La mutation du bi-pôle Tanger-Tétouan se concrétise par des investissements dans des infrastructures de grande envergure. Première conséquence, la région connaît une dynamique démographique très importante aussi bien dans le milieu urbain que le milieu rural. La population urbaine de la région a progressé de 2,4% par an en moyenne, au moment où la population rurale a crû de 1,4% par an. Alors qu'au niveau national, les populations urbaine et rurale se sont accrues aux rythmes annuels de 2,1% et 0,6% respectivement, selon une étude confiée au BET Ayad par la Société d'aménagement Al Omrane Al Boughaz sur les perspectives du secteur de l'immobilier résidentiel à l'horizon 2020 dans la région Tanger-Tétouan. «Bien que le phénomène de l'urbanisation rapide soit général au Maroc, il prend une dimension particulière à Tanger et à Tétouan où l'urbanisation est amplifiée par les impacts du Port Tanger Med», explique Khalil Essamaha, chef de la division de l'habitat à Tanger. Il apparaît ainsi que le milieu urbain de la région de Tanger-Tétouan a vu la formation de 103.000 ménages durant les dix dernières années, soit une moyenne annuelle de 10.300 ménages. Du côté de l'offre, la production de logements dans le secteur réglementaire en milieu urbain dans la région de Tanger-Tétouan durant les dix dernières années s'est élevée à plus de 91.000 logements, soit une production moyenne de 9.100 logements par an. Déficit en logements Selon les derniers chiffres, le déficit en logements en milieu urbain de la région Tanger-Tétouan est estimé à 72.500 logements dont 51% concernent la préfecture de Tanger-Assilah et 28% la province de Tétouan. «La production annuelle actuelle (moyenne des dix dernières années) reste insuffisante pour couvrir les besoins des ménages formés annuellement», est-il indiqué. À ce rythme, cet excédent de la demande par rapport à l'offre devra s'ajouter au déficit actuel estimé à 87.500 unités. Les deux composantes de l'équation (couverture des besoins nouveaux et résorption du déficit actuel) ne seront donc pas résolues. Autrement dit, le pire est à craindre si les tendances observées durant les dix dernières années (démographie et production de logements) se maintiennent ou si l'écart entre la demande et l'offre se creuse davantage. Afin de venir à bout du déficit cumulé et satisfaire la demande additionnelle en logements, le ministère de l'Habitat, de l'urbanisme et de la politique de la ville a procédé à l'ouverture à l'urbanisation de près de 15.000 hectares au niveau de la région de Tanger-Tétouan. Ces superficies sont réparties comme sur le littoral M'diq-Fnideq avec 6.716 hectares, 1.500 ha pour de nouvelles zones d'urbanisation à Tétouan et à Martil et un total de 5.530 ha pour Tanger et sa région (En plus de Tanger à Bni Makada, à Charf-Mghogha et Charf-Souani) et pour résorber les besoins en logements liés aux emplois des chantiers Tanger-Med, le gouvernement a procédé à la création de la ville nouvelle de Ksar Sghir-Ksar El Majaz prévue sur 1.500 ha et pourra accuellir à terme dans les 100.000 habitants répartis entre 60.000 résidents et 40.000 touristes. Par ailleurs, d'autres villes nouvelles verront le jour aux alentours des zones d'activité économique et industrielle naissantes. Il s'agit, notamment, de la ville nouvelle de Gzénaya (1.070 hectares, 350.000 habitants) et de Chrafat (1.300 hectares, 30.000 logements et 150.000 habitants) pour laquelle le roi vient de donner le coup d'envoi des travaux de réalisation.