Si la première réunion tripartite a fait avancer les négociations avec les centrales syndicales et le patronat, elle n'a toutefois pas encore abouti à des solutions pour relever le défi de la pandémie et relancer l'économie nationale. Un deuxième round dans le cadre du dialogue social est à prévoir afin de «déterminer les problématiques et proposer des solutions réalistes». Peut-on dire que la crise de la Covid-19 a réussi à calmer les esprits dans la sphère politique? Si certaines divergences subsistent, elle a le mérite de rétablir le dialogue social pour élaborer un plan de relance et de redynamisation de l'économie nationale. L'objectif étant de trouver un terrain d'entente et des solutions communes entre les différents partenaires socio-économiques de relever les défis imposés par la pandémie. Il faut dire que l'économie nationale, suite aux répercussions de la crise sanitaire, n'est pas au meilleur de sa forme. Selon la dernière note du Haut-commissariat au plan (HCP), l'activité nationale devrait connaître cette année une récession de 5,8%, la première depuis plus de deux décennies, sous l'effet conjugué de la sécheresse et de la pandémie. Dans ce contexte de détérioration de la croissance économique, et sous l'hypothèse d'une poursuite de la baisse tendancielle du taux d'activité au niveau national, le taux de chômage devrait atteindre un record de près de 14,8%, soit une hausse de 5,6 points par rapport au niveau enregistré en 2019. «L'enjeu de la conjoncture actuelle est de prendre des mesures sociales et économiques pour préserver les emplois, mettant en avant les efforts consentis en soutien à l'investissement public dans le projet de loi de Finances rectificative, ainsi que l'importance de poursuivre la mise en œuvre de l'accord tripartite conclu le 25 avril 2019», avait souligné vendredi le chef du gouvernement, Saâd Dine El Otmani. Un nouveau round du dialogue social tripartite s'est ainsi tenu en présence du président de la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM), des secrétaires généraux des centrales syndicales les plus représentatives, du ministre de l'Intérieur et du ministre du Travail et de l'insertion professionnelle. Celui-ci a été consacré à l'examen des conditions nécessaires à la redynamisation de l'activité économique et à la reprise du travail au sein des entreprises, tout en veillant à la compétitivité, la production des marchandises, la prestation des services, aux droits des employés et à la préservation des postes d'emploi. À ce jour, le chef de gouvernement a reçu environ 23 mémorandums de la part des partis, des syndicats et de la CGEM, dont certains ont été pris en considération dans le PLFR 2020. «Les autres seront pris en compte dans le cadre de textes légaux et de prochaines mesures», assure le chef de gouvernement. D'ailleurs, l'organisation d'un deuxième round du dialogue social tripartite est à prévoir afin de déterminer les problématiques spécifiques et de proposer des solutions «réalistes». Pour Chakib Alj, président de la CGEM, ce dialogue sera positif dans la mesure où il permettra de mettre en place une plateforme à même d'aboutir à un accord avec le gouvernement et l'ensemble des partenaires socio-économiques. Il souligne, par ailleurs, la nécessité d'examiner les moyens de préserver près de 600.000 emplois provisoirement suspendus dans presque 100.000 entreprises dans le secteur formel, outre 3,4 millions postes d'emploi suspendus dans une situation de précarité. La préservation des emplois dans des conditions convenables reste en effet le maître mot des principales centrales syndicales. «L'objectif de cette réunion qui intervient suite à l'allègement progressif du confinement sanitaire est de renforcer la relance de l'économie nationale et de préserver la santé des employés et des salariés ainsi que leurs droits sans pour autant perdre de vue l'importance de sauvegarder les emplois», affirme Abdelilah El Halouti, secrétaire général de l'UNTM. De son côté, Miloudi Moukharik, secrétaire général de l'UMT, plaide pour les conditions auxquelles est actuellement soumise la classe ouvrière, les moyens susceptibles de restituer les emplois perdus en raison de la pandémie, ainsi que la préservation du pouvoir d'achat de l'ensemble des salariés. Cela va, en somme, dans le sens de l'accord tripartite signé le 25 avril 2019 entre le gouvernement, trois centrales syndicales et la CGEM, qui vise essentiellement à améliorer le pouvoir d'achat des fonctionnaires et des employés du secteur privé. Il devait être effectif via l'adoption de 36 projets de décret. Outre l'institutionnalisation du dialogue social, l'accord prévoyait entre autres une augmentation générale des salaires des fonctionnaires, une hausse de 10% du SMIG et du SMAG ou encore un relèvement de 100 DH des allocations familiales pour les trois premiers enfants. Aida Lo