La crise européenne n'aura finalement pas altéré le niveau des financements accordés au Maroc. En témoigne le dernier don de 497 MDH, débloqué en faveur du programme d'appui à la mise en œuvre du plan gouvernemental pour l'égalité des genres, baptisé «IKRAM». La signature de la convention de financement entre le Maroc et l'Union européenne du plan gouvernemental pour l'égalité, s'est tenue hier en présence des différentes parties concernées. Ce programme s'articulera sur plusieurs axes, comme l'explique la ministre de la Solidarité Bassima Hakkaoui : «Il portera essentiellement sur le soutien apporté aux femmes afin de leur assurer l'accès aux postes à responsabilités (administratifs et politiques), l'égalité des chances entre les deux genres dans le milieu du travail, ainsi qu'un large soutien socio-économique assuré à l'égard des femmes». Dans sa mise en œuvre, ce plan est prévu pour s'étendre sur la période 2012-2016. Plus concrètement encore, il reposera sur les principes de «la construction de relations sociales nouvelles entre les hommes et les femmes et la participation juste et complète des femmes dans les différents secteurs d'activité». Dans ce cadre, Bassima Hakkaoui a tenu à souligner les principaux aspects qui ont motivé la mise en place de ce plan, à savoir «les principes de l'islam qui appellent à la justice et à l'égalité, la Constitution qui prévoit une parfaite égalité hommes/femmes, les directives royales encourageant l'émancipation de la femme marocaine, l'engagement du Maroc à concrétiser les objectifs du millénaire et l'engagement du Maroc à honorer les conventions internationales». Pour ce qui est des objectifs à terme de ce programme, ces derniers devront assurer la diffusion des principes de justice et d'égalité, pour qu'ils deviennent partie intégrante d'une culture dans notre société, appliqués dans les différentes politiques publiques prévues par la Constitution. Un succès conditionné Dans un deuxième temps, au delà de la stratégie et plus spécialement concernant l'application de ce plan sur le terrain, la ministre de la Solidarité, de la femme, de la famille et du développement social, met l'accent sur la nécessité d'un travail concerté entre les différents ministères pour assurer le suivi de son application. Cette organisation rappelle sensiblement le travail engagé dans le cadre de la modernisation de l'administration publique, dont la stratégie est en cours d'élaboration. C'est dans ce sens d'ailleurs que l'intervention du ministre délégué, chargé de la Fonction publique et de la modernisation des secteurs publics, Abdelaâdim El Guerrouj s'est également axée. Ce dernier n'a en effet pas manqué de souligner l'engagement de son département dans ce plan gouvernemental, qui n'est autre qu'un chapitre dans la stratégie de modernisation de l'administration publique. À défaut d'annoncer de réels objectifs chiffrés, le département de Bassima Hakkaoui trace de grandes lignes que le ministère de l'Administration publique voit déjà comme des ambitions chiffrées. Dans ce sens, Abdelaâdim El Guerrouj annonce déjà que son département compte une part de femmes de près de 38% avec 15% des femmes à des postes à responsabilités. De là découle alors l'ambition du ministre, de porter à plus de 22% la part des femmes aux postes à responsabilités, à horizon 2014. D'un point de vue financement, outre l'aide européenne, le ministre de l'Economie et des finances dévoile déjà un des volets de la nouvelle loi de finances 2013 : «Nous sommes à la veille d'une nouvelle loi organique de finances où l'aspect genre sera mis en avant et nous restons conscients que les mesures préconisées nécessiteront un effort financier conséquent de la part du gouvernement». Point de vue Eneko Landaburu, Ambassadeur de l'UE au Maroc. Ce programme européen de soutien à une politique marocaine est tout à fait intéressant, parce qu'il a connu une instruction un peu difficile, due à la complexité de sa mise en œuvre. Nous sommes dans la transversalité de la thématique de l'égalité dans plusieurs ministères et ce programme a l'ambition de toucher des aspects juridiques, politiques, sociaux et économiques fondamentaux. D'autre part, ce programme est aussi novateur à l'échelle de tous les programmes européens dans le monde. Nous sommes les plus grands bailleurs de fonds d'aide au développement, nous avons développé beaucoup d'activités sur le thème de l'égalité dans de nombreux pays. Néanmoins, c'est le premier programme d'appui budgétaire que nous faisons, c'est-à-dire d'appui à une politique décidée par un gouvernement et mise en œuvre par l'UE. Ceci est une très bonne chose et il est évident que beaucoup d'observateurs auront les yeux rivés sur la mise en place de ce programme dans le sens où ce sera un exemple à suivre dans d'autres parties du monde. Enfin, le succès de ce programme dépend de la coordination entre les différents ministères et je reste confiant sur le travail d'exécution.