Investir en ces temps de crise sanitaire relève d'une grande prouesse dont seules quelques rares entreprises se sentent capables. Pour la grande majorité, le manque de visibilité et de trésorerie est tel qu'elles préfèrent ne pas y penser avant la fin de l'année. L'investissement n'est toujours pas à l'ordre du jour dans le paysage économique. C'est un luxe que seules certaines entreprises peuvent se permettre, en ces temps de crise sanitaire. Pour la grande majorité, le manque de visibilité et de trésorerie induit par la crise sanitaire de la Covid-19 est tel qu'elles préfèrent ne pas y penser, avant la fin de l'année au moins. En effet, selon la seconde enquête du Haut-commissariat au plan (HCP) concernant l'impact de la Covid-19 sur l'activité des entreprises, 67% d'entre elles ne parviendront pas à réaliser les investissements qu'elles ont programmés au titre de l'année 2020. En effet, 29% de ces entreprises prévoient un report, 17% une annulation et 21% une réduction. Par catégorie d'entreprises, cette proportion atteint 71% chez les Très petites entreprises (TPE), 60% chez les Petites et moyennes entreprises (PME) et 50% chez les Grandes entreprises (GE). 83% des industries électriques et électroniques et de l'hébergement et restauration ne peuvent pas investir Par branche d'activité, les plus fortes proportions d'entreprises déclarant surseoir ou réduire leurs investissements se retrouvent dans les Industries électriques et électroniques ainsi que dans l'Hébergement et restauration où elles s'élèvent à 83%. Ces dernières sont suivies par les entreprises des Industries métalliques et mécaniques avec une proportion de 77,5%, de celles des branches du Transport et entreposage avec 75%, de celles de l'Agro-industrie (74%), des entreprises de Construction (68%) et des entreprises de Commerce (67,3%). Les effets de la crise sur la trésorerie des entreprises est tellement pesante que près de la moitié des entreprises estiment ne pas être suffisamment capitalisées pour... reprendre leurs activités. Cette proportion est notamment de 50% chez les TPE, 48% chez les PME et 33% chez les GE. Par branche d'activité, les entreprises qui souffrent le plus d'un manque de fonds propres sont celles des Industries électriques et électroniques, du Transport et entreposage et de l'Hébergement et restauration avec, respectivement, 66%, 59% et 57%. Elles sont suivies par les entreprises de Construction (55%), des Services (50%) et du Commerce (40%). 45% des entreprises sont de surcroît endettées Pire, 45% des entreprises enquêtées ont déclaré être endettées, dont 13% fortement et 32% légèrement. Cette situation d'endettement est plus marquée chez les GE où plus d'une entreprise sur 2 (55%) est endettée, dont 19% fortement endettées. Chez les PME, plus de la moitié des entreprises (52%) sont touchées par l'endettement, dont 17% fortement, tandis que chez les TPE, 41% des entreprises sont affectées par l'endettement, dont 11% fortement. Par secteur d'activité, la proportion des entreprises endettées est de 59% dans l'Industrie, 47% dans le Commerce, 43% dans les Services et 40% dans la Construction. On retrouve les entreprises fortement endettées dans les branches des Industries électriques et électroniques avec 28%, dans l'Energie (27%) et dans l'Hébergement et restauration (26%). Le manque de visibilité est tel que 51,3% des entreprises estiment qu'elles ne seront en mesure de reprendre le remboursement de leurs dettes qu'après un an et plus. Ce constat est malheureusement général puisqu'il est observé quasiment avec la même acuité dans toutes les catégories d'entreprises ainsi que dans tous les secteurs d'activité. D'ailleurs, pour financer leur reprise d'activité, 45% des entreprises comptent recourir à un financement externe. 39% d'entre elles comptent se financer par crédit auprès du même partenaire bancaire (50% des GE, 43% des PME et 37% des TPE). 4% des entreprises comptent recourir à un nouveau partenaire bancaire et 3,5% choisissent d'autres établissements financiers. 2,5% optent pour les banques participatives, tandis que l'émission d'obligations et le marché boursier viennent en dernières positions puisqu'ils ne suscitent, respectivement, que 1,2% et moins de 1% de l'intérêt des entreprises. AZIZ DIOUF / Les Inspirations ECO