Une grande vague structurelle charrie tout le secteur de la pêche côtière depuis quelques semaines déjà. La Confédération marocaine de la pêche côtière (CMPC), créée il y a tout juste un mois, est en train d'opérer une tournée régionale pour installer ses antennes. Il s'agit d'un maillage complet des 3.500 km de littoral du royaume. La «Fédération du Sud pour la pêche côtière» a vu le jour le 19 mai dernier et celle du Nord est prévue ce weekend, composée des associations professionnelles de la pêche côtière, opérant dans la zone allant du port de Kenitra à celui de Saidia. Quant à la «Fédération du Centre », elle devrait également naître en fin de semaine prochaine. Au-delà de ce dispositif en cours d'installation, c'est tout un courant de structuration de la filière de la pêche côtière et artisanale, qui est mis en branle pour venir à bout de plusieurs lacunes handicapant le développement de la filière. «La première de nos priorités est de mettre de l'ordre dans le secteur et de rassembler tous les acteurs au sein d'une même et unique entité. Cette action vise la structuration de la pêche côtière et la dotation d'une meilleure représentativité», nous explique Abderahmane Bousri, à la tête du bureau exécutif de la CMPC. Une trentaine d'associations professionnelles devraient ainsi constituer cette Confédération, à travers ses trois différentes représentations régionales. L'organisation sera en tous cas, un bon atout à jouer auprès de la tutelle administrative du secteur, et dans le cadre des actions menées à travers le plan sectoriel Halieutis. «Il nous fallait une représentativité crédible et sérieuse vis-à-vis des autorités publiques », poursuit le responsable. Ce dernier ajoute qu'à la suite de l'installation des fédérations régionales, des rencontres devraient être tenues avec la tutelle ministérielle, afin «d'élaborer une feuille de route pour venir à bout des nombreuses problématiques du secteur», complète Bousri. Activité instable L'une de ces problématiques est bien sûr liée à la dynamique de l'activité de la pêche en elle même, après une difficile année 2011, marquée par des niveaux de captures très aléatoires d'un mois à l'autre. Néanmoins, depuis le début de l'année en cours, force est de constater un début de reprise de la productivité du secteur. D'après les dernières actualisations de l'Office national des pêches, le volume global des débarquements de la pêche côtière et artisanale sur les quatre premiers mois de 2012, ont progressé de près de 22%, en comparaison à la même période de 2011. Prise par espèces, cette progression n'est toutefois pas homogène. Elle ne concerne que les pélagiques, pour un total de 233.344 tonnes, soit une variation de 32%, là où toutes les autres espèces de poissons sont en régression de productivité. Le volume des prises de poissons pélagiques devrait d'ailleurs continuer à progresser dans les prochains mois, puisque dans le cadre de la mise en place des plans d'aménagement des pêcheries, l'autorisation a été accordée par la tutelle, le 24 mars dernier à 74 sardiniers côtiers, pour accéder à la pêcherie des petits pélagiques en Atlantique Sud. Cette décision a été prise après que l'Institut national de recherche halieutique (INRH) ait rassuré sur sa faisabilité et sur l'état des stocks. Au-delà de l'aspect organisationnel, les professionnels de la pêche côtière pensent également jouer un rôle actif dans, «les prises de décisions concernant l'avenir du secteur à l'échelle nationale, tout en prenant en considération les spécificités de chaque région», selon Youssef Benjelloun, le président d'honneur de la CMPC. Du côté du département de la Pêche, les responsables n'avaient pas encore réagi à nos sollicitations, par rapport à ces efforts de structuration du secteur, au moment où nous mettions sous presse.