Les Marocains sont appelés à voter, ce 8 septembre, lors des élections législatives. Un rendez-vous électoral crucial, en ces temps de crise, dont l'enjeu principal demeure la question du degré de participation des citoyens, alors que les électeurs, jeunes notamment, ne cachent pas leur défiance vis-à-vis des acteurs politiques. 2021 constitue une année électorale d'importance au Maroc. Après les élections professionnelles du 6 août dernier, les citoyens seront appelés à voter le 8 septembre prochain, à l'occasion des législatives. Celles-ci seront suivies de deux scrutins relatifs, d'une part, à la constitution des Conseils provinciaux et préfectoraux, réservés aux nouveaux élus communaux, le 21 septembre, et d'autre part, à la formation de la Chambre des conseillers, le cinq octobre. Un agenda très chargé, donc, pour les partis politiques, lesquels inaugurent, en principe, la semaine prochaine, leur campagne électorale, qui devrait s'étaler du 26 août au 7 septembre à minuit, à la veille du scrutin. On le voit bien, l'enjeu est crucial. L'objectif majeur est d'augmenter la participation électorale, tant concernant les élections locales que les législatives, alors que l'électorat, notamment les jeunes, demeure encore sceptique et peu engagé. Au Maroc, peu de jeunes sont membres d'une organisation politique ou syndicale. En effet, le manque de confiance vis à vis des institutions politiques et un discrédit notoire sont fortement enracinés chez la jeunesse, selon de nombreux spécialistes. Un sondage du HCP montre qu'un tiers des jeunes Marocains n'a aucune confiance en son gouvernement. Ce sentiment concerne, également, le parlement et les partis politiques avec des taux de défiance de 42 et 55%, respectivement. Au niveau local, le manque de confiance envers les autorités locales représenterait 60% des jeunes Marocaines et Marocains. Mais pour Mohamed Amine Zariat, fondateur de TIBU Maroc, si les jeunes ne sont pas engagés ou sont dépolitisés, ce n'est pas de leur faute. «Beaucoup ne se retrouvent pas dans les approches et mécanismes mis en place par les partis politiques», explique ce spécialiste de l'éducation et insertion des jeunes, à travers le sport. Il note que les jeunes sont excédés de voir en permanence les mêmes personnes, au bilan peu reluisant, se présenter à nouveau pour solliciter leurs suffrages. Aujourd'hui, poursuit notre interlocuteur, il est indispensable, pour les formations politiques, de repenser leurs discours à destination des jeunes afin de regagner leur estime. Le manque de confiance des citoyens, toutes catégories d'âges confondues, compromet la volonté populaire, chez les jeunes en particulier, de s'investir dans l'action politique. Selon Zariat, la participation de la jeunesse aux décisions qui la concernent est l'un des facteurs mobilisateurs majeurs de cette tranche spécifique de la population. Plus la jeunesse est écoutée et prise en compte dans les décisions relatives à la gestion de la cité, plus elle aura tendance à s'y impliquer. Il faut donc offrir davantage d'opportunité aux jeunes, qu'il faut considérer comme partenaires à part entière, recommande-t-il, car leur engagement dans la vie publique peut également produire un impact économique à long terme. Pour ce faire, il faut offrir des espaces de débats à la jeunesse pour lui permettre de s'épanouir à travers des activités socio-culturelles et démocratiques variées. Malheureusement, au Maroc, la formation de cette catégorie d'âge et son implication dans la chose publique demeurent encore marginales. Pourtant, le gouvernement s'est toujours défendu en revendiquant des acquis considérables en faveur des jeunes. Il faut relever, dans ce sens, les efforts considérables déployés en matière de transparence budgétaire, refonte du système de communication institutionnelle, création d'une plateforme électronique pour les citoyens, et stratégie nationale de lutte contre la corruption (2015-2025). On pourrait citer, également, la volonté d'implication des jeunes pour améliorer les services publics, comme prévue par le nouveau Programme de réforme de l'Administration. Seulement, le constat est toujours le même, avec le scepticisme avéré et la méfiance chronique des jeunes envers les acteurs politiques qui restent de grands défis à relever. Or, le développement du Maroc repose sur une jeunesse libre, épanouie, compétente, entreprenante et citoyenne, qui s'accomplit, réalise ses rêves, et contribue au développement de son pays. On est encore très loin du compte quand on sait que, parmi un grand nombre de jeunes entre 15 et 34 ans représentant 33% de la population, plus de 4,5 millions sont inactifs. Ils ne sont ni à l'école, ni en formation, ni en emploi (NEET). Pire, les jeunes sont la population la plus exposée aux répercussions de la crise de la Covid-19, notamment en termes de difficultés d'accès à l'emploi. Il urge donc de faire preuve de davantage de transparence et d'inclusion, et de rendre plus régulièrement compte de la gestion des affaires publiques. Ceci passe par l'amélioration des capacités de communication et d'écoute des jeunes et la mise à leur disposition de moyens concrets de participation, avec un dispositif permettant de communiquer largement autour des résultats des consultations.