«Comprendre comment les caractéristiques des femmes, celles des conjoints, les différentes formes d'homogamie sociale entre les deux époux, et les facteurs liés à l'environnent du mariage, affectent le risque de divorce», tel est le but que s'est assigné le ministère de Solidarité, de la femme, de la famille et du développement social. Le département de Bassima Hakkaoui vient, en effet, de lancer le processus d'une «enquête nationale sur le divorce au Maroc». Cette enquête biographique, la première de ce genre dans le royaume, selon la direction des Affaires générales du ministère, entend appréhender les diverses mutations affectant la vie matrimoniale des individus. L'originalité de l'étude qui a été mise en avant, est qu'elle s'inscrit dans une perspective dynamique, contrairement aux enquêtes menées auparavant, «qui collectent les données concernant un moment donné de la vie d'un individu et passent sous silence sa trajectoire avant ce moment». C'est la raison pour laquelle, d'ailleurs, l'enquête se fera à travers une collecte de données et d'informations sur les différents aspects des deux volets de l'enquête, le mariage et le divorce, en essayant d'inscrire l'intérimaire matrimonial, afin de parvenir, in fine, à «une analyse complète et fiable des changements matrimoniaux et surtout de permettre une comparaison fiable de ces changements, avant et après le code de la famille», précise-t-on au niveau du ministère. S'il est vrai que cette enquête entre dans le cadre du plan stratégique 2008-2012 du ministère, les enjeux qui y sont rattachés prennent une nouvelle ampleur dans le contexte actuel, marqué par une levée de bouclier entre les organismes de la société civile, principalement ceux engagés dans la promotion des droits de la femme et le nouveau gouvernement. La tension, on se rappelle, avait atteint son paroxysme à la suite des sorties médiatiques de la seule ministre femme du gouvernement, Bassima Hakkaoui, consécutives à l'affaire «Amina Filali». Plan d'actions Les conclusions de cette enquête, permettront donc au ministère de la Solidarité, de la femme, de la famille et du développement social de disposer d'informations statistiques fiables sur les différents aspects liés au mariage et au divorce, «afin de mieux appréhender les diverses mutations sociales affectant la famille». Ce qui permettra à Hakkaoui de baliser son plan d'action, alors qu'elle entame son mandat à la tête du ministère. Entre autres, les objectifs visés à la suite de cette enquête de grande envergure, dont l'appel d'offres vient d'être lancé, sont l'élaboration d'une stratégie préventive contre la dislocation familiale. Un noble chantier qui passera également par «la compréhension du phénomène des mariages des mineurs pour pouvoir lutter contre ce phénomène par des mesures préventives ciblant la famille», selon le document. Le ministère entend, également, «poser les jalons d'une politique familiale basée sur la cohésion et la solidarité entre ses membres», sur la base des mutations démographiques qu'a connu le Maroc ces dernières années et qu'ont rapporté plusieurs organismes, comme le Haut commissariat au plan (HCP) et divers ouvrages scientifiques qui se sont, également, penchés sur la question. L'enquête de Bassima Hakkaoui, convergera-t-elle avec les conclusions des précédentes études ? C'est là tout l'enjeu de cette approche, afin que les mesures qui y seront prises confortent la stratégie jusque-là adoptée.