Lahbib Choubani dresse aujourd'hui un premier bilan du département chargé des Relations avec le Parlement et la société civile. Le volet des relations entre l'instance législative et le gouvernement a été parmi les grands sujets de désaccord entre les deux parties, notamment du côté des partis de l'opposition, qui ont souvent fustigé la non application des nouvelles dispositions relatives au statut des groupes parlementaires de l'opposition. Le bilan de Choubani est précédé d'un récapitulatif des principales réalisations du Parlement depuis sa mise en place en octobre 2011. «La Chambre des représentants a pu accompagner les activités législatives, diplomatiques et de contrôle qui ont été à l'ordre du jour durant cette session», insiste le propre bilan des députés qui reflète plus l'avis des 4 groupes de la majorité contrôlant la Chambre des représentants. Au total, 24 projets de lois émanant du gouvernement ont été validés par le Parlement, contre une seule proposition de loi qui a émané des députés. Cet indicateur montre que les parlementaires évacuent encore le terrain législatif. En matière de nouvelles lois organiques attendues spécialement, les plus urgentes concernent la régionalisation et la loi organique de finances. L'année législative a été un fiasco après que le calendrier du renouvellement de la Chambre des conseillers soit resté flou. Les propositions de lois qui ont été pour leur part déposées au sein des 8 commissions, ont été au nombre de 20 textes dont certains de nature économique, «comme ceux relatifs au code des impôts, à la publicité mensongère, à l'interdiction de la publicité sur les boissons alcoolisées», liste la synthèse faite par l'instance présidée par Karim Ghellab. Pour le contrôle du gouvernement et en plus des trois séances mensuelles qui ont été réservées à Benkirane, les séances hebdomadaires régies par un nouveau règlement intérieur sont pour leur part positivement influencées par les nouvelles mesures contre l'absentéisme, ce qui a porté le nombre des interpellations des membres de la 1re chambre à 1.474 questions orales, dont 196 de nature urgente. Un record pour cette session, qui a connu une réactivité importante du gouvernement concernant les 809 réponses aux questions écrites pour des sujets souvent à dimension régionale ou locale. Le rendement des 8 commissions parlementaires montre pour sa part que l'ensemble des ministres a été convoqué aux travaux de ces Chambres restreintes, parallèlement aux visites de terrain effectuées par le Parlement à plusieurs entreprises publiques. Le fardeau de la triple tutelle Ce ne sont pas uniquement les relations avec le Parlement qui feront l'objet de la nouvelle évaluation, mais également la tutelle nouvellement confiée au département de Choubani sur les associations et la logique de la rationalisation des aides, ayant déjà fait l'objet d'un premier examen en avril, au sein de la commission de la justice et des droits de l'Homme. «Le département d'El Habib Choubani risque de passer une année «blanche», vu l'ampleur des chantiers qui ont été tracés dans le programme du gouvernement», lance un député de la majorité, ajoutant que le bilan atteint jusqu'à présent a laissé l'ensemble du tissu associatif sur sa faim». La discussion du projet sectoriel de Choubani dans le cadre de la loi de finances 2013 devra coïncider avec les préparatifs des premières assises des associations, initialement programmées pour la fin de cette année 2012. Les statistiques montrent que 2,5% des ONG, toutes catégories confondues, s'accaparent 63% du total des 8,8 MMDH de subventions accordées par l'Etat. En outre, l'action des pouvoirs publics sera plus focalisée sur les ONG opérant avec les jeunes et dans les secteurs éducatifs et sociaux. Les associations étrangères opérant au Maroc, ainsi que celles des MRE opérant au sein des pays d'accueil, sont également parmi les questions qui attendent des réponses urgentes des responsables associatifs. «On rate encore l'essentiel» : Younès Sekkouri,Député du PAM. Les Echos quotidien : Quelles sont vos principales appréhensions quant au bilan des relations du gouvernement avec le Parlement ? Younès Sekkouri : Je pense qu'il y a eu une période d'apprentissage et d'interprétation du texte constitutionnel quant à la nature de la nouvelle relation que devraient entreprendre le gouvernement et le Parlement. Des efforts ont été faits de part et d'autre, mais on rate encore l'essentiel. En termes plus clairs, quels sont les grandes failles ? Il faut dire que le gouvernement n'arrive pas encore à donner forme à une relation qui puisse mettre en avant le rôle de l'opposition et surtout développer une politique qui ne tient pas compte uniquement de l'agenda gouvernemental, mais de ceux que l'opposition représente, ainsi que de ceux qui ne sont pas représentés au Parlement. La parfaite illustration de cela, c'est la répartition du temps de parole lors de la séance des questions adressées au président du gouvernement. Je dois dire que le gouvernement n'a pas besoin de beaucoup de temps de parole, s'il a des propositions concrètes à formuler, mais en nécessite pour polémiquer. Comment se présente la prochaine session d'octobre ? Je reste amplement optimiste et je m'attends à ce que la nouvelle session de printemps connaisse des avancées qui permettront aux citoyens de se rapprocher encore davantage de la politique.