«Ensemble, construisons un monde durable». C'est sur ce thème que le rideau a été levé hier sur les premières Assises régionales des énergies renouvelables et du développement durable (Energia I) à Agadir. Initié par l'agence «Gracom», en partenariat avec le Conseil régional du Souss-Massa-Drâa et le gouvernement des Îles Canaries, l'événement a permis de mettre en lumière l'intégration du développement durable dans les différentes stratégies sectorielles, mais aussi l'enjeu économique des énergies renouvelables. Depuis 2002, la consommation électrique a en effet connu une augmentation moyenne de l'ordre de 6,9 térawatt-heure par an et la dépendance énergétique est définie à 95% au Maroc, d'où la nécessité de minimiser le taux de dépendance via d'autres alternatives, notamment le recours à l'énergie verte : l'éolien, le solaire et l'hydraulique. «Les énergies renouvelables propres et inépuisables, qui prendront progressivement la relève des sources d'énergie fossiles, permettront à la fois de généraliser notre accès à l'énergie et de sécuriser notre approvisionnement énergétique à long terme, tout en réduisant les impacts sur le climat», a ainsi déclaré lors de la séance d'ouverture Yahya Zniber, secrétaire général du département de l'Energie et des mines, avant d'ajouter que «dans le cadre de la stratégie énergétique, plusieurs chantiers sont actuellement ouverts». Il s'agit des projets d'énergies solaire et éolienne, qui permettront au Maroc de faire passer la part des énergies dans la puissance électrique installée totale à 42% à l'horizon 2020, alors que 2,5 millions de TEP en combustibles fossile seront économisés annuellement et que l'émission de prés de 9 millions de tonnes de CO2 sera évitée chaque année. Ce taux devrait être atteint, grâce à plusieurs actions, parmi lesquelles le complexe de Ouarzazate, qui a pour «objectif d'arriver à une puissance installée en énergie solaire égale à 500 MW d'ici 2015, avec une production égale à 1.150 GWh/an», souligne Mohamed Bernannou, directeur chargé de mission au sein de l'Agence marocaine de l'énergie solaire (MASEN). Le site, qui dispose d'un rayonnement solaire direct de 2.635 kWh/m2/ sera lancé prochainement et il est décliné autour de plusieurs phases, dont la 1re vise l'installation d'entre 125 et 160 MW avec le thermo-solaire et les capteurs cylindro-paraboliques. Quant aux travaux d'infrastructure, ils débuteront en juillet prochain, après attribution du contrat à l'aménageur-développeur. De l'avis de Jawad Salhi, directeur de l'hydraulique et des énergies renouvelables au sein de l'ONE, le rôle de l'Office dans les projets solaires développés par MASEN est le raccordement des projets solaires et du transport de l'électricité produite, mais aussi l'achat de la totalité de l'énergie produite et la facilitation de l'accès aux interconnexions pour l'export. Par ailleurs, les premières Assises régionales des énergies renouvelables et du développement durable ont été une occasion pour décerner le Prix Energia et des trophées Maroc-Eco aux projets les plus engagés dans le développement durable de la région. Le jury scientifique chargé de ces prix a décerné le prix d'Energia à MASEN pour le complexe solaire de Ouarzazate, tandis que Maroc-Eco a été attribué à l'Association marocaine d'éco-villes (AMEV). À l'issue de cette 1e édition d'Energia, un syndicat des énergies renouvelables regroupant les professionnels du secteur et ceux de l'habitat verra le jour dans les semaines à venir. Il s'agit d'une entité où les professionnels du secteur se regrouperont en vue de s'aligner sur les objectifs tracés par le ministère de tutelle et les autres partenaires. En parallèle, le cycle de conférences continuera avec les trois panels restants. Il s'agit tout d'abord d'aborder la question du financement comme étant un enjeu garantissant un meilleur avenir des énergies renouvelables et de l'efficacité énergétique dans le bâtiment. S'agissant des autres panels, ils porteront essentiellement sur les perspectives de la formation, de la recherche et du développement dans les énergies renouvelables et sur l'efficacité énergétique, mais aussi sur le rôle de la société civile en matière de promotion de l'économie verte et de développement durable. Simultanément aux premières Assises régionales des énergies renouvelables et du développement durable, a démarré la 7e édition du Salon du bâtiment et de l'habitat. Le thème retenu pour cette édition est «l'Artisan marocain, enjeux de l'efficacité énergétique dans le bâtiment». Une délégation canarienne était également présente. Dixit... Cette rencontre intervient à un moment important dans le processus que nous avons initité au Maroc, conformément aux priorités de notre stratégie énergétique, en vue de la réalisation de projets majeurs et de l'adoption de réformes ambitieuses, nous permettant un développement accéléré des énergies renouvelables. La réforme du secteur énergétique permettra de renforcer sa capacité de s'adapter, de se développer et de se moderniser. Elle nous permet de nous lancer dans la course vers l'objectif de la transition vers un système énergétique sûr, concurrentiel et à faible intensité en carbone. En matière d'efficacité énergétique, axe prioritaire de cette stratégiqe énergétique, nos programmes ciblent les principaux secteurs consommateurs, notamment l'industrie, le transport et l'habitat. Ces programmes font aussi appel à des mesures incitatiives et à des actions d'éducation et de sensibilisation. Yahya Zniber, Secrétaire général du Département de l'Energie et des mines, auprès du MEMEE. L'économie verte recèle beaucoup d'opportunités en termes de création d'emplois et de revenus. Il faut savoir qu'en termes de potentiel et de vision stratégique, nous sommes quasiment au même niveau que les pays les mieux avancés dans le domaine, notamment ceux du continent européen. C'est pour cela d'ailleurs que je pense que la coopération économique décentralisée avec des collectivités locales comme celle de la communauté autonome canarienne, sont des initiatives à développer et à rendre concrètes. Cette concrétisation pourrait se faire à travers des aspects comme le transfert de savoir-faire technologique. Pour la région du Souss-Massa-Drâa plus particuiètement, nous avons beaucoup à gagner en nous inspirant de l'expertise canarienne dans les différentes filières d'énergies nouvelles. Ce partenariat pourrait également se concrétiser à travers la promotion de part et d'autres de projets d'investissement dans le domaine des énergies renouvelables, et créer ainsi, à terme, de nombreuses opportunités d'emploi. Tariq Kabbage, Président de la Commune urbaine d'Agadir. La coopération décentralisée avec le gouvernement autonome des Îles Canaries a pris un tournant plus dynamique depuis ces deux dernières années. Nous ne parlons plus de coopération institutionnelle, mais plutôt de coopétation économique, avec des projets et programmes d'investissement dans plusieurs domaines, tel celui de la promotion des énergies renouvelables et de l'efficacité énergétique. D'autre part, notre industrie locale bénéficie également de l'encadrement technique de structures publiques nationales. C'est le cas par exemple de l'Agence de développement des énergies renouvelables et de l'efficacité énergétique (ADEREE), qui vient d'accompagner une dizaine de PME locales spécialisées dans la filière du solaire. De plus, la visibilité de la région du Souss, dans cette même filière, est rehaussée par la construction prochaine de la première des cinq principales centrales solaires du Plan solaire marocain, sur le site de Ouarzazate, pour une capacité installée ciblée de 500 MW. Tout cela contribue à souligner l'engagement des autorités régionales, pour le développement durable de la région, à travers notamment les énergies renouvelables et l'efficacité énergétique. Brahim Hafidi, Président du Conseil régional de Souss-Massa-Drâa.