cette année portée par la bonne campagne agricole, le raffermissement de la demande intérieure et la bonne campagne de vaccination ou encore l'assouplissement relatif, à partir du mois de juin, des mesures de restriction sanitaires, le compte n'y est pas encore. Hausse des recettes de 21,3 MMDH Les recettes ont enregistré, sur une base nette des remboursements, dégrèvements et restitutions fiscaux, une hausse de près de 21,3 MMDH comparativement à fin octobre 2020 et un taux de réalisation de 85,1% par rapport aux prévisions de la loi de Finances (LF). Dans le même temps, les dépenses ont également augmenté, malgré l'excédent de 8,5 MMDH à fin octobre 2020 du Fonds spécial pour la gestion de la pandémie Covid-19. Ainsi, dans le détail, les recettes fiscales se sont globalement inscrites en hausse de 16,4 MMDH ou 10,3%, enregistrant ainsi un taux de réalisation de 90,2%. Cette augmentation est de 20,2 MMDH ou 12,7%, si l'on tient compte de la contribution de solidarité affectée, en 2021, au Fonds d'appui à la protection sociale et à la cohésion sociale. Les remboursements, dégrèvements et restitutions fiscaux ont pour leur part atteint un montant de 7 MMDH, soit quasiment le même niveau qu'à fin octobre 2020. Recul de l'IS de 3,2 MMDH Par nature d'impôt, les recettes fiscales ont poursuivi leur amélioration, à l'exception de l'IS qui a reculé de 3,2 MMDH ou 8,4%, en relation notamment avec la baisse de l'activité en 2020. L'IR a progressé de 3,9 MMDH ou 11,5%, suite notamment à l'augmentation des recettes générées par l'IR sur salaires (+1,4 MMDH) et sur les profits fonciers (+900 MDH) ainsi que sous l'effet des opérations de contrôle fiscale (+1,1 MMDH) et des deux opérations de régularisation spontanée de la situation fiscale du contribuable (+836 MDH). Les recettes de la TVA à l'intérieur ont augmenté de 3 MMDH ou 17,6%, suite à la poursuite du redressement de la consommation des ménages. Celles de la TVA à l'importation ont bondi de 6,9 MMDH ou 25%, les taxes intérieures de consommation de 3,6 MMDH ou 16,5% et les droits de douane de 2,1 MMDH ou 28%, en liaison respectivement avec la progression des importations (+23,4% à fin septembre) et des mises à la consommation. Les recettes au titre des droits d'enregistrement et de timbre ont également connu une amélioration de près de 2,2 MMDH ou 20,6%, dans le sillage notamment de la reprise de la demande adressée au secteur de l'immobilier et de l'augmentation des crédits à l'habitat. Hausse des recettes non fiscales de 4,3 MMDH S'agissant des recettes non fiscales, elles se sont établies à 22,3 MMDH contre 18 MMDH à fin octobre 2020, soit une hausse de 4,3 MMDH. S'agissant des recettes non fiscales, elles se sont établies à 22,3 MMDH contre 18 MMDH à fin octobre 2020, soit une hausse de 4,3 MMDH. Ces recettes proviennent à hauteur de 9,2 MMDH des produits versés par les établissements et entreprises publics, notamment l'OCP (4,1 MMDH) et l'Agence nationale de la conservation foncière, du cadastre et de la cartographie (2,5 MMDH). Les recettes de cessions de participations de l'Etat ont contribué, quant à elles, pour un montant de 5,4 MMDH suite à la cession de 35% du capital de Marsa Maroc (5,3 MMDH) et de la totalité de la participation de l'Etat dans le capital de la société «Foncière Université Internationale de Rabat» (110 MDH). Pour leur part, les «autres recettes» se sont situées à 7,6 MMDH, dont 5,7 MMDH au titre des produits issus des budgets ministériels. Hausse des dépenses de 7,5% En face, les dépenses ont aussi connu une hausse de 7,5%, par rapport à fin octobre 2020, une évolution qui s'explique principalement par la hausse des dépenses de biens et services de près de 9,8 MMDH, attribuable à hauteur de 7 MMDH aux dépenses de personnel, notamment sous l'effet des rappels et des mesures de la 3e tranche de l'augmentation des salaires décidée en 2019 dans le cadre du dialogue social, et à hauteur de près de 2,9 MMDH aux «autres biens et services». S'y ajoute la charge de la compensation qui a également augmenté de 4,7 MMDH en liaison notamment avec la hausse du cours du gaz butane qui a atteint une moyenne de 610 $/t contre près de 364 $/t un an auparavant. Les intérêts de la dette sont restés relativement stables par rapport à fin octobre 2020, se situant à 25,3 MMDH, recouvrant une légère baisse de ceux afférents à la dette intérieure (-67 MDH) contre une légère augmentation de ceux au titre de la dette extérieure (+93 MDH). Un solde ordinaire négatif de 6,7 MMDH Ces évolutions des recettes et des dépenses ordinaires se sont traduites par un solde ordinaire négatif de 6,7 MMDH contre -13,4 MMDH à fin octobre 2020, soit une amélioration de 6,7 MMDH. En ce qui concerne les dépenses d'investissement, elles ont progressé de 1,6 MMDH, les émissions ayant atteint 51,8 MMDH, contre 50,1 MMDH un an auparavant. Comparativement aux prévisions de la LF 2021, leur taux de réalisation s'est chiffré à 76%. Les comptes spéciaux du Trésor ont dégagé un solde excédentaire de près de 7,3 MMDH contre 12,6 MMDH à fin octobre 2020. Aziz Diouf / Les Inspirations ÉCO