L'Instance centrale de lutte contre la corruption (ICPC) vient de lancer un gros pavé dans la mare. En effet, son rapport, au titre des années 2010-2011, montre clairement que l'Etat, dans ses différentes composantes, ne fait rien pour lutter sérieusement contre la corruption. Pis encore, ce fléau continue a gagner du terrain. En d'autres termes, tout ce qui se dit a propos de la volonté politique pour atténuer les effets de cette plaie et pour mettre un terme a l'économie de rente, n'est que pure spéculation et au mieux un discours de circonstance orienté vers l'étranger. Certes, ce rapport provoquera une vive polémique, qui ne tardera pas à être exploitée, encore une fois, d'une manière politicienne. Cependant, il faut bien recadrer le débat pour que les responsabilités soient clairement définies. Et pour cause, ce rapport évoque une situation relative aux années 2010-2011, donc sous le gouvernement de Abbas El Fassi. Que les partis de l'opposition, notamment l'USFP et RNI, ne viennent donc pas crier au scandale, puisqu'ils en faisaient partie. Quant aux partis de la majorité et à leur tête l'Istiqlal, à cheval entre l'ancien et l'actuel gouvernement, ainsi que le PJD, ils ne peuvent nier leurs responsabilités dans la négligence des recommandations de l'ICPC, au titre de l'année 2009, qui devait en principe servir de feuille de route pour un gouvernement qui prône la lutte tous azimuts contre la gabegie et l'économie de rente. Autant dire que Abdeslam Aboudrar, président de l'ICPC, a le mérite de mettre toute la classe politique devant ses responsabilités et de l'acculer à afficher une ferme volonté politique de lutter ensemble contre la corruption, pour sauver le pays. Les débats à ce sujet sous le perchoir montreraient aux Marocains le niveau de maturité de leurs élus.