La place «médiatique» du Maroc à l'international se renforce de plus en plus. S'il a accueilli en 2011 plusieurs manifestations professionnelles d'envergure mondiale, cette année, ce sont les officiels et professionnels nationaux qui font le déplacement aux quatre coins du monde pour «vendre» les médias marocains. Pas plus tard que la semaine passée, le Maroc a participé - parallèlement - à deux événements majeurs portant sur les médias. Le premier organisé à Bruxelles, le second à Moscou. Mais quels en étaient les enjeux ? Et en quoi la présence «officielle» du Maroc contribue-t-elle au développement du secteur au niveau national Une sortie diplomatique Cela aura été sa toute première sortie à l'international depuis sa nomination à la tête de la Haute autorité de la communication audiovisuelle (HACA). Pour l'occasion, Amina Lemrini Elouahabi a dirigé une délégation marocaine au colloque sur la régulation de l'audiovisuel, tenu du 5 au 7 juillet à Bruxelles sur le thème «Nouveaux écrans, nouvelles régulations». Organisé par le Conseil supérieur de l'audiovisuel de Belgique (CSA), l'événement, qui se voulait à la fois éducatif et pédagogique, s'est consacré à la réflexion sur l'évolution de la régulation, à l'aune des évolutions technologiques que connaît le paysage médiatique mondial depuis quelques années. Alternant courts éclairages scientifiques et débats entres acteurs du secteur, ce colloque a été pour le Maroc l'occasion «d'échanger les idées sur ce sujet d'actualité éminemment important» avance Amina Lemrini Elouahabi. Elle précise que la thématique désignée pour cette édition fait partie «des axes stratégiques de la HACA pour l'immédiat». Au-delà du caractère «technique» du colloque, le déplacement d'Elouahabi à Bruxelles revêt également une touche «diplomatique», visant à consolider les liens de collaboration entre les deux institutions, assurant ainsi la continuité des chantiers initiés par son prédécesseur, Ahmed Ghazali. «La HACA et le CSA de Belgique sont membres du Réseau francophone des régulateurs des médias (REFRAM) et constituent l'une des plus grandes forces de proposition de cette structure», a-t-elle précisé lors d'une déclaration aux médias, ajoutant au passage que le réseau international francophone s'attelle, de son côté, «à des thématiques variées, liées notamment aux enjeux actuels et futurs, à l'égalité homme-femme et à la protection des jeunes». Même son de cloche du côté belge, puisque Marc Janssen, président du CSA, souligne que «les échanges entre les membres du CSA et de la HACA ont toujours été passionnants, aussi bien sur le plan humain que professionnel». Au cours de ces deux jours, les participants se sont également penchés sur «l'incidence des différentes convergences sur la manière d'appréhender les politiques régulatoires». Nombreux sont, en effet, ceux qui s'accordent à dire que le monde des médias change de paradigme, un changement auquel les politiques de régulation ne peuvent échapper, d'où l'importance de ce genre de réunion. Cette réunion, du coup, s'inscrit dans la continuité du sommet des médias organisé au même moment à Moscou et auquel le Maroc a également pris part. Moscou à l'heure du 21e siècle Placé sous le slogan «Médias du monde, relever les défis du 21e siècle», le 2e sommet mondial des médias, qui s'est achevé vendredi, a été l'occasion pour le Maroc de se confronter aux problématiques de l'ère médiatique actuelle. Pour Nourredine Miftah, président de la Fédération marocaine des éditeurs de journaux, présent à cette occasion, «la présentation de l'expérience marocaine en matière de médias sur les plans législatif et professionnel, vise à approfondir la discussion avec des acteurs internationaux et à échanger expériences et expertises». Autrement dit, c'est là l'occasion d'établir un benchmark international, qui devrait permettre aux acteurs nationaux de prendre du recul pour traiter des questions liées à la liberté de presse et d'opinion et le droit d'accès à l'information, «Surtout que le Maroc s'apprête à entreprendre des changements institutionnels et juridiques profonds dans le domaine des médias», souligne à ce titre Miftah. Création d'un Conseil national de la presse, propositions de loi relative aux sondages d'opinion et promulgation d'un nouveau code avancé de la presse conforme à la philosophie et à l'esprit de la nouvelle Constitution, sont autant de chantiers en cours de finalisation, qui devraient permettre au champ médiatique national de renforcer sa position tant au niveau local qu'international. Ainsi en témoignent notamment les efforts menés par les médias publics (la MAP notamment, en matière de réforme et de collaboration à l'international). Le sommet de Moscou se voulait par ailleurs l'occasion de faire le point, entre professionnels du monde entier, sur des problématiques plus «modernes». Il s'agit en l'occurrence de «la transformation des médias, du développement du numérique, de la sécurité des journalistes». À ce sujet, Miftah estime que «ce sommet constitue l'occasion de définir de nouveaux principes internationaux, en mesure de relever les défis politiques, économiques, sociaux et médiatiques». Ces défis ont également été évoqués par les régulateurs à Bruxelles.