Les hôteliers avaient beaucoup misé sur Kounouz Biladi pour sauver la saison. L'opération dont l'offre se prolonge cette année jusqu'en décembre, ne semble pas accrocher les touristes Marocains. En juillet, ils n'ont pas beaucoup voyagé. Selon un professionnel du tourisme, les nuitées des nationaux à Marrakech, auraient chuté de près de 60% par rapport à juillet 2011. Un fléchissement qui n'est pas le fait du seul mois de ramadan, qui n'a d'ailleurs commencé que le 21 juillet. Au vu de l'importance que représente de plus en plus le marché intérieur pour l'industrie touristique nationale, les timides performances des principales destinations marocaines se sont fait ressentir cet été. Il semble que la plupart des Marocains ont décidé de décaler leurs vacances après ramadan. Même l'afflux des touristes étrangers n'était pas au rendez-vous. Pour ne prendre que le cas des deux principales destinations à savoir Marrakech et Agadir, elles ont vu leur activité touristique déprimer après avoir repris des couleurs le mois dernier. «À Marrakech, la baisse des arrivées est estimée en juillet à près de -13%, alors que les nuitées se sont repliées d'environ -17%. Le taux d'occupation moyen, est lui estimé à près de 43%. Alors qu'en 2010, pour le même mois, il a dépassé les 50%», s'est alarmé un opérateur touristique. La ville d'Agadir n'est pas mieux lotie. Elle a enregistré des arrivées et des nuitées dans les hôtels classés en régression de -16,20 et -15% respectivement, avec un taux d'occupation moyen qui n'a pas dépassé les 56%. Bref, une réalité se confirme, les nationaux, venant au secours du tourisme marocain en ces temps de crise, préfèrent passer le mois de ramadan en famille. Les offres ramadanesques de Kounouz Biladi ne sont pas arrivées à leur faire changer d'habitude. Rappelons que cette année, la nouveauté réside non seulement dans la disponibilité de capacités hôtelières en quantité et en qualité, mais aussi dans la mise en place, par un grand nombre d'agences de voyage, de packages sur mesures comprenant l'hébergement, des excursions, le transport... «Kounouz Biladi est bien fait, seulement le ramadan a empêché les Marocains de voyager. Pour les touristes étrangers, il y a lieu de signaler l'insuffisance en capacités sièges, surtout que Royal Air Maroc a mobilisé une partie de sa flotte pour la Omra, dont l'opération Aller s'est étendue du 13 juillet au 6 août 2012», a tenu à préciser un hôtelier. Séance de rattrapage Juste après l'Aïd, tout le monde a l'impression que les grandes vacances viennent de commencer. En effet, l'engouement sur les offres hôtelières, sans passer forcément par le site kounouzbiladi.com, concoctées par l'ONMT et les professionnels du tourisme (hôteliers et agences de voyage) ne se dément pas. Des villes comme Casablanca et Rabat se vident au profit d'autres destinations touristiques balnéaires comme Agadir, El Jadida, Tétouan ou Tanger. Même les hôtels de la ville ocre affichent complet en dépit de la chaleur qui y sévit jusqu'à la rentrée. Reste à préciser que ce sont les unités hôtelières, dont l'offre commerciale est construite autour du «all inclusive», qui volent la vedette. Pour le touriste national ou étranger, cette formule constitue l'idéal pour profiter de tout sans avoir à se soucier ni de son budget, ni d'aucune autre contrainte matérielle. La formule «tout compris» permet notamment de participer gratuitement à toutes les animations proposées dans l'hôtel (jeux, soirées dansantes, ainsi que de bénéficier de plusieurs prestations (petit-déjeuner, déjeuner, dîner, spa hormis le massage...). Si pour certains hôtels, tout le modèle économique est conçu autour de cette formule, d'autres unités hôtelières, pour pouvoir tourner à plein régime, se sont trouvées dans l'obligation de suivre la tendance et d'adopter temporairement la formule du «tout compris». C'est une offre qui répond parfaitement aux besoins des familles marocaines. D'autant que les hôteliers rivalisent en matière de tarifs et d'offres promotionnelles. À vrai dire, il y en a pour toutes les bourses. Le client est devenu très vigilant, il compare les prix et les offres avant de décider de la ville et de l'hôtel où il souhaite séjourner. Un comportement qu'il a pu développer grâce à l'avalanche de sites au Maroc qui proposent des deals pour des voyages à prix cassés. On compte aujourd'hui plus de 260 deals à concurrencer les offres des hôteliers et des agences de voyage sur le site Web de Kounouz Biladi. Il faut dire que l'engouement actuel des touristes, notamment nationaux, permettra aux acteurs du tourisme (hôtels, restaurants...) de compenser les pertes affichées depuis le début de l'année 2012, avant de remonter la pente en mai et juin. Durant ces deux mois, les arrivées aux postes frontières des touristes étrangers notamment, ont augmenté de 9,9% en juin après les 7,9% en mai. De même, les nuitées vendues dans les hôtels classés ont enregistré une progression notable de 13,3% contre 11,1% en mai. Certes, cette embellie rassure les professionnels du tourisme, mais il n'en demeure pas moins que le secteur manque de visibilité quant aux principaux marchés émetteurs. «L'Etat se serre la ceinture alors qu'il faut mettre les moyens pour dépasser la crise et maintenir le cap. Pour la conquête des marchés émetteurs, il est primordial de chercher le client là où il est, tout en étant très vigilant par rapport à la concurrence», a insisté notre source. Toute l'importance aujourd'hui est de multiplier les campagnes agressives de communication pour sensibiliser les prospects aux divers atouts touristiques du Maroc. La participation au workshop et la présence dans des salons internationaux, comme le Top Résa prévu cette année du 18 au 21 septembre 2012, sont fortement plébiscitées pour faire la promotion de la destination Maroc, qui pour le moment, ne peut pas concurrencer des destinations comme la Turquie, la Tunisie et l'Egypte sur le balnéaire. L'offre du Maroc sur ce produit est trop limitée, étant donné le retard accusé dans la réalisation des stations balnéaires du Plan azur. Toutefois, le Maroc développe un produit culturel fort, en proposant un tourisme responsable, ainsi que les produits de niche à l'instar du golf et du spa par exemple. Difficultés à drainer les internationaux Selon l'indice de confiance de l'OMT (Organisation mondiale du tourisme), les perspectives restent favorables pour la période comprise entre mai et août, période correspondant à la haute saison d'été. En effet, l'OMT prévoit que le nombre de voyageurs durant cette période atteigne 415 millions de touristes. Pour la fin de l'année, l'OMT prévoit une augmentation du tourisme international entre 3 et 4%. Seulement, le Maroc éprouve des difficultés à drainer les touristes étrangers. En témoigne le retrait de -6,9% à 31,35 MMDH des recettes voyages à fin juillet 2012, en comparaison à la même période de l'année précédente. Certes la crise économique en Europe et le Printemps arabe y sont pour beaucoup, mais il n'empêche que les faibles moyens financiers mis à la disposition de l'ONMT (Office national marocain du tourisme) n'aident pas non plus.