C'est fait ! Meriem Bensalah Chaqroun est désormais la première femme à prendre la tête du patronat marocain. En effet, l'assemblée élective, qui s'est tenue hier après-midi à Casablanca, n'a pas dérogé au scénario attendu, et c'est bien le seul binôme en lice, Bensalah-Kadmiri, qui a eu la faveur des suffrages exprimés. Il faut dire que c'était joué d'avance, vu que la candidate n'avait plus de concurrents, après le retrait de tous les autres postulants, y compris le président sortant, Mohamed Horani. Il faut dire aussi que ce dernier a payé, selon certains membres de la fédération patronale, son caractère effacé et surtout sa forte proximité avec le nouvel Exécutif. Son retard dans la réaction au projet de loi de finances, déposé par le gouvernement, a été perçu par beaucoup comme un indice de la capitulation de l'entité patronale face au pouvoir exécutif. Aussi, l'hypothèse de voir Meriem Bensalah, réputée être «femme à poigne», devenir un interlocuteur plus ferme vis à vis de Benkirane, a beaucoup servi sa candidature. En effet, les patrons voyaient clairement en elle la femme de la situation, spéculant sur sa capacité à tenir tête à un Exécutif, dont on percevait de plus en plus de signaux négatifs par rapport à leurs intérêts. C'est désormais chose faite, mais, au-delà des relations avec le gouvernement, la nouvelle présidente a une foule de chantiers urgents à lancer. Citons à titre non exhaustif ceux du rayonnement à l'international, la réforme interne de la CGEM, la PME ou encore, celui de la régionalisation. Pour ce faire, Meriem Bensalah devra se constituer une garde rapprochée. Trois cercles, une équipe En effet, si la nouvelle patronne des patrons est réputée travailleuse, il ne faut pas oublier qu'elle devra continuer de mener ses propres affaires. De toute façon, le travail à abattre est d'une telle ampleur que cette garde ne sera pas de trop. En outre, et en attendant que Meriem Bensalah désigne officiellement son équipe, les indiscrétions des proches peuvent nous aider à esquisser les contours du nouveau cru de la CGEM. «Celui-ci est constitué de trois cercles», confie un membre de la Confédération. Le premier d'entre eux est, pour ainsi dire, institué de fait et est constitué des présidents de fédérations affiliées, ainsi que par les présidents des unions régionales. Pour ce premier cercle, rien de nouveau sous le soleil, si l'on excepte le fait que quelques-unes de ces fédérations doivent renouveler leurs instances. À titre d'exemple, la Fédération de l'industrie minérale (FDIM) a fixé la date de dépôt des candidatures pour un nouveau mandat de présidence, au 21 mai. Plus généralement, si la nouvelle présidente de la CGEM applique strictement les statuts de la Confédération, un vent de renouvellement devrait souffler à la tête de bon nombre de fédérations, dont les présidents enchaînent les mandats. Le deuxième cercle qui accompagnera Meriem Bensalah dépendra, cette fois, clairement, d'elle-même. En effet, ceux que l'on appelle les «cooptés» seront désignés par la présidente, pour siéger au conseil d'administration. Elle a d'ailleurs le droit de désigner jusqu'au tiers du CA. Généralement, ces cooptés émanent des «gros cotisants» de la Confédération ou des grands patrons, qui peuvent s'affirmer comme bailleurs de fonds ou promoteurs de l'image de la CGEM, à travers leurs réseaux ou encore des compétences qui pourront suivre les différents chantiers. En tout cas, une fois constitué, le CA devra élire entre 10 à 15 présidents et vice-présidents de commissions, qui formeront donc le troisième cercle. Les choses sont donc plus ou moins claires concernant la méthodologie de constitution de l'équipe qui entourera la nouvelle présidente. Il reste à savoir quelles sont les personnes qui rempliront ces intitulés. Les noms qui circulent Rien d'officiel encore, mais de nombreux noms circulent déjà. Il convient d'abord de chercher du côté de ceux qui ont accompagné Meriem Bensaleh lors de sa campagne. C'est ainsi que Neïla Tazi, qui s'est chargée des RP et de la communication, devrait naturellement s'imposer dans la nouvelle équipe. D'ailleurs, il ne serait pas insensé que la nouvelle présidente fasse la part belle aux femmes dans son équipe. C'est pourquoi des noms comme Saïda Lamrani, Ghalia Sebti ou encore Khalida Azbane sont souvent cités, au même titre que Soumaya Badraoui, l'actuelle présidente de l'AFEM. Dans un autre registre, la question se pose également pour Mohamed Hassan Bensalah. Si le frère de la nouvelle présidente est pour l'instant resté très discret, son apport comme potentiel bailleur de fonds pourrait lui réserver une place de choix dans la nouvelle équipe de la CGEM, nonobstant les relations familiales. La logique voudrait aussi que ceux, qui se sont retirés au profit de Meriem Bensalah dans la course à la présidence, puissent être approchés. Et si cela paraît difficile pour le président sortant, la chose paraît plausible pour Abdelilah Hifdi, ou encore Hakim Marrakchi, qui pourrait faire partie des cooptés. Il y a aussi les proches du vice-président Kadmiri, qui peuvent rejoindre l'équipe. C'est notamment le cas de Saâd Hammouni. Aussi les différents chantiers cités plus haut auront-ils besoin de compétences, au fait des tenants et des aboutissants des dossiers, pour les suivre de près. C'est ainsi que Jamal Belahrach est pressenti pour se maintenir sur le dossier de l'emploi, pour lequel il a pu beaucoup avancer sur la méthodologie des rounds sociaux avec les syndicats. Hamad Kessal serait aussi dans le coup, du fait de sa proximité avec le monde de la PME, tout comme Mohamed Talal, avec le secteur de la logistique. Pour ce qui est de la régionalisation, il va de soi que le candidat potentiel ne peut venir que des unions régionales et que la nouvelle présidente a dû surement se faire une idée lors de sa tournée dans les régions pendant la campagne. Pour l'instant, c'est le nom de Khaïreddine Soussi qui ressort, au vu du travail qu'il a accompli du côté d'Agadir. Un autre nom qui revient avec insistance est celui d'Aziz Kadiri. Ce dernier était en charge de la trésorerie dans l'équipe sortante et ses compétences de recouvreur seront de ce fait très utiles à la nouvelle équipe. Enfin, l'ancien directeur délégué de la CGEM, Mehdi El Idrissi, serait approché pour reprendre son ancien poste, en lieu et place de Mounir Ferram. En tout cas, nul doute que Meriem Bensalah mesure l'importance de l'équipe qui l'entourera pendant son mandat. Cette importance prend encore plus d'ampleur, en raison de l'urgence des chantiers et de la sensibilité du timing dans lequel ils seront menés. La nouvelle présidente est désormais en poste et doit décliner aussi bien ses objectifs pour les trois ans à venir, que l'équipe qui l'aidera à les atteindre.