Le Parlement français a adopté définitivement, en fin de semaine dernière, la loi de finances 2010. Dans la douleur serait-on tenté de dire, la loi de finances n'ayant pas été encensée par l'opposition. Le groupe socialiste et le groupe communiste et apparentés ont voté contre, de même que les Verts et les radicaux de gauche. Fait marquant: la loi de finances 2010 table sur un déficit prévisionnel de l'ordre de 117,369 milliards d'euros, alors que le projet de loi initial prévoyait un déficit de 116,034 milliards d'euros. À titre de comparaison, la France devrait clôturer l'année 2009 sur un déficit de 141 milliards d'euros, bien loin des 52 milliards de déficit prévus initialement dans la loi de finances 2009. Les effets de la crise, la baisse des recettes et le coût engendré par les mesures de relance sont passés par là. En 2010, la situation sera légèrement différente, suite aux amendements apportés. Outre le plafonnement des niches fiscales, la principale nouveauté a trait à la taxe professionnelle. Ainsi, elle sera supprimée dès le 1er janvier 2010 et remplacée par une contribution économique territoriale (CET) versée par les entreprises, constituée d'une cotisation foncière et d'une cotisation sur la valeur ajoutée. Le Sénat a remplacé une partie de la compensation par l'Etat des pertes de ressources pour les collectivités par un système de dégrèvement. Il a, également, nettement avantagé le bloc communal (communes et communautés de communes) quant à la répartition du produit des nouvelles taxes entre collectivités. Ces mesures, ainsi que d'autres, n'ont pas manqué de soulever des interrogations sur leur efficacité, surtout à la lumière des prévisions de l'Institut national de la statistique et des études économiques (INSEE). Avec un rythme de croissance estimé à 0,4% sur les deux premiers trimestres 2010, le rang des chômeurs continuera à grossir, mais avec tout de même un certain ralentissement d'après l'INSEE. Cela n'empêchera pas le marché français de l'emploi de subir la perte de 126.000 postes au premier semestre 2010, avec un taux de chômage devant atteindre 9,8% de la population active en France métropolitaine, contre 9,4% au dernier trimestre 2009. Concernant l'inflation, l'INSEE table sur un taux de 1,5% sur le premier semestre 2010, conséquence directe de la hausse des prix des produits alimentaires et de la facture énergétique. Disparités au sein de la zone euro Au niveau de la zone euro, un taux de croissance de 0,3% est prévu sur les deux premiers trimestres 2010, après un repli de 3,9% en 2009. Les pays membres ne sont cependant pas tous logés à la même enseigne. Si la France et l'Allemagne peuvent se targuer d'un taux de croissance, certes timide, mais en phase avec la moyenne européenne, ce n'est pas le cas de l'Italie et de l'Espagne. Après une récession de 4,9% en 2009, l'Italie devrait afficher un taux de croissance de 0,1% par trimestre en 2010. Quant à l'Espagne, la croissance sera nulle au premier semestre, et de 0,1% au second, contre -3,6% en 2009. L'INSEE explique ces disparités notamment par des différences de compétitivité à l'exportation, de stratégies budgétaires, et de la situation du marché immobilier.