«On ne voit pas encore le bout du tunnel et le ciel du secteur de l'Education nationale est entièrement gris». Les propos de Mohamed El Ouafa devant la 2e Chambre au sujet du bilan provisoire des mesures prises lors de cette rentrée pour l'amélioration de l'offre, marquent le nouveau souffle que le ministre istiqlalien souhaite donner aux écoles publiques durant cette année où l'ensemble du corps éducatif est centré sur son sujet, après la résiliation des contrats avec le privé. Le bilan de la rentrée jugé satisfaisant ne fera pas oublier au département de tutelle les urgences à régler avant la fin de cette année et qui touchent surtout aux conditions d'exercice des enseignants. El Ouafa compte, sur ce registre, procéder à un audit de la fondation Mohammed VI des œuvres sociales qui a un rôle crucial à jouer pour la promotion des droits sociaux de l'ensemble du personnel du ministère. «Le régime de la fondation n'est pas réglé et il va falloir procéder à un audit au sein de la fondation qui a distribué jusqu' à présent 67.000 crédits logement depuis sa mise en place», a indiqué le ministre sur le volet social des actions de son ministère. Le plan d'action de 2013 Le gouvernement vient d'annoncer les mesures phares prises en matière d'éducation et d'enseignement qui ont été insérées dans la mouture de la loi de finances 2013 débattue au sein des commissions. Le plan de développement stratégique proposé doit couvrir la période 2013-2016. Les dispositions retenues ont pour principale mission la refonte du système éducatif qui passe par la réhabilitation de l'ancien système jugé défaillant. Le bilan du plan d'urgence qui prend fin dans deux mois avait décelé les failles du système et prévu un certain nombre de mesures qui, à ce jour, n'ont pas été matérialisées. Devant la gravité de la situation et l'urgence soulignée par les institutions concernées, la nouvelle approche du ministère de l'Education nationale s'appuie sur une nouvelle logique qui vise l'autonomie des établissements scolaires, la transparence et la responsabilisation des acteurs du système. Ce plan de développement couvre cinq domaines clés pour le secteur, à savoir l'offre scolaire, la qualité de l'enseignement des établissements scolaires, la gouvernance ainsi que les ressources humaines. Pour l'année 2013, la priorité est axée sur une extension du nombre d'établissements scolaires, le plan de développement prévoit la construction de 569 établissements, de 80 collèges avec internats et de 60 lycées avec 30 internats, afin de répondre à la demande de plus en plus croissante sur ce segment spécifique. Par ailleurs, d'autres programmes de construction sont prévus en parallèle aux chantiers prioritaires, tels que 25 établissements en préfabriqué et 50 nouvelles écoles communautaires, qui ont déjà fait leurs preuves en matière de lutte contre l'abandon et la déperdition scolaire. En outre, les efforts seront également axés sur les difficultés des politiques locales en matière de promotion de l'éducation non formelle, à travers l'établissement de la carte effective des centres d'éducation non formelle et la conclusion de partenariats pour l'ancrage de la problématique dans les politiques locales. Notons également que la création d'une agence nationale de lutte contre l'analphabétisme est intégrée dans les nouvelles réformes, sa mission sera en majeure partie d'assurer une cohésion transversale entre les départements ministériels concernés, dans un but commun de lutte contre l'analphabétisme. Quant à l'enseignement supérieur, six nouvelles universités et 24 amphithéâtres supplémentaires (soit 15.900 nouvelles places pédagogiques assises) sont prévus dans le nouveau plan de développement, 1.160 filières à caractère professionnel accréditées verront le jour en 2012-2013 ainsi que l'extension des établissements universitaires existants. De plus, six nouveaux restaurants universitaires sont dans le pipe. Enfin, les services sociaux envisagent une valorisation des bourses pour l'année universitaire 2012-2013, c'est ainsi que 216.800 étudiants pourront bénéficier de bourses supérieures. À ce titre, notons l'extension des dortoirs universitaires à 19.000 lits pour enrayer le phénomène de l'éloignement géographique. Les écoles privées surveillées de près Les inspections pour le contrôle des établissements privés ne seront pas occasionnelles et vont s'étendre au-delà de la rentrée. La volonté du ministre de l'Education nationale ne va pas fléchir après la rentrée scolaire. Face aux dysfonctionnements du système éducatif, le département de tutelle compte rester ferme et appliquer pleinement la circulaire. Le ministre de tutelle a précisé que le contrôle exercé par son département sur les établissements scolaires privés s'exerce sur le contenu pédagogique des programmes enseignés, alors que c'est le ministère de l'Emploi qui est chargé de faire respecter les droits des salariés du privé. Les deux départements coordonnent leurs actions depuis le mois d'octobre. Le bilan des inspections effectuées en 2011 a révélé que plusieurs réglages restent à apporter, notamment pour régler de manière définitive les problèmes que certains établissements rencontrent avec la CNSS. Sans indiquer le nombre d'établissements concernés par la régularisation de leur situation, le ministre de l'Education a réitéré sa volonté d'aller jusqu'au bout de sa démarche. Les députés ont pour leur part appelé à une démarche participative dans la gestion de cette question épineuse et à ne pas «prendre des décisions unilatérales qui indiquent que le gouvernement n'est pas encore sorti de sa logique de tutelle au lieu d'adopter celle participative», comme l'ont souligné plusieurs députés.