Photographe tangérois de talent, Mehdi Sefrioui est tombé amoureux de la photographie à Paris, une ville où sa passion se révèle. Cogiteur d'émotions, ce photographe de l'identité remet tout en question à travers l'image. Rencontre. En tant qu'amoureux de l'image, comment vivez vous cette crise ? Tout au long du confinement, j'ai remarqué des débuts de réponses dans des changements de comportement. La production à outrance et surconsommation doivent être arrêtées, les échanges doivent être repensés, encourager les circuits locaux mais surtout se rendre compte de l'impact de l'acte d'achat. Le pouvoir d'achat est en réalité le nouveau droit de vote. Il faut choisir quelles marques soutenir par l'acte d'achat et élever son niveau de conscience quant aux impacts de nos consommations personnelles. En travaillant depuis des années avec des créateurs et marques africaines qui remettent leur patrimoine au goût du jour, j'ai toujours été fier de servir de projecteur au travail d'artisans locaux et leur savoir-faire africains millénaires. Voilà ce qu'est la mode pour moi. Est-ce cela remet en cause la valeur de l'artiste aujourd'hui ? De quel artiste parlons-nous? Femme ou homme? Du « nord » ou du « sud »? Jeune ou moins jeune? Chacun a une situation particulière. Globalement, les réseaux sociaux, malgré tous les aspects négatifs, ont permis de réduire le nombre d'intermédiaires entre l'artiste et les spectateurs. Chaque personne capable de créer du contenu de qualité avec un message ou une vision du monde, habile sur les réseaux sociaux peut trouver sa cible. Des artistes sont nés de cette façon alors que leur contextes locaux auraient pu les limiter dans le développement de leur art. Cela étant dit, les réseaux sociaux ont un aspect factice et gadget nuisible à la création artistique qui doit murir, douter, grandir, etc. A l'ère du fast food et de la junkfood on est arrivés à du fast-art et du junk-art. Un art techniquement moyen avec un fond édulcoré pour plaire à la majorité sur fond de buzz. La photographie parfaite selon vous ? Une photographie intemporelle. Comment êtes vous venu à la photographie ? C'est la photographie qui est venue à moi et c'est une chance. Tout à fait par hasard lorsque je n'avais pas réelle d'ambition professionnel ou d'objectif d'un projet précis. J'étais étudiant en école de commerce, un Tangérois à Paris et j'ai découvert ma passion dans la ville des lumières. J'ai eu un premier job grâce à un ami tangérois et j'ai tout de suite su que c'était ce que je voulais faire. J'ai commencé par faire des photos le weekend, ou le soir après mes cours. Ensuite un stage de 6 mois dans une agence américaine d'artistes, qui représente photographes, stylistes m'a ouvert les yeux sur l'industrie. J'ai trouvé en la photographie le moyen de s'exprimer, d'exprimer mes questions existentielles, mes questions du l'identité, mon identité.. . Jihane Bougrine