A quelques jours de la célébration de l'Aïd Al-Adha, les marchés du cheptel national destiné à l'abattage à cette occasion, font état d'une offre abondante, mais également d'une hausse des prix par rapport à l'année écoulée. Une situation qui déroge légèrement à la loi de l'offre et la demande en raison de plusieurs variables, dont les répercussions économiques de la crise liée à la pandémie du nouveau coronavirus (covid-19) qui continuent à se sentir aussi bien sur l'éleveur que sur le consommateur. D'ailleurs et comme l'a précisé le ministère de l'Agriculture, de la pêche maritime, du développement rural et des eaux et forêts, il s'agit bien d'une offre de plus de 8 millions de têtes dont plus de 6,5 millions d'ovins et 1,5 million de caprins face à une demande estimée à 5,5 millions de têtes (5 millions d'ovins et 500.000 caprins). La préparation d'une telle offre en ovins et caprins cette année a ainsi nécessité des charges supplémentaires (fourrage, transport, etc) supportés par les éleveurs et lesquelles ont eu, bien évidemment, un impact sur le prix final. Approché par la MAP, Hamid B., éleveur à Casablanca, indique que le « sardi », le mouton le plus prisé par les Marocains, est vendu entre 55 et 57 dirhams le kilo en moyenne, tandis que le prix du « bergui », également appelé « hamra », se situe entre 46 jusqu'à 48 DH/Kg. Pour justifier ses prix, l'éleveur cite la cherté des aliments, mais aussi le coût du transport pour acheminer ses moutons jusqu'à la capitale économique. Une opération qui devrait se répéter plusieurs fois d'ici l'Aïd, surtout que les commandes sont au rendez-vous, assure-t-il. Selon les dires de cet éleveur, cela a impacté le prix final de ses moutons, révélant que malgré cette hausse des prix, il a réussi à écouler 80 têtes depuis le début de l'opération de vente quelques semaines auparavant. Même son de cloche chez Brahim L., éleveur de Sidi Khdim dans les alentours de la ville de Bouznika, qui estime que les prix des moutons ont augmenté cette année de 15 à 35% et ce par rapport à la période d'avant la pandémie de covid-19. Une hausse qui s'explique par l'envolée des prix de l'aliment du bétail, dont les intrants ont flambé sur les marchés internationaux, précise l'éleveur, par ailleurs ingénieur agronome. Ainsi, détaille-t-il, le prix d'un mouton moyen varie actuellement entre 2.500 et 3.000 dirhams, alors qu'un mouton de grande taille est vendu entre 3.500 à 7.000 DH. Cependant, le marché devrait, naturellement, tendre à retrouver l'équilibre, puisque chaque éleveur va essayer de vendre son cheptel en captant le maximum de la demande. Et c'est dans ce sens que Mohamed, un client qui faisait le tour des points de vente de moutons au quartier de Hay Mohammadi, nous confie que les prix ne cessent d'augmenter chaque jour. « Cela fait quatre jours suivis que je visite les différents points de vente de moutons pour avoir une idée sur les prix et aussi la qualité. L'offre est abondante, mais les prix sont en hausse », relève Mohamed qui table sur les deux derniers jours avant l'Aid pour effectuer son achat. Une chose est sûre, cette occasion de l'Aïd Al-Adha se veut une aubaine pour les éleveurs et les agriculteurs en général pour améliorer leur situation financière et récolter le fruit d'une année de travail. Pour cette fête du sacrifice, le ministère s'attend à ce que les transactions commerciales des animaux d'abattage généreront un chiffre d'affaires de plus de 12 milliards de dirhams, de quoi permettre aux agriculteurs de mieux gérer les dépenses des autres activités agricoles, et de redynamiser les activités économiques dans le monde rural.