Parlementaires, élus et conseillers de la région du Souss-Massa-Draâ sortent de leur silence pour revendiquer leur mécontentement vis-à-vis de la reconversion actuelle du projet de la station touristique de Taghazout. Censée apporter à la destination Agadir une valeur ajoutée en matière de capacité additionnelle, qui ne contribuera a fortiori, qu'à la hauteur de 2.350 lits d'hôtels au lieu de 30.000 prescrits dans le cahier de charges conclu avec le premier développeur-aménageur américain «Colony capital» et son partenaire canarien «Satocan», avant la résiliation de leur convention d'investissement en 2008 pour non respect d'engagement. «Notre requête est de conserver la consistance précédente du projet, car il disposait d'une forte valeur ajoutée en termes de capacité réceptive, mais aussi en matière de création d'emploi au profit de la population locale», explique M'hamed Iraa Sbaï, parlementaire et président de la commission régionale du tourisme au sein du Conseil régional du Souss-Massa-Draâ. Au-delà de la valeur ajoutée du projet, le concept même de développer un éco-resort et d'autres établissements demeurent un point contesté et ce, dans la mesure où l'occupation du sol ne dépassera pas 6% de la capacité totale du foncier estimé à 620 ha. Spéculation ? De l'avis des membres de la commission, l'argument avancé par le ministère du Tourisme, selon lequel il prévoit la réalisation d'une station écologique en vue de préserver l'arganier est réfutable. «Le littoral n'a jamais constitué un lieu de préservation et de concentration de l'arganier», d'autant plus qu'une bonne partie du terrain a été d'ores est déjà rasée à l'issue des travaux d'aménagement entrepris par le groupement Colony capital et Satocan, est-il indiqué. Parmi les points ayant également suscité de vives critiques, l'aspect résidentiel et immobilier du projet. La station de Taghazout prévoit à cet égard, l'aménagement de six établissements touristiques, sous forme de villas et appartements résidentiels d'une capacité de 5.300 lits. Chose qui influencera non seulement, l'activité résidentielle déjà existante au niveau des localités de Tamghart, Taghazout et Aourir, mais risque aussi d'être source de spéculation au nord d'Agadir, qui demeure le seul endroit pour l'investissement touristique. «Il est clair que l'immobilier n'apporte pas vraiment de valeur ajoutée au développement touristique de la région», ajoutent les membres de la commission. Ces derniers ont abordé au fil de leurs interventions, le manque d'une approche participative du côté des acteurs concernés, notamment le ministère du Tourisme et la SMIT, d'où leur recommandation pour que le Conseil régional du Souss-Massa-Draâ soit représenté au sein de cette instance pour les impliquer dans la prise de décision et le partage d'information. Dernière ligne droite Suite à la définition du concept du projet dans le cadre d'un partenariat entre la SMIT et le cabinet international d'architecture et d'urbanisme (WATG), le protocole d'accord a été conclu en septembre 2010 entre un groupement de signataires. Ce dernier comprend à la fois la CDG, Alliances développement immobilier, Colony capital, la societé sud Partners et la SMIT. Le lancement des travaux d'aménagement prévu cette année prévoit l'aménagement de 7 établissements touristiques sous forme d'unités hôtelières (2350 lits), 6 résidences immobilières et de promotion touristique, constituées principalement de villas et appartements (5300 lits), un club de surf (360 lits), un parcours golfique, une médina, un camping international en plus d'une réserve d'arganier. L'enveloppe budgétaire allouée au projet (aménagement et valorisation) est de l'ordre de 6 milliards de DH avec 10.000 emplois directs créés. Il y a lieu de noter que la société d'aménagement et de développement de Taghazout (SMAT) est en phase finale de création. Son directeur vient d'être nommé et son capital initial est de 100 millions de DH, dont 25% déjà libérés par les actionnaires. La SMAT est l'aménageur-développeur du projet. Actuellement, les prochaines étapes du projet sont la signature du pacte d'actionnaires par l'ensemble des associés, la ratification de la convention de mise en valeur du projet avec le gouvernement et la finalisation des études urbanistiques, techniques et architecturales du projet. Y.S