«Emplois, stages..., les femmes à l'honneur .Vous êtes une femme. Vous vous demandez si Renault saura utiliser vos talents et répondre à vos ambitions...Alors, venez imaginer avec nos équipes les véhicules que vous souhaiteriez acheter». C'est désormais le nouveau message qui accueille sur le site web du constructeur, les candidat(e)s qui vont postuler à ses offres d'emploi. Mais le phénomène ne s'arrête pas au seul cas de Renault. En Europe de manière générale (et particulièrement en France), une impressionnante poussée féministe s'empare aujourd'hui du monde de travail, et de plus en plus d'entreprises affichent leur penchant pour cette dynamique (voir encadré). Les raisons d'un tel choix varient selon les entreprises. Certaines l'abordent sous un angle plutôt militant et d'autres suivant une logique de marché. Renault, par exemple, a expliqué les raisons qui le poussent à avoir un penchant «féministe», en soulignant que si elle priorise la gent féminine en matière d'emploi, c'est parce que 60% de ses clients sont des femmes. Toujours est-il que, les politiques visant à promouvoir la gent féminine dans les organisations intègrent les pratiques RH de certaines entreprises et se généralisent. Tendance mondiale lourde En 2003, le bureau international du travail (BIT) avait comptabilisé que 40% des 2,8 milliards de travailleurs que compte le monde étaient des femmes, soit un total de 1,1 milliard. Le BIT avait alors qualifié la situation d'entrée en force des femmes sur le marché du travail, même s'il regrettait par ailleurs l'inégalité de traitement (sur les plans salarial, d'évolution de carrière et de prestations sociales) plutôt défavorable à la gent féminine. Mais depuis, la paroi de glace n'a cessé de se fissurer en matière de carrière et la situation a nettement évolué sur ce plan en faveur des femmes. Selon le Fonds social européen (une instance de l'UE qui œuvre pour la parité), entre 1960 et aujourd'hui, l'écart de rémunération entre les sexes à compétences égales dans l'espace UE aurait été réduit de moitié, passant de 40% à un peu moins de 20%. À l'échelle mondiale, c'est indéniablement la même tendance qui s'observe avec, cependant, de sensibles différences d'une région à une autre. Au Maroc, une analyse menée sur la condition féminine par Hayat Zirari, l'un des auteurs du rapport du Cinquantenaire a révélé que sur 20 ans (entre 1982 et 2002) le nombre de femmes travaillant a triplé dans les zones rurales et doublé en milieu urbain, avec un taux de participation à l'activité économique atteignant alors 24,7%. En 2010, les chiffres publiés par le Haut Commissariat au Plan (HCP) à l'occasion de la Journée du 8 mars montrent une progression (un taux de participation à l'activité économique de 25,8%), mais très légère par rapport à la situation de 2002 et à la tendance qui s'observe en Europe. Lobbying au féminin Parmi les raisons profondes qui expliquent cette mutation, il y a sans doute le basculement de la balance démographique (la gent féminine représentant plus de 50% de la population mondiale). Mais au-delà de leur poids dans la démographie, la montée en puissance des femmes dans les sphères économiques et organisationnelles est surtout le fruit d'un travail de lobbying incessant démarré depuis une vingtaine d'années. Ces lobbyings féminins que certains analystes appellent désormais «women power» ont pu au fil du temps s'octroyer les soutiens des instances de gouvernance mondiale (ONU, EU, FMI...) et disposer d'une capacité d'influence tendant à être planétaire. Ainsi, le lobby européen des femmes (European women's lobby) fondé en 1990, regroupe aujourd'hui des membres dans 30 pays européens et représente plus de 2.500 organisations. En 2010, son budget de fonctionnement était de 1.024.231,29 d'euros, financé principalement par l'UE (81,65%) et par les cotisations d'associations adhérentes et autres (18,35%). Féministe de la première heure, son champ d'intervention concerne tout ce qui est relatif à la condition des femmes (travail, santé, discrimination...). Le Women's Forum for the Economy and Society (WFES) fondé en 2005, qui se définit comme l'un des cinq mouvements féministes les plus influents au monde, est une autre cheville ouvrière du lobbying féminin dans les organisations publiques et privées. Parmi ses soutiens, WFES compte le figures internationales du monde des affaires, réunies dans un think tank dénommé Global Council. On retrouve dans le lot des patrons comme: Anne Lauvergeon PDG d'Areva, Carlos Ghosn de Renault, Ngozi Onkojo-Iweala, DG de la banque mondiale ou Dennis M. Nally, patron de PricewaterhouseCoopers. C'est véritablement l'action de ces leaders d'opinion acquis à la cause féminine qui insuffle les changements qui s'observent aujourd'hui au sein des entreprises (notamment grands les groupes) et qui aboutissent à l'intégration de la dimension genre dans les pratiques RH. Chez nous, quoique lente, la mutation se prépare. L'approche pour l'instant est différente de celles qui s'observent à l'international. Les lobbies féminins marocains orientés vers le monde des affaires (dont l'AFEM et plus récemment, le Club des femmes ingénieurs de l'EMI), s'attellent plutôt à inciter les femmes à être plus autonomes, notamment par la voie de l'entrepreneuriat. Mais leur capacité d'influence sur les sphères décisionnelles politique et économique reste relative. S.S.M Point de vue : Hervé Streichenberger, DG de L'Oréal Maroc Le groupe Oréal compte un peu plus de 50% de femmes, mais cela n'obéit pas à une politique de parité. Notre culture organisationnelle, fait plutôt de nous des «apôtres» de la diversité. Notre conviction est que c'est avec une mixité genre et une mixité culturelle, qu'une entreprise arrive à faire des progrès, car peu importe la religion, le sexe... Plus il y a de la diversité, plus il y a de la performance. Bien sûr, gérer des équipes culturellement diversifiées, n'est pas toujours chose facile, mais l'enrichissement que cela apporte est toujours supérieur aux difficultés qu'il occasionne. Point de vue : Hicham Lakhmiri, DG d'Amal job Je ne pense pas qu'il existe une tendance à la priorisation des femmes sur le marché de l'emploi marocain, ni auprès des entreprises. Bien sûr il y a des postes dans lesquels on retrouve de plus en plus de femmes, dont ceux relatifs à la communication, aux RH. On constate également un féminisme très marqué par exemple dans les centres d'appels et d'autres industries, essentiellement les emplois d'ouvrier. Toutefois, si la mixité est nécessaire en entreprise, pour la promotion, je ne crois pas à l'efficacité d'un système de quotas. Dans ce type de systèmes, l'inconvénient est que le risque de recruter des personnes incompétentes est très élevé. Palmarès des entreprises françaises «féministes» Source : cadremploi et interdit-aux-hommes.net