Noureddine Harrami, Professeur universitaire, membre de l'Association marocaine d'études et de recherches sur les migrations (AMERM). Les Echos quotidien : En dépit de la crise en Europe, le montant des transferts des MRE continue d'augmenter ces derniers mois selon les chiffres officiels. Quels sont les facteurs qui peuvent expliquer cette situation ? Noureddine Harrami : C'est une tendance universelle. Un récent rapport de la Banque mondiale pointe deux faits, s'agissant des transferts financiers des migrants dans le monde : une résistance à la crise et une propension à l'augmentation, notamment à l'horizon 2012. Au Maroc, les transferts proviennent essentiellement de la France, qui enferme la plus importante et la plus ancienne migration marocaine. L'Italie et l'Espagne, qui sont des destinations récentes, assuraient en moyenne quelques 30% de l'ensemble des transferts. La contribution de ces deux pays, qui figurent parmi les plus affectés par la crise, ne cesse de reculer, passant de 28% en 2007 à 20% en 2010. En revanche, les transferts en provenance de France se portent très bien. Face à l'ampleur de la crise dans certains pays comme l'Italie ou l'Espagne, beaucoup de MRE préfèrent rentrer, soit définitivement, soit provisoirement. Quelles peuvent être les conséquences socioéconomiques de ce retour des migrants au bercail ? Ce qu'on observe, c'est plutôt des retours provisoires, des sortes de repli sur le pays de départ dans l'attente d'une amélioration de la situation économique dans le pays de migration. Généralement, les intéressés disposent de ressources, qui leur permettent d'assurer une bonne insertion économique. Il y a ceux qui viennent travailler sur les projets qu'ils avaient mis en place quand les affaires marchaient bien et puis d'autres, qui trouvent des occupations dans l'informel, notamment le transport clandestin. Comment le Maroc devrait-il s'y prendre pour garantir un retour réussi de ces MRE et faciliter leur intégration sociale, afin qu'ils puissent participer au développement du pays ? Je ne crois pas que le retour dans le sens de définitif, c'est-à-dire stipulant une intégration sociale, figure dans l'agenda ou même les simples souhaits des autorités marocaines. Pour ces dernières, un bon MRE est celui qui se maintient en migration et transfère de l'argent dans son pays.