«Nous n'arrivons pas à décoller à cause des accidents». Cette confession est de Youssef Draiss, directeur général de Casa Transports, qui présentait hier le bilan des 45 premiers jours d'exploitation du tramway de Casablanca, en compagnie du DG de Casa Tram, Khaled Rahmani. Ces incidents, ont-ils assuré, constituent à ce jour leur «principal souci» tant les perturbations qu'ils occasionnent entravent la bonne marche du tramway de la capitale économique. En un mois et demi, pas moins de 21 «incidents» ont été enregistrés: 14 avec des véhicules et d'une «gravité légère», 3 ont entraîné des «dégâts corporels», un seul avec un piéton «mais sans gravité» et enfin 3 incidents intervenus au niveau de la ligne aérienne de contact du réseau. Des accidents et des incidents qui sont à en croire Khaled Rahmani, de la faute des «piétons et autres automobilistes». Ces derniers, dans bien des cas, font preuve d'un «manque de vigilance» et de «non-respect» de la priorité réservée au tramway. En un mot, résument les exploitants de ce nouveau mode de transport lancé le 12/12/2012, ce sont «les problèmes de circulation à Casablanca et d'incivilité» qui constituent le premier obstacle au tramway. Conséquence, des retards parfois énormes, vécus avec agacement par les voyageurs. «Un contact avec une rame et un véhicule occasionne une perturbation de 15 min sur le réseau», se justifie le DG de Casa Tram. Abonnement Il n'empêche, l'intervalle moyen de passage des locomotives sur le tronc commun (Terminus Sidi Moumen-Station Abdelmoumen) est de «10 min» et de «20 min» aux branches (soit en direction de Aïn Diab ou des Facultés). Quant au temps de parcours moyen entre Sidi Moumen et les Facultés, il est encore d'1h25 (l'objectif à terme est d'environ 1h10). Le tramway qui relie Sidi Moumen à Aïn Diab met actuellement 1h30 (l'objectif à terme est d'environ 1h17). Par rapport aux prévisions de départ, les responsables des deux sociétés parlent de gain de temps de 20 et de 25% sur les deux liaisons. La montée en puissance vers sa vitesse de croisière devrait se faire dans six mois, si l'on se fie aux promesses de Rahmani. Et «à l'issue d'un an d'exploitation, l'intervalle de passage sera de 4m45s», ajoute-t-il. Cela sera facilité par la réception de la totalité des 37 rames. Actuellement, Casa Tram ne roule qu'avec 26 rames qui transportent en moyenne 40.000 passagers par jours, soit 1.200.000 voyageurs en un mois et demi. Un chiffre bien «bas», de l'aveu de Draiss, mais qui ne «fait pas rougir» Rahmani car, se console-t-il, «il constitue une très bonne moyenne géométrique». À présent, l'objectif est de «fidéliser les voyageurs et d'attirer les clients potentiels». Dans une ville où les usagers font face à de sérieux problèmes de transport, on est en droit de se demander si les Casablancais ne boudent pas leur tramway ! Côté recettes, les entrées journalières génèrent 250.000 DH. 250.000, comme le nombre de passagers que le tramway prévoit de transporter quotidiennement lorsqu'il se mettra véritablement sur les rails. Cette «montée en puissance» se fait progressivement et conduit à une autre étape : le lancement des abonnements et des cartes rechargeables. L'opération et prévue dès le mois de février et sera assurée par 5 agences commerciales, dont une est en cours d'installation sur le boulevard Ghandi. 48 autres revendeurs seront également agréés. point de vue Youssef Draiss, DG de Casa Transports Plusieurs améliorations seront notées durant les prochains mois. Tout ceci entre dans la stratégie de montée en puissance progressive. Au niveau des stations, les tableaux d'affichage commenceront à être montés dès la mi-février. Nous comprenons à ce niveau l'incompréhension des voyageurs portant sur l'absence de dispositif d'information. Pour ce qui est du nombre de passagers transportés par jour, c'est peu, mais il va monter progressivement. À fin 2013, nous espérons atteindre en moyenne 140.000 passagers par jour. Cela dit, le risque commercial n'est pas à notre niveau, mais plutôt au sein du pouvoir public. L'aspect commercial n'est vraiment pas la priorité, mais plutôt de mettre à la disposition des Casablancais un moyen de transport complémentaire à ce qui existe, afin de résoudre les problèmes de transports dans la ville. À ce propos, une subvention de 100 MDH est prévue par an pour combler le manque à gagner. Mais celle-ci devra en principe varier en fonction du déficit.