Les taux débiteurs appliqués aux crédits continuent de se rétracter au terme du second trimestre de cette année. Ainsi, après la forte poussée du dernier trimestre 2011, marquée par une hausse de 34 points de base du coût du crédit, le taux moyen pondéré des prêts s'est inscrit en baisse depuis le début de l'année pour reculer de 52 points de base à fin juin à 6,3%. La baisse a concerné l'ensemble des crédits, y compris les prêts à la consommation, qui ont affiché une certaine résilience un trimestre auparavant, pour ensuite chuter de 27 points de base à 7,19%. Concernant les autre catégories, l'évolution de la tendance reflète également un repli de 48 points de base des taux appliqués aux facilités de trésorerie à 6,08% et, dans une moindre mesure, la baisse de ceux assortissant les crédits à l'équipement et à l'immobilier, respectivement de 23 et de 6 points à 5,93 et à 6,13%. Cela dit, pouvons-nous nous attendre à une poursuite de cette tendance ? Les avis sont partagés. Le marché a bénéficié de conditions relativement favorables durant le premier semestre. Les taux créditeurs ont à contrario repris, mais restent tout de même en légère baisse par rapport au pic atteint en janvier 2012. Celui des dépôts à 6 mois et à 1 an a augmenté se fixant autour de 3,76% en juin (contre 3,80% en janvier 2012). Si les banques se financent essentiellement grâce aux dépôts des épargants, ceux-ci ne couvrent plus comme par le passé les besoins en ressources du secteur. Cette situation est désormais devenue structurelle. Le déficit de liquidités ne cesse de se creuser et atteint plus de 70 MMDH à fin juillet (édition du 23/08/2012 c.f. www.lesechos.ma). Concernant les autres sources de financement, sept banques ont procédé en juin à l'émission de certificats de dépôts d'un montant global de 3,9 MMDH, tandis que trois sociétés de financement ont émis des bons d'un montant de 1,1 milliard. Pour ce qui est des billets de trésorerie, deux émissions d'une valeur de 270 MDH ont été opérées durant le mois de juin. En tenant compte des remboursements chiffrés à 4,4 MMDH, l'encours des titres de créances négociables a atteint 81,8 MMDH au lieu de 80,9 milliards un mois auparavant. Parallèlement, la croissance des crédits s'est légèrement améliorée à 7,4% contre 6,4% une année plus tôt. L'évolution reste assez disparate d'un segment à l'autre. Toutefois, après deux années consécutives de hausse à deux chiffres, les facilités de trésoreries et les crédits à l'équipement ralentissent le rythme. À fin juin, ils avancent respectivement de 9,6 et 1,2% pour des concours respectifs de 180 et 138 MMDH. La progression se trouve dans des mesures équivalentes pour les prêts immobiliers qui affichent tout de même un léger ralenti par rapport à l'année précédente. Leur hausse culmine à 7,7% pour 215 MMDH. Pour leur part, les crédits à la consommation réalisent un sacré bond d'une année sur l'autre. Véritable signal de la relance de la demande, les crédits à la consommation sortent de leurs atonie et progressent de près de 19% au premier semestre, à 39,7 MMDH, contre seulement 5,4% une année auparavant. Globalement, le volume des prêts totalise plus de 709 MMDH. Face à ces données, les dépôts issus de la clientèle n'ont augmenté que de 3,5% sur une année, à 663 MMDH. Malgré le resserrement des trésoreries bancaires, les professionnels attribuent davantage la petite forme du crédit à la conjoncture et à un coup de frein au niveau de la demande. Certes, les «crédits conso» ont confirmé leur bonne tenue, entraînant de facto une certaine relance de la demande. Cela dit, le défi est de maintenir le trend jusqu'à la fin de l'année. Impact de la baisse du taux directeur En mars, Bank Al-Maghrib a baissé de 3,25 à 3% le coût de refinancement des établissements de crédits en monnaie centrale. Cette baisse serait-elle répercutée sur l'évolution des taux débiteurs ? L'impact n'est certes pas automatique, et encore moins mécanique. En effet, les liquidités injectées par l'institut d'émission sur le marché monétaire, représentent une petite partie de l'ensemble du refinancement des banques. Toujours est-il que la détente des taux se confirme à son tour, au niveau des autres ressources comme les dépôts à terme ou encore les bons de caisse. Rappelons-le, l'abaissement du taux directeur est destiné à soutenir davantage les institutions bancaires dans leur mission de financement de l'économie. Le constat devrait se confirmer si les taux débiteurs poursuivent leur tendance baissière durant la seconde partie de cette année.