Les cinq derniers mois n'ont pas été de tout repos pour le nouveau directeur général de Lydec, Jean- Pascal Darriet, qui a pris ses fonctions en mai dernier. Il fallait bien commencer à baliser le terrain pour une nouvelle stratégie qui se veut axée sur la satisfaction du client et l'excellence opérationnelle. «Nous travaillons sur une nouvelle stratégie d'entreprise pour pouvoir modifier, recaler, et réorienter. Tout cela afin de répondre au mieux aux besoins d'une population en croissance», a lancé Jean- Pascal Darriet. Des études d'image de marque auprès des clients et des collaborateurs ont été, ainsi, enclenchées pour pouvoir mesurer l'efficacité du rôle de Lydec depuis 1997. À en croire Jean- Pascal Darriet, le bilan d'image réalisé en trois mois ressort positif. C'est un acquis sur lequel il faut capitaliser durant les prochaines années qui s'annoncent bien des années charnières. L'urbanisation galopante de Casablanca rend la tâche complexe à Lydec, contrôlée à hauteur de 51% par Suez Environnement. Celle-ci s'est produite sous l'effet de l'ouverture de nouvelles zones d'activités et d'habitations, induisant l'urbanisation d'un hectare par jour, (soit 350 hectares par an aujourd'hui contre 200 hectares il y a 5 ans. Les projections les plus récentes tablent sur le triplement de cette croissance annuelle, qui atteindra 1000 hectares par an. C'est, d'ailleurs, l'enjeu majeur de la nouvelle révision prévue dans le contrat de gestion déléguée, qui permettra de déterminer le financement de ces nouveaux réseaux d'eau potable, d'électricité et de collecte des eaux pluviales et d'assainissement. En outre, certains réseaux actuels devront également être redimensionnés. Ces points n'étaient, d'ailleurs, pas prévus dans la précédente révision du contrat réalisée en 2009 et il devront donc être intégrés dans le nouveau contrat pour les prochaines années. Plus en détail, la révision du contrat est une étape nécessaire tant pour l'autorité déléguante que pour Lydec. Elle permet de dresser un bilan des cinq dernières années, afin de déterminer les engagements contractuels qui ont pu prendre de l'avance ou du retard, d'évaluer l'évolution des hypothèses ayant permis d'établir ces engagements il y a 5 ans, de mesurer l'impact de ces évolutions sur la performance du service délégué, les résultats de l'entreprise et sa capacité à financer les nouveaux investissements. Elle permet aussi de fixer de nouveaux engagements en prenant en compte l'évolution du contexte de la ville et ses attentes. En attendant, un audit (2007-2011) est en cours pour préparer l'opération de révision. «L'audit n'est pas un exercice contentieux. Il est prévu dans le contrat. Nous sommes demandeurs. Il porte sur l'évaluation de différentes variables telles les tarifs, le service... pour pouvoir ensuite faire l'inventaire des besoins immédiats, hiérarchiser les projets selon l'urgence et mobiliser rapidement les ressources nécessaire», a tenu à préciser les responsable. Selon Jean- Pascal Darriet, le rythme d'urbanisation de la région et les besoins en investissements sont estimés à près 32 milliards de dirhams. Or, le contrat de gestion déléguée actuellement en vigueur prévoit un rythme d'investissement cumulé de 8 milliards de dirhams, pour les quinze prochaines années. Un gap énorme que rappelle le directeur général de Lydec, société franco-marocaine, qui sur 15 ans, a investi plus de 11 milliards de dirhams dont 6 milliards financés par l'entreprise. «L'enveloppe investie afin d'accompagner le développement de la capitale économique dans la mise à niveau et l'extension des infrastructures qui nous ont été confiées et d'assurer au mieux la continuité et la qualité des services publics, a permis de réaliser d'importantes économies de ressources. Les fuites sur le réseau d'eau ont été réduites de 40%. Nous avons atteint un rendement du réseau de 75,5%, ce qui est une performance au regard des 60% observée au démarrage du contrat», a t-il argué. Il va sans dire que la mission de Lydec de satisfaction des besoins d'un bassin qui devrait dépasser les 5 millions d'habitants dans les prochaines années est conditionnée par l'augmentation des ressources financières. En d'autres termes, pour satisfaire les besoins en investissements du prochain plan quinquennal et, en particulier, du projet de dépollution du littoral entre Casablanca et Mohammedia, il devient urgent d'étudier la mise en place de nouveaux moyens de financement. «S'il n y a pas les fonds nécessaires, nous ne serons pas capable d'honorer nos engagements. Car une collectivité qui croit vite n'a plus les mêmes besoins», a t-il insisté. Pour le moment, sur les 900 millions de dirhams engagés annuellement, la part du public (Autorité délégante) s'établit à quelques 400 millions de dirhams. Ainsi, tout retard dans la révision du contrat prévue dans le contrat de gestion déléguée, se traduirait par un retard dans la réalisation de certains projets urgents, du moment que la manne financière ne sera pas renforcée. Cela était, d'ailleurs, le cas pour le premier contrat (1997-2006) dont l'audit a duré plus longtemps que prévu et dont la révision n'a eu lieu qu'en 2009. En somme, toute l'importance aujourd'hui est d'harmoniser les périmètres de distribution d'eau, d'électricité, d'éclairage public et d'assainissement. Dans ce sillage, il convient de préciser que depuis 1997, l'assainissement liquide a représenté 37% du total des montants investis et 53% du total des investissements réalisés en 2011. L'activité Eau potable, elle, s'est vue réserver près de 24% du total de l'enveloppe investie contre 31% consacrée à l'activité Electricité. Projections révisées La prochaine révision du contrat aura pour base les schémas directeurs validés. Ils serviront à actualiser les besoins de financement en matière d'investissements. L'extension de l'espace urbanisé du grand Casablanca et l'augmentation de la population, rapportées aux capacités de production de ressources, constituent des enjeux majeurs. Selon les projections, les besoins augmenteront de plus de 50% en 20 ans. Par rapport à l'eau potable, il s'agit d'optimiser la distribution. Pour l'assainissement, les enjeux concerneront d'une part, la structuration et le renforcement du réseau dans les zones déjà urbanisées et la suppression progressive des zones à risques de débordement (réalisation de grands collecteurs à l'est et à l'ouest de Casablanca,...). D'autre part, les extensions de réseaux nécessaires aux nouvelles zones urbaines. Il faudra maîtriser les débits d'eaux pluviales par le biais de bassins de stockage ou gérer l'évacuation des flux en mer). Pour ce qui est de l'électricité, le schéma directeur a pour objectif notamment d'identifier et de planifier les projets d'infrastructures en matière d'extension afin d'accompagner le développement urbain de la ville. S'agissant du premier schéma directeur Eclairage public, nouveau métier confié à Lydec, et qui vise à renforcer et à mettre à niveau les installations, il est en cours de finalisation.