C'est la manifestation concrète d'un recentrage économique du royaume vers ses partenaires du continent, via la diplomatie multilatérale. Les économies sahélo-sahariennes veulent redynamiser leur intégration, pour faire face aux défis de croissance, mais aussi sécuritaires du continent, l'une ne pouvant se réaliser sans l'autre. Le contexte international, notamment économique, dans lequel s'est tenue hier, à Rabat, la session extraodinaire du Conseil exécutif de la Communauté des Etats sahélo-sahariens (CEN-SAD), tend à une telle lecture des enjeux de cette rencontre. L'atteinte de ces objectifs devrait ainsi passer par la fin de la léthargie dans laquelle la CEN-SAD s'est retrouvée plongée depuis sa création à la fin du siècle dernier, en Lybie. Les représentants des 28 Etats membres de cet ensemble communautaire ont effectivement examiné et adopté les nouvelles bases sur lequelles ils devraient repartir. «Le comité ministériel restreint a reçu mandat de la conférence es Chefs d'Etat de la CEN-SAD, tenue à N'Djamena (Tchad) en juillet 2010, de proposer de nouveaux textes en vue d'un changement de la structure et des objectifs de la CEN SAD», a éclaré Moussa Faki Mahamat, ministre tchadien des Affaires étrangères et de l'intégration africaine, et président du Conseil exécutif de la CEN-SAD. «Cette réforme était rendue nécessaire à cause du bilan peu satisfaisant de cette organisation, après plus de douze ans d'existence», poursuit le diplomate. Concrètement, cette redynamisation de la CEN-SAD passera par la révision d'un certian nombre de textes régissant la communauté. Ces évolutions portent plus précisément sur le Traité constitutif de la CEN-SAD, les règlements intérieurs de la Conférence des chefs d'Etat et de gouvernement, du Conseil exécutif, ainsi que du personnel opérationnel de l'organisme. Nouvelle donne, nouvelle diplomatie L'intégration économique régionale, la coopération Sud-Sud et d'autres concepts traduisant cette volonté renouvelée de mise en commun des destins économiques et politiques des pays de la région sahelo-saharienne, ont ainsi donc été réitérés plus d'une fois. Ce sont des concepts que le gouvernement Benkirane a inscrits parmi les priorités de son mandat et de sa politique étrangère. Celle-ci est en effet notamment caractérisée par une ouverture économique et diplomatique résolument orientée vers le Sud. De là, nous comprenons sans peine le choix de Rabat pour abriter cette rencontre internationale, et, bien avant cela, les multiples et régulières visites de Saad-Eddine El Othmani aux pays du Sud du Sahara. L'objectif n'est plus à la diplomatie passive, mais à une diplomatie utile et concrète, au service d'intérets mutuels... notamment économiques. Le «réveil» de la CEN-SAD sera à coup sûr, pour le Maroc, un outil privilégié pour réussir cette nouvelle diplomatie.