«Les investissements dans le secteur touristique doivent s'inscrire dans le cadre d'une vision globale, sinon, on ne peut pas monter un projet et un business plan (...) C'est sur cette base, que Risma s'est lancée dans l'aventure... Aujourd'hui, nous ne demandons pas à l'Etat de régler les problèmes de financement du Plan Azur, mais nous nous attendons à ce que le programme existant soit soutenu. Il faut faire preuve de pragmatisme pour débloquer la situation actuelle», lançait Marc Thépot, Le Vice-président de Risma lors du débat organisé lundi dernier, par le Club Entreprendre sur le thème «Les investissements touristiques, quelles tendances pour les cinq prochaines années ?». Des propos qui ne font que renseigner sur les difficultés de développement des stations balnéaires telles qu'imaginées par le Plan Azur dans sa première version (Vision 2010). Pour l'heure, tout l'art est de savoir piloter les investissements, créer des destinations plus matures et revoir le concept des stations balnéaires. «Il faut un pilotage des investissements par région et par destination pour rééquilibrer l'offre globale en termes de capacité en lits. La Vision se doit désormais d'être dynamique plutôt que globale», a exprimé pour sa part Lahcen Haddad, ministre du Tourisme. Haddad a ainsi laissé entendre qu'un travail dans ce sens est actuellement en cours «notamment au vu des destinations qui ont une surcapacité. Cela ne veut pas dire que les investissements sont à freiner», a-t-il expliqué. En effet, le gros des investissements est concentré sur Marrakech, qui est devenue plus visible en termes de capacité litière. L'offre du balnéaire ne représente que 30% par rapport aux autres produits. Ce qui n'est pas conforme avec la stratégie touristique nationale. «Nous avons cru attirer les 10 millions de touristes grâce au balnéaire, mais ce fut grâce à Marrakech. Pour dire que nous n'avons pas réussi à développer l' ambitieux Plan Azur», rétorquait pour sa part, le nouveau président de l'Association nationale des investisseurs touristiques (ANIT) et Dg d'Alliances Développement immobilier, Karim Belmaâchi. D'après ce dernier, la manière dont a été conçu le Plan Azur est «défaillante dans la mesure où elle n'a pas intégré la composante animation. Il n'y a pas de concept associé à chaque station. C'est ainsi que pour Lixus, on revient sur le positionnement pour créer un vrai label ou thème. Nous sommes d'ailleurs très avancés sur le concept d'un Lixus site sportif», a argué Belmaâchi. Il faut dire que la révision du concept des stations balnéaires est l'un des chantiers importants du ministère du Tourisme, qui planche aussi sur la gestion de la problématique de l'aérien. «Si on règle le problème de l'aérien, l'investissement peut être rentable», estime Belmaâchi. Le financement n'est pas en reste. Certes, l'Etat a mis en place le Fonds marocain de développement touristique (FMDT) ayant pour mission de contribuer au financement des projets structurants et de drainer les investissements souverains (le fonds figure dans le tour de table de deux stations, à savoir Saïdia et Taghazout, à hauteur de 20 à 25%. Des négociations sont en cours avec les autres stations), mais, le secteur bute plus que jamais sur la contrainte du financement. «Les banques – averses au risque – regardent à deux fois avant d'accepter de financer le secteur de l'hôtellerie. Elles rejettent les dossiers de Marrakech, ce qui n'est pas le cas à Casablanca», a fait remarquer Belmaâchi. Motifs : la crise de liquidité et la réglementation qui deviennent de plus en plus dures. Il est à noter, à ce titre, qu'une ligne de crédits de 24 MMDH (2011-2016) existe bel et bien. Encore faut-il mettre en oeuvre cette convention de financement, tout en rétablissant la confiance dans le secteur, qui s'est d'ailleurs vu allouer en 2010 près de 17 MMDH, soit 33% des encours globaux des banques. «Dans l'équation actuelle, il s'agit de sauver les stations. On peut aller vers une augmentation des capacités en lits, l'activation de l'animation et de la promotion... Même l'aérien va suivre», a tenu à rassurer le ministre du Tourisme, qui a insisté sur la bonne gouvernance avec la mise en place des structures de pilotage et de promotion de l'offre, et ce, en faisant allusion à l'Autorité marocaine pour l'investissement touristique (AMIT) et aux Agences de développement touristique (ADT). «Ce chantier se heurte à des enjeux politiques, notamment par rapport à la régionalisation avancée. Ce qui fait que la mise en place de l'AMIT et des ADT n'est pas facile», a-t-il reconnu. Une relation qui fait la différence Une réunion est prévue le 14 juin à la CGEM pour discuter de la rentabilité dans les investissements touristiques. Ceci, dans un contexte où le secteur passe par des moments difficiles grévant sa performance. Au point que seuls les modèles de développement gagnants peuvent tirer leur épingle du jeu. Le groupe Accor au Maroc en est l'exemple le plus emblématique. En dépit de la crise, il prévoit d'ouvrir, en 2012, huit nouveaux hôtels, dont 4 Ibis Budget, deux Sofitel et deux Pullman. Pour dire que ce sont les marques hôtelières qui attirent le plus la clientèle. En d'autres mots, c'est la relation client-marques qui fait la force d'un groupe hôtelier. Le rôle des tours opérateurs dans la dynamisation d'une destination se trouve ainsi de plus en plus limité.