15 MMDH. Un manque à gagner qui vaut son pesant d'or pour les pétroliers. Ce chiffre représente en effet la somme des arriérés dus par l'Etat aux pétroliers marocains depuis un an. Hier, les rumeurs courraient autour d'une réunion entre ces professionnels et le président du gouvernement, Abdelilah Benkirane, pour envisager les modalités de remboursement. «Aucune réunion dans ce sens ne figure sur notre agenda», fait remarquer Adil Ziady, président du groupement des pétroliers du Maroc (GPM), qui ne se cache pas pour affirmer attendre de pied ferme une rencontre telle que celle-ci, avec les responsables du gouvernement. «Nous attendons par ailleurs la fixation de la date d'une réunion au cours de laquelle nous devrons étudier les moyens d'alléger cette dette», poursuit le responsable. Les arriérés de l'Etat vis-à-vis des pétroliers constituent en effet une charge certaine sur les dépenses publiques, mais grèvent aussi la comptabilité de ceux-ci, impactant par là leurs finances. «Etant donné que la loi de finances ne prévoit pas des fonds suffisants sur ce registre, il faudra étudier les schémas possibles, afin de pouvoir tenir d'ici la fin de l'année», commente Ziady. Intérêts de retard Pour compenser les «pertes», une alternative existe bien mais reste encore au stade de la «réflexion». Les rumeurs parlent d'une revendication des pétroliers de voir appliquer des intérêts de retard sur leurs créances. Adil Ziady ne nie pas l'option, mais précise plutôt qu'il s'agit d'un «projet proposé par les ministères pour compenser le poids des créances sur les opérateurs. Il faut savoir que ce volume oscille entre 850 millions et 1 milliard de DH d'intérêts par an, ce qui reste très lourd à supporter». Pour l'heure, le GPM a déjà agréé cette solution, mais il reste «aux ministères d'étudier les modalités d'application de ce projet», ajoute le président du groupement. Le timing est aujourd'hui plus qu'opportun, sur fond de préparatifs pour l'étude du projet de loi de finances 2013, un exercice qui s'annonce des plus délicats. «Les entreprises pétrolières ne peuvent plus supporter ces gaps financiers, surtout au vu de la conjoncture actuelle», plaide Ziady. Somme toute, si les pétroliers disent attendre que le chef de gouvernement les invite à sa table pour trouver une solution à cette situation, ils ne manqueront pas de monter au créneau, lors des discussions du projet de loi de finances 2013, pour défendre leur intérêts, qui sont sérieusement menacés par le poids de ces arriérés. Par ailleurs, il faut rappeler que tant que la réforme de la Caisse de compensation n'est pas lancée, l'Exécutif ne peut que rassurer ses vis-à-vis pour gagner du temps. En effet, seule cette réforme, censée donner plus de réalité aux prix des carburants, peut soulager aussi bien les pétroliers que l'Exécutif. En attendant, ce dernier n'a qu'une très faible marge de manœuvre, au vu de la situation actuelle des finances publiques. À moins de recourir à la titrisation de ces créances, comme cela a été maintes fois envisagé auparavant. En tout cas, sur ce dossier la balle est définitivement dans le camp de Benkirane...