La BCP n'allait pas laisser plus de temps pour saisir l'opportunité de se développer à l'étranger. Pressée par la concurrence, et une fois son maillage territorial consolidé, le groupe était à l'affût de nouveaux partenaires «européens», afin de profiter de l'expertise de métier et des capacités d'innovation. Pari réussi pour la BCP qui trouve ainsi dans la BPCE un partenaire en phase avec ses perspectives de développement, notamment en Afrique. L'opération portera donc sur l'émission d'un peu plus de 8,2 millions de titres nouveaux, au prix unitaire de 201 DH, soit au total 1,65 MMDH. Une opération visée hier par le gendarme de la Bourse, en attendant le protocole d'accord avec le groupe BPCE. Un partenariat foncièrement industriel... L'équation aurait pu être autre. Une des banques du Moyen-Orient, pour leur manne financière considérable, et l'Afrique, nouveau terreau de relance de la croissance mondiale, avec l'Asie, bien entendu. La BCP voyait les choses d'un autre œil. «Pour notre développement, nous avons besoin d'institutionnels étrangers qui nous procurent de la valeur ajoutée, ainsi qu'un savoir-faire bancaire et financier nouveau», expliquait dernièrement Mohamed Benchaâboun, à la présentation des résultats de son groupe pour le compte de l'exercice 2011. Du souhait à la concrétisation, convergence d'intérêt communs au passage, les négociations entre la BCP et le groupe français BPCE ont finalement donné lieu à une augmentation de capital de 5% en faveur de la BPCE Maroc, agrémentée d'un «partenariat industriel, commercial et capitalistique». Ce sont bel et bien les deux premiers volets qui occuperont l'essentiel du «partenariat privilégié» qui est en train de se tisser entre les deux groupes. D'un point de vue exclusivement industriel, l'apport attendu de la part de la BPCE réside dans son savoir-faire technique, qui permettra ainsi de mettre en place de nouveaux produits et services bancaires à l'adresse des résidents étrangers en France, mais aussi de réaliser des économies d'échelle en procédant à «une mutualisation des plateformes techniques». Au niveau commercial, il est question, selon le management de la BCP, de coopérer dans les domaines de la «banque privée» et de la «gestion de patrimoine», et d'établir des «relations d'affaires entre Natixis et le réseau BCP». ... pour des ambitions à l'international Si sur ces volets, la collaboration entre les deux groupes va de soi, c'est bien dans la perspective de renforcer leur politique mutuelle d'internationalisation sur le continent africain que ce partenariat renforcé prend tout son sens. La BCP accusant en effet quelque retard sur ses concurrentes directes (présente seulement en Guinée, en République centrafricaine et en Mauritanie), la BMCE et Attijariwafa bank, dans la région. La BPCE, pour sa part, tente de chercher de nouvelles niches de développement à l'international, ce qui est synonyme d'Afrique aujourd'hui. Après sa sortie du tour de table du CIH, un groupe comme la BCP semble en effet être le partenaire idéal pour la BPCE, pour réussir sa nouvelle stratégie d'internationalisation. Pour cette dernière, et malgré la baisse de son bénéfice net, la fragilité de ses fonds propres, du fait de la crise de la dette européenne, elle a choisi une stratégie offensive pour laquelle elle a alloué, tout dernièrement, pas moins d'un milliard d'euros.