Saïd Ibrahimi tisse petit à petit sa toile financière pour donner forme à Casa Finance City (CFC). Le patron du Moroccan Financial Board (MFB), l'entité en charge du pilotage et de la promotion institutionnelle du pôle financier, enchaîne les partenariats avec les places financières internationales de renom. Le dernier en date remonte au début de ce mois avec l'emblématique «City» de Londres. Il concerne des axes de coopération qui le différencient des accords de collaboration traditionnels entre centres financiers. Il comprend entre autres, des volets tels que la formation, les assurances et le marché des produits dérivés financiers, en plus de plusieurs volets classiques, tels que l'organisation d'événements ou le partage d'expériences et d'expertises. Ce nouveau partenariat vient donc s'ajouter aux précédents du genre, avec notamment la place financière du Luxembourg ou encore celle de Singapour. Cette dernière, comme en atteste Saïd Ibrahimi, pourrait être le modèle que prendra CFC. En effet, la SCE a émergé comme un hub financier pour l'Asie du sud et son expérience devrait être utile pour le cas marocain, qui prétend à un positionnement en tant que hub pour l'Afrique de l'ouest et centrale. Jusqu'à présent, plusieurs échanges ont été menés par des experts singapouriens. En outre, plusieurs actions sur l'aspect judiciaire ont été entamées. Il s'agit, d'une part, de l'organisation d'une conférence internationale sur l'arbitrage en avril dernier et, d'autre part, d'une tournée de représentants du ministère de la Justice et des libertés et du Tribunal de commerce de Casablanca. Cela dit, CFC ne compte pas se limiter à ces trois partenariats. Le DG du MFB affirme vouloir développer l'ouverture et la connectivité de CFC aux autres places internationales. C'est, en effet, l'un des éléments de différenciation dans le classement des centres financiers mondiaux. On s'attendra certainement à d'autres partenariats dans un avenir proche. En dépit d'un contexte mondial toujours marqué par les conséquences de la crise financière internationale, le projet CFC croît à petits pas. En effet, les avancées sur les différents volets sont bien réelles (environnement des affaires, formation, immobilier, connectivité,...) et selon le management du MFB, l'évolution des différents dossiers est bien positive. Ainsi, plusieurs éléments de l'offre sont finalisés et opérationnels. On citera le package fiscal, la fluidité des capitaux et la simplification des procédures administratives telle que l'octroi des visas. D'ailleurs, ce sont 4 nouveaux visas qui ont été récemment accordés pour d'éventuelles implantations. Ces derniers viennent s'ajouter aux deux autres précédemment annoncés et relatifs à deux opérateurs financiers d'envergure internationale. Il s'agit en l'occurrence de Brookstone Partners Morocco, filiale d'une société de capitaux américaine basée à New York et d'AD Capital, filiale d'un groupe financier émirati. Le bémol législatif Cela dit, si le décret d'application de la loi relative au statut de la CFC a d'ores et déjà été adopté, plusieurs autres textes législatives permettant l'efficience du marché financier peinent à sortir des tiroirs du Secrétariat général du gouvernement ou encore à être amendés au Parlement. On notera dans ce sens, les projets de lois relatives à l'Autorité marocaine des marchés de capitaux (AMMC), celle qui régit les opérations de prêts-emprunts de titres ou encore le projet de loi sur le marché à terme. L'Exécutif est bien conscient des enjeux de la mise en service de ces textes de loi et de bien d'autres. D'ailleurs Nizar Baraka, ministre de l'Economie et des finances, en concertation avec le SGG, devraient activer le programme des réformes législatives en priorisant les textes à faire adopter par le Parlement pour que ces textes soient discutés et votés le plus rapidement possible. Avec le lancement de la nouvelle session parlementaire, l‘on pourrait s'attendre à ce que quelques-uns d'entre eux soient amendés avant la fin de cette année. Pour Saïd Ibrahimi, la nécessité que l'ensemble des réformes du marché financier soient rapidement adoptées et mises en place est indispensable pour permettre un nouveau dynamisme de la Bourse, avec une plus grande attractivité pour les investisseurs étrangers. Néanmoins, le dynamisme de la Bourse de Casablanca reste l'un des points noirs du marché financier marocain. Comment le Maroc peut-il prétendre être un hub financier de dimensions régionale et internationale avec un marché boursier qui souffre d'un manque de liquidités non plus conjoncturel, mais désormais structurel. En témoigne l'anémie transactionnelle dans laquelle se morfond le marché depuis près de 2 ans. Les volumes traités s'amoindrissent davantage, affirmant le désintéressement des investisseurs, notamment étrangers, du marché casablancais. Bien des interrogations on été émises dans ce sens pour déterminer le pourquoi de la situation, hélas, sans réponses concrètes. Toujours dans l'attente d'entrevoir le bout du tunnel, un regain de confiance de la part des investisseurs devra s'installer pour redorer le blason du marché boursier et ainsi être à la hauteur des ambitions d'un véritable hub financier régional.