C'est un esaison estivale à oublier et vite. Du moins c'est ce que laissent entendre les professionnels du secteur qui prévoient de la casse en juin et juillet. Fouad Lahbabi, vice président de la Fédération nationale du tourisme, ne cache pas son inquiétude: «Juin est historiquement un mois difficile vu qu'il intervient entre deux saisons. Pour juillet, on craint l'impact du mois de ramadan et plus globalement, l'impact de la situation économique chez les marchés émetteurs». Nous sommes loin de l'optimisme qui avait régné au lendemain de l'annonce des statistiques du mois de mai qui s'était terminé sur note positive puisque le secteur avait pu récupérer 2% des arrivées sur la baisse des 4% observée un an auparavant suite à l'attaque terroriste de Argana. Ce qui faisait dire à quelques observateurs avertis que cette légère reprise devait être doublée de vigilance et que les semaines qui venaient pouvaient apporter leur lot de mauvaises surprises. Et ils avaient vu juste. Le revirement de situation était perceptible dans les détails. Durant le mois de mai, le volume des arrivées a connu une augmentation de 3% comparée à la même période de l'année 2011 où la baisse de régime de Marrakech avait impacgté la performance globale du secteur. «Il est normal que les statistiques affichent une hausse importante en mai 2012, vu que le même mois de l'année 2011 était impacté par les annulations consécutives à l'attentat d'Argana», souligne Lahbabi. Pour ce dernier, il serait plus logique de considérer l'évolution des arrivées sur une longue période. À ce niveau, les indicateurs demeurent dans le rouge pour le cumul des cinq premiers mois de l'année. En effet, en plus des arrivées qui affichent une évolution négative, les nuitées restent également en baisse malgré l'amélioration de 11% enregistrée en mai. Sur les cinq mois, la contreperformance en termes de nuitées s'établit, selon les données de l'observatoire du tourisme, à -4%. Ceci est principalement dû à la mauvaise performance du marché français qui n'a totalisé que 1,9 million de nuitées en chute de 14%, comparativement à la même période de 2011. En revanche, les touristes en provenance de pays arabes contribuent significativement à limiter les contre-performances du secteur, puisqu'ils affichent une hausse de 36% du nombre de nuitées passées au Maroc. Ceci confirme donc la pertinence de la stratégie d'ouverture à de nouveaux marchés. Il faut, par ailleurs, souligner le maintien du marché des résidents de son rang de locomotive en période de crise, puisqu'il affiche en mai une hausse de 13% au niveau des nuitées. Pour ce qui est des marchés traditionnels, le constat reste mitigé. Au moment où des marchés comme celui du Royaume-Uni, redressent la barre en affichant une hausse de 2% du nombre des arrivées enregistrées en mai, profitant notamment de l'offensive au niveau de la promotion (voir point de vue), d'autres comme l'Allemagne et la Hollande demeurent dans le rouge avec des baisses de 3% chacun. Dans ce contexte, l'activité touristique a généré 20,8 MMDH de recettes, en baisse de 0,6% comparativement à fin mai 2011, mais en nette hausse (+12,2%) si l'on se réfère aux cinq premiers mois de 2010. Malgré tout, les professionnels préfèrent garder le moral et na pas céder à la panique, misant sur quelques niches et sur le tourisme interne. Il faudra donc attendre au moins fin août pour pouvoir dire que le pire est derrière nous et espérer enfin un redressement. Point de vue Hamid Addou, Directeur de l'ONMT. Les 5 premiers mois de l'année 2011 ont été très positifs pour nous en termes d'arrivées touristiques en provenance du Royaume-Uni. Il n'en demeure pas moins que ce marché émetteur a commencé à être touché par la crise. Les Britanniques ont, en effet, réduit leurs séjours à l'étranger. Par ailleurs, la crise a également eu des répercussions sur l'aérien, avec la suppression de plusieurs connexions entre le Maroc et le Royaume-Uni, notamment des vols de la RAM et de Ryanair. Pour accélérer la sortie de crise et en réduire les effets négatifs sur le Maroc, l'ONMT a multiplié les actions de promotion durant le premier semestre 2012. Une campagne institutionnelle a été lancée au niveau des médias les plus porteurs (affichage urbain, presse écrite, publicité online, cinéma). Nous avons également participé à 8 manifestations touristiques à travers le Royaume-Uni, pour mettre en avant les nombreuses potentialités offertes par le Maroc. Plusieurs éductours ont été organisés (à Mazagan, Marrakech, Ouarzazate, Agadir, Essaouira) en faveur des agents de voyage britanniques pour les familiariser avec l'offre Maroc et les inciter à mieux vendre notre destination. Ce n'est pas tout, un roadshow a été programmé au Maroc. Il a couvert plusieurs villes britanniques : Gatwick, Birmingham, Manchester et Norwich. Casablanca persiste et signe Une première lecture des statistiques de l'Observatoire du tourisme indique que, globalement, l'ensemble des régions du royaume ont profité de la relance qu'a connue le mois de mai, mis à part deux villes. La première est la capitale, Rabat, qui a vu le nombre des nuitées chuter de 3%, en relation vraisemblablement avec la baisse d'activité du monde des affaires à la veille de la période estivale. Cela n'empêche pas que Rabat reste de loin la ville qui a affiché le meilleur taux d'occupation durant le mois de mai, celui-ci s'étant établi à 62%. Tanger, qui affichait jusque là la meilleure performance des villes touristiques du royaume a également marqué le pas avec des nuitées en chute de 1%. En revanche, Casablanca confirme sa lancée, en enregistrant une nouvelle fois une performance à deux chiffres (11% de plus en nuitées). Seule Marrakech qui, en mai 2011, payait le prix de l'attentat d'Argana fait mieux que la capitale économique (+15%), profitant d'un retour à la normale de l'activité en mai. Ceci dit, Casablanca reste loin devant si l'on se fie au taux d'occupation des établissements hôteliers durant les cinq premiers mois de l'année, lequel se situe à 52% contre une moyenne nationale limitée à 39%. Pour rappel, selon l'Association nationale des investisseurs touristiques, un établissement hôtelier ne peut être rentable qu'à partir d'un taux d'occupation supérieur à 60%. Aucune des villes marocaines n'arrive à ce standard sur le cumul des cinq premier mois. Il y a là de quoi tirer la sonnette d'alarme.