Indépendamment de sa taille, toute entreprise qui vend ou qui achète dans une devise différente à la sienne est exposée à un risque de change. Comment couvrir ce risque de change ? C'est la question à laquelle l'Association marocaine des salles de marchés (AMSM) s'est attelée à répondre, lors de l'escale d'Agadir du programme de communication et de sensibilisation «Infitah» autour des enjeux de la flexibilité du Dirham. «Aujourd'hui, la flexibilisation du Dirham est toujours dans sa première étape, afférente à l'élargissement des bandes autour du panier. Le Dirham fluctue actuellement dans une bande de 10 %, en fonction de l'offre et de la demande», explique Mounir Razki, directeur des opérations monétaires et de changes à Bank Al-Maghrib. En effet, depuis mars 2018, le Maroc est passé d'un régime de change fixe à un autre flexible. Aujourd'hui, le Dirham est toujours arrimé au panier fixé à 60% d'euros et 40% de dollars américains, mais il a néanmoins évolué dans un intervalle plus large autour de sa valeur de référence. Dans ce sens, la flexibilisation est passée d'un intervalle de +/- 0,3 % à +/-2,5 % en janvier 2018 et à +/-5% depuis mars 2020 pour se situer actuellement à 10%. La réforme a ainsi introduit une nouvelle composante de risque pour les opérateurs économiques, notamment les TPME. «Le régime de change marocain est en pleine transition. Si les grandes entreprises sont outillées, les PME et TPE ne sont pas moins concernées par la forte volatilité des parités de change», note Abdelmalek Benabdeljalil, le président de l'AMSM. Change : risque de transaction ou de compétitivité ? Pour l'entreprise, entre le moment où une offre de prix est remise à l'acheteur et celui où ce dernier procédera au paiement, les devises peuvent fluctuer avec des incidences positives ou négatives en fonction du statut de chaque entreprise (exportatrice ou importatrice). Deux risques sont identifiés : l'un est lié à la transaction à travers la fluctuation des taux de change entre la négociation du contrat et la date de paiement et l'autre est lié à la perte de compétitivité des produits. C'est pourquoi les TPME, doivent prendre conscience de ce risque et l'identifier avant la prise de décision de couverture de risque qui s'impose, afin de préserver la marge bénéficiaire. Parmi les techniques préconisées selon l'AMSM, en externe: transférer le risque de change à la banque partenaire par la souscription d'un produit de couverture contre le risque de change. Dans ce cas, l'entreprise doit définir ses besoins en couverture, notamment en termes de part de compte client en devise, la part des comptes fournisseurs en devise et la variation de changes tolérable en plus de la rentabilité et la possibilité de facturation de risque de change au client… En interne, il s'agit de recourir à la gestion en panier, à la compensation ou à la mobilisation en devis en avance en devise auprès de la banque en plus de la technique du termaillage. Le Dirham, une forte résilience Plusieurs questions demeurent posées par rapport à la situation du Dirham, en contexte de pandémie. « Le Dirham a été extrêmement résilient pour plusieurs raisons. Les ajustements nécessaires se font nécessairement sans faire appel à la Banque centrale », souligne Abdelmoutalib Berrada, Chef de Division de la veille et réglementation au sein de l'Office des changes. De ce fait, la Banque Centrale ne fournit pas de liquidité puisque les rentrées des banques couvrent largement leurs besoins. Selon les intervenants, la résilience dont a fait preuve la monnaie nationale conforte le choix de la flexibilité et la poursuite des prochaines étapes, notamment l'élargissement des bandes autour des prix et l'amorce de la troisième et dernière étape qui consiste à opérer un flottement pur en fonction de l'offre et la demande. Cette étape sera marquée par l'instauration d'un nouveau mode de cotation du Dirham et un détachement de l'Euro et le Dollar. Yassine Saber / Les Inspirations Eco